Melchie Daëlle Dumornay (Corventina) : de Mirebalais au ballon d'or 2024 ?

La réussite individuelle et collective face à cette consécration ultime.

À tout juste 20 ans, Melchie Dumornay, affectueusement surnommée « Corventina », est déjà en train de confirmer les espoirs placés en elle, en tant que future star du football mondial. Déjà élue meilleure jeune joueuse de la CONCACAF 2022 et détentrice du prix « NXGN » de la meilleure jeune joueuse de football au monde du magazine goal.com, elle fait partie, depuis son ascension fulgurante, des joueuses les plus prometteuses du football féminin. Et son récent transfert ultramédiatisé du Football club de Reims à l'Olympique Lyonnais (OL) la place indéniablement dans le cercle restreint des joueuses à suivre de très près pour la saison 2023-2024.

La native de la ville de Mirebalais, avec son talent brut, sa vision du jeu exceptionnelle et sa capacité à trouver le fond des filets, étrenne son 1,60 m sur les pelouses de France et voit sa notoriété largement dépasser les frontières de l’Hexagone. Ses performances hebdomadaires ne passent pas inaperçues, captant l'attention de nos compatriotes et d’observateurs les plus aguerris du football mondial. Aussi, la question suivante brûle-t-elle toutes les lèvres: à l’instar d’un George Weah, CORVENTINA, la sensation haïtienne peut-elle légitimement aspirer au Ballon d'Or féminin 2024 ?

Nous mentionnons WEAH car sa réussite, dans les années 90, est emblématique. Malgré ses origines libériennes, pays non dominant en football, il a remporté le Ballon d'Or en 1995, démontrant que le talent, la performance en club et l'influence sur le terrain peuvent surpasser l'importance du pays d'origine pour cette distinction individuelle suprême. Alors que la saison bat son plein et que les dernières lauréates de l’édition 2023 sont connues depuis le 30 octobre dernier, les Haïtiens auront, certainement, les yeux rivés sur les performances de leur Grenadière, qui, si elle parvient à capturer, ne serait-ce, qu'une fraction de la magie du natif de Monrovia n’aura que le ciel comme véritable limite.

La sensation haïtienne a tout ce qu'il faut pour prétendre au Ballon d'Or féminin 2024, à condition que sa trajectoire ascendante ne soit entravée par des blessures, des méformes prolongées ou des événements imprévus, que, bien sûr, nous ne lui souhaitons pas. En examinant l'impact notable de Melchie à ses débuts à l'OL club distingué pour ses exploits tant sur le plan national que sur la prestigieuse scène européenne (meilleure joueuse du trophée des champions remporté par l’OL aux dépens du PSG), il est évident que ses perspectives s'éclairent encore plus. En arborant fièrement ce maillot emblématique, elle se mesure aux meilleures du football mondial.

Cependant, la course pour le Ballon d'Or ne s'annonce pas de tout repos pour la jeune Grenadière. Et pour cause, au sein même de son club, elle se retrouve en compétition avec des talents confirmés tels qu'Eugénie Le Sommer ou encore la solide Wendy Renard, sans oublier une étoile montante comme Kadidiatou Diani. Mais la concurrence ne s'arrête pas là.

À l'échelle mondiale, des joueuses de calibre international sont également en lice pour ce trophée tant convoité. On pense notamment à sa grande rivale de la Concacaf, la buteuse jamaïcaine de Manchester City, Khadija Shaw, à la probable successeure de l’exceptionnelle Marta, la jeune brésilienne, Aline Gomes du club local Ferroviaria, à la séduisante Linda Caicedo, la pépite colombienne du Real Madrid, aux Espagnoles d'exception,  les deux dernières lauréates du ballon d’or, Aitana Bonmati (2022-2023) et Alexia Putellas (2021-2022) du FC Barcelone, à l’Anglaise, Beth Mead, à la prodige nigériane du FC Barcelone surnommée la « Seedorf » du foot féminin africain, Asisat Oshoala, ou encore à l'incontournable gardienne des Pays-Bas, Daphne Van Domselaar, qui a rejoint les cages d'Aston Villa cet été ; pour ne citer que celles-là.

Néanmoins, Corventina possède une combinaison redoutable : un talent naturel, des qualités athlétiques hors du commun, et le soutien d'un club de renommée mondiale comme l'OL. Autant que faire se peut, avec les atouts dont elle dispose, notre Grenadière est une prétendante crédible pour intégrer la liste des nominées capables, pour la saison 2023-2024, d’être, ne serait-ce, sur le podium ; sinon de décrocher cette illustre distinction et marquer de son empreinte l'histoire du football féminin.

Dommage que les exploits remarquables de Corventina, aussi brillants soient-ils, ne reflètent pas nécessairement l'état global du football national. En effet, malgré des talents individuels, la réussite de nos sélections nationales séniores sur la scène internationale dépend de facteurs tels qu'un environnement sécuritaire propice à une pratique sportive continue, d'une structure fédérale et de clubs conscients des enjeux liés au développement du football moderne, de partenariats viables et pérennes avec l'État et le secteur privé, des infrastructures de qualité, et d’une vision à long terme ; ceux-ci faisant cruellement défaut au pays depuis des décennies.

Aussi, comment faire pour que le succès d'une pépite comme Corventina agisse comme catalyseur pour le football haïtien, inspirer la future génération d’athlètes, et encourager une structuration plus rationnelle du sport dans le pays ? La simple addition de talents individuels peut-elle guider nos équipes nationales vers une réussite collective dans les grandes compétitions internationales ?

Chers passionnés du sport, décideurs publics, privés et acteurs du mouvement sportif, réfléchissons et débattons de ces deux (2) questions. Du choc de nos idées jailliront, peut-être, les éclairages qui illumineront la voie, permettant à Corventina de briller de mille feux sur tous les terrains où elle évolue, en vue de sa présence à la prestigieuse cérémonie du Ballon d'Or 2024.

 

Mickelson THOMAS

Amant du Sport

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