En prélude aux élections fédérales de la FHVB qui doivent se tenir le samedi 28 octobre 2023, Le National a rencontré un certain nombre d’acteurs de cette discipline dont Pedro Cédemé, joueur et entraîneur de volleyball ayant récemment guidé la sélection haïtienne de Beach Volley lors de compétitions caribéennes en 2022-2023. Il est également Président de l’Ami-Kal Group/Trezò Lokal qui s’investit corps et âme dans la promotion du volley-ball en Haïti.
Le NATIONAL : En tant que volleyeur et organisateur, quels sont les plus grands défis auxquels vous êtes confrontés pour promouvoir le volleyball dans la région de Petit-Goâve et plus largement dans le Sud ?
Pedro CEDEME : Mon équipe et moi avons choisi d'organiser des championnats pour aider la région qui nous a vu grandir suite au constat d'une négligence délibérée par les acteurs concernés. Le plus grand défi c'est les moyens financiers pour réaliser les projets qui nous tiennent à cœur. Par ailleurs, nous remarquons un manque d'intérêt total de la part des dirigeants avec lesquels nous avons essayé de travailler, mais cela ne fonctionne pas toujours. Le troisième plus grand défi c'est le manque de bras formés au niveau du coaching et de l'arbitrage pour nous aider à étendre nos activités dans plus de zones de la région Sud.
Le NATIONAL : Comment évaluez-vous la situation actuelle de la pratique du volleyball dans le Sud par rapport à d'autres régions du pays, le Nord par exemple ? Pourquoi autant de dissymétrie ?
Pedro CEDEME : Vu que le développement du Volleyball est depuis plusieurs années négligé dans le Sud, les athlètes, les équipes et les responsables sont voués à eux-mêmes. Les coachs et les arbitres ne reçoivent aucune formation continue pour renforcer leur savoir et leurs capacités. Les équipes n'ont pas de matériels. Aucun championnat officiel, que ce soit au niveau scolaire, que ce soit au niveau des clubs n'est organisé. Il est vrai que la situation sociopolitique a joué un rôle dans l'arrêt de certaines activités depuis 2020. Cependant, bien avant, l'attention avait été portée vers le Nord, laissant la région sud dans l'incertitude, bien que la majorité des joueurs appelés en sélection nationale sénior viennent de la région sud, notamment de Petit-Goâve. Donc, si les efforts sont concentrés au Nord et que dans le Sud, les besoins criants ne sont pas adressés, il est clair que la dissymétrie se formalisera de par elle-même.
Le NATIONAL : Le volleyball bouge pourtant dans le Sud. Pouvez-vous nous éclairer sur les activités de volleyball du Sud ?
Pedro CEDEME : Oui, c'est vrai! Et ces activités sont orchestrées par d'anciens joueurs, Club ou Ligue. Au niveau des Cayes, plus précisément à Simon, il y a Riderson Brown qui est le président du club BTH qui organise très souvent des activités de volleyball avec les équipes de la zone ou avec des équipes de Petit-Goâve.
Il y a la ligue de Petit-Goâve qui depuis quelques années organise des activités avec des jeunes de 8 à 17 ans.
La ligue a un projet qui compte environ 150 à 200 enfants et adolescents. Le plus souvent la ligue s'associe avec AMI-KAL GROUP/TREZÒ LOKAL pour réaliser les projets les plus ambitieux.
Il faut dire que ces initiatives ont vu le jour justement parce que les activités officielles ont été stoppées et que nous refusons de laisser mourir le Volleyball dans le Sud. Il y en a peut-être d'autres, mais je cite ceux-là.
Le NATIONAL : Quelles initiatives votre structure a-t-elle mises en place avec votre groupe pour encourager la participation des jeunes et de la communauté régionale?
Pedro CEDEME : Ami-Kal Group a commencé ses activités avec le Championnat Trezò Lokal, de format traditionnel 6x6. Il a été lancé à Petit-Goâve pour la fête patronale et depuis, a été reproduit dans la ville des Cayes et à Port-au-Prince. Un championnat 3x3 a suivi, puis, le championnat Jenerasyon pa m, visant les catégories plus jeunes, U15 et U17. Nous avons également organisé un championnat 4x4, mais à Port-au-Prince. Honnêtement, jusqu'ici nous n'avons pas eu à supplier les équipes pour les inscriptions.
Au contraire, nous avons été contactés à plusieurs reprises par des joueurs ou des responsables d'équipe nous demandant d'envisager et de planifier un autre événement! Nous sommes toujours agréablement surpris par cela, car nous n'avons pas le support nécessaire pour la réalisation de ces activités. Nos projets sont à moyens et à long terme, ils font partie de nos plans de développement pour la région SUD.
Le NATIONAL : Comment la fédération de volleyball soutient-elle concrètement le développement et la promotion du volleyball dans le Sud, et quels sont les défis spécifiques qu'elle aide à surmonter ?
Pedro CEDEME : Officiellement, il n'y a pas de soutien concret pour le développement du Volleyball dans le Sud. Il y a toujours eu des conversations avec la Présidente exprimant souvent sa volonté de réveiller la zone sud, mais malheureusement il n'y a eu aucun plan d'action à moyen ou à long terme durant toutes les années passées. En ce qui concerne Ami-Kal Group/Trezò Lokal, bien que la collaboration avec la FHVB ne soit pas constante et stable, dire que nous n'avons jamais été supportés ou aidés, d'une certaine manière, serait faux. La FHVB a contribué à la réalisation de quelques activités, notamment le tournoi 3×3 et le lancement du projet "JENERASYON PA'M 2021".
Le NATIONAL : Pourquoi Petit-Goâve, bastion du volleyball à la fin des années 90 jusqu’à 2010, et pourvoyeuse de joueurs en sélection nationale ne participe-t-elle pas aux championnats de la LVBRO où elle brillait ?
Pedro CEDEME : Selon ce que j'ai constaté, les dirigeants de la ligue et ceux de la FHVB ne s'entendent pas sur plusieurs points. Il y a eu plusieurs réunions, mais aucun résultat positif n' en est sorti en faveur de Petit-Goâve. Le conflit a commencé parce que les dirigeants de la ligue souhaitaient de la Fédération le respect de leur administration pour la coordination et la planification des activités. Mais depuis quelque temps, les deux parties ont repris contact, ce qui est une bonne nouvelle. Cependant, les activités tardent, et la ligue de Petit-Goâve s'organise encore toute seule. Le sud est seul
Le NATIONAL : Vous avez récemment accompagné des sélections de Beach volley, comme entraîneur, à des tournois internationaux ou Haïti n’a pas particulièrement brillé. Quelles en sont les causes ?
Pedro CEDEME : Selon ce que j'ai constaté, les dirigeants de la ligue et ceux de la FHVB ne s'entendent pas sur plusieurs points. Il y a eu plusieurs réunions, mais aucun résultat positif n' en est sorti en faveur de Petit-Goâve. Le conflit a commencé parce que les dirigeants de la ligue souhaitaient de la Fédération le respect de leur administration pour la coordination et la planification des activités. Mais depuis quelque temps, les deux parties ont repris contact, ce qui est une bonne nouvelle. Cependant, les activités tardent, et la ligue de Petit-Goâve s'organise encore toute seule. Le sud est seul
Le NATIONAL : Face à la montée en popularité du beach-volley, pensez-vous que la FHVB puisse mener de front les efforts de développement à la fois pour le volleyball et le beach-volley, tout en assurant une croissance et un soutien équitable pour les deux disciplines ?
Pedro CEDEME : Oui, c'est possible, si la FHVB accepte de travailler avec des personnes compétentes et avisées, non pas de simples exécutants. Le projet Beach-volley est de nos jours une activité très rentable, Haïti est mieux placée dans la Caraïbe pour
investir dans cette forme de jeu très attractive. Pour le Volley-ball traditionnel aussi, c'est de même. Si la FHVB continue sur cette voie en travaillant sans planification, sans projection sur le long terme, ce sera toujours difficile de parler de développement ou de croissance. Nous n'avons plus le volley-ball scolaire, plus de volley-ball de jeunes. Les clubs n'existent pratiquement plus, il est impossible pour eux de produire des joueurs. Quel avenir est envisageable dans 5 ans? Est-ce que les responsables concernés comprennent que la situation est criante et alarmante? Les 4 années qui suivront nous le diront, mais je souhaite vraiment que la FHVB change certaines approches, en priorisant les jeunes et surtout le jeu.
Le NATIONAL : Les élections fédérales se tiennent dimanche. Quel est votre souhait pour la nouvelle équipe fédérale ?
Pedro CEDEME : Mon seul souhait c'est que la nouvelle équipe mette en avant, avec élégance, les intérêts du Volleyball haïtien à travers tout le pays, en évitant le favoritisme et les disputes internes inutiles.
Propos recueillis par Gérald BORDES