Hommage à Jean-Claude Sanon: une voix inoubliable du sport dans la radiodiffusion en Haïti

Un héritage en péril : Le déclin du journalisme sportif de qualité au profit de la simplification vulgaire

N’ayant jamais eu la chance de connaître personnellement Jean-Claude Sanon, en plus de me remémorer les éloges de mon père, admirateur inconditionnel de sa voix, je me suis tourné vers les textes qui ont été écrits sur sa personne après sa mort pour rédiger vainement cet hommage au nom du Journal et de ma personne. 

J’ai également exploré le net et les réseaux sociaux, à défaut d’archives journalistiques, ne trouvant que de rares bribes d’enregistrements de cette voix exceptionnelle, qui, par leur contenu, ont gardé toute leur fraîcheur malgré les années. Ces sources, conjuguées à l’édifiante rectification apportée par l’honorable Sénateur Patrice Dumont à l’éditorial de Marcus Garcia, ont grandement contribué à l’élaboration de cet hommage pour ce confrère que tous ceux qui écrivent et qui parlent du sport gagneraient à s’inspirer.

Jean-Claude Sanon, dont la voix a traversé les générations, est devenu synonyme de passion, d’élégance, mais surtout d’impartialité. Véritable icône de la radiodiffusion sportive, le commentateur captivait les auditeurs avec sa passion, son éloquence et son sens aigu de l’objectivité.

Né à une époque où le sport national avait une place spéciale dans la vie et le cœur des Haïtiens, Jean-Claude Sanon a su canaliser sa passion pour le football et sa profonde connaissance du jeu pour devenir l’un des commentateurs sportifs les plus respectés du pays. Sa voix, élégante et précise, avait le pouvoir de transporter les auditeurs dans les gradins, où ils pouvaient sentir l’effervescence des matches au Parc Leconte ou au stade Sylvio Cator.

En plus de sa voix captivante, Jean-Claude Sanon avait le don de promouvoir non seulement les équipes de Port-au-Prince, mais aussi celles des provinces. Son analyse impartiale et lucide faisait de lui le "record à signaler", et son amour du beau jeu transcendait les clivages régionaux.

Ce grand homme du sport haïtien ne se limitait pas à la radiodiffusion jouant un rôle clé dans la réalisation du premier match de football féminin en Haïti en 1971, un exploit qui n’a pas reçu la reconnaissance qu’il mérite. Relevant d’énormes défis, depuis le recrutement de joueuses jusqu’à la quête de terrains adaptés et de clubs d’entraînement, il a contribué à l’avancement du sport féminin en Haïti.

Cependant, aujourd’hui, nous ne pouvons pas ignorer la triste réalité. Les chroniqueurs sportifs de la trempe de Jean-Claude Sanon sont en voie de disparition. L’avènement d’une nouvelle génération de journalistes non formés, privilégiant parfois un langage trivial et vulgaire à l’objectivité et à l’élégance du discours, menace de faire disparaître l’héritage précieux que des pionniers comme Jean-Claude Sanon ont légué. Il est essentiel de préserver la qualité du journalisme sportif et de reconnaître la valeur de l’éloquence et de l’impartialité dans la radiotélédiffusion sportive.

Aujourd’hui, en rendant hommage à Jean-Claude Sanon, le National rappelle l’importance de préserver l’héritage des grands chroniqueurs sportifs, tout en reconnaissant le besoin de former et d’encourager la nouvelle génération de journalistes à  se former et à embrasser les valeurs qui ont fait de Jean-Claude Sanon une légende. Son souvenir restera à jamais gravé dans l’histoire du sport haïtien, rappelant à tous que la passion et l’intégrité sont les piliers du journalisme sportif de qualité.

Jean-Claude Sanon, que la terre te soit légère, et que ton héritage repose dans le firmament de la radiodiffusion sportive aux côtés d’illustres prédécesseurs comme un phare intemporel illuminant les cœurs des amoureux du sport -roi et de tous les journalistes sportifs. 


Gérald Bordes

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