Les idées cachées de la délinquance

Depuis l’assassinat de Willems Édouard en pleine rue de Pétion-Ville, la Police nationale a déployé partout ses effectifs à Port-au-Prince et le contrôle sur les motocyclistes a été renforcé. La présence policière a toujours eu un effet dissuasif, c’est vrai. Mais on sait que  le quadrillage de la zone métropolitaine surtout avec cet urbanisme sauvage que nous connaissons est chose malaisée. Et puis les malfrats ne vont certainement pas ainsi se livrer en se présentant à un contrôle qu’ils ont tout le loisir d’éviter.

Depuis l’assassinat de Willems Édouard en pleine rue de Pétion-Ville, la Police nationale a déployé partout ses effectifs à Port-au-Prince et le contrôle sur les motocyclistes a été renforcé. La présence policière a toujours eu un effet dissuasif, c’est vrai. Mais on sait que  le quadrillage de la zone métropolitaine surtout avec cet urbanisme sauvage que nous connaissons est chose malaisée. Et puis les malfrats ne vont certainement pas ainsi se livrer en se présentant à un contrôle qu’ils ont tout le loisir d’éviter.

Un vieux dicton bien de chez nous dit que ce n’est pas quand la chèvre est sortie qu’il faut penser à fermer la barrière.  Tous les spécialistes en question de sécurité vous diront que la prévention est le plus sûr moyen de contrer des mauvaises actions qui, si elles sont commises, font des dégâts que certainement la punition des criminels ne pourra réparer. D’où la nécessité pour un État, pour une communauté de se doter de services de renseignements efficients capables de recueillir des informations permettant de prévenir crimes, attentat et toute autre action attentatoire à la sécurité privée et publique.

Nous entendons déjà les hurlements de certains directeurs d’opinion qui dès qu’on parle de constituer de vrais services de renseignements, sèvis siveye rapòte, crient à la  tentative de retourner à la dictature. La triste période de la dictature duvaliériste a causé des torts immenses à notre pays et aujourd’hui encore nous en payons le prix. Mais cela ne doit pas laisser en nous des séquelles dans le mental qui nous portent à détruire tout ce qui peut permettre à un État de fonctionner et de se protéger. Si la dictature s’est servie du renseignement pour ses sombres desseins, toute démocratie pour se protéger se doit aussi d’avoir à sa disposition des services devant la protéger contre ceux qui veulent la déstabiliser afin d’immobiliser la société dans ce carrefour où nous sommes actuellement.

Les délinquants politiques et aussi économiques,  légions sous nos cieux, ont bien vite saisi tous les avantages qu’ils auraient à tirer de ces idées pseudo-gauchistes visant à dépouiller l’État de tous les éléments nécessaires à son fonctionnement pour le bien de la communauté. La question n’est pas de savoir si des services de renseignements ne seront pas aux mains de groupes douteux dont le seul objectif est le pouvoir pour la jouissance des privilèges. La plupart de nos institutions sont gangrenées par une conception obsolète, tribale, moyenâgeuse du pouvoir et cette mentalité traverse tout le corps social et mine même le fonctionnement des familles. Il faut travailler à  déployer et à imposer une nouvelle idée de l’exercice du pouvoir chez nous qui fait du bien public, de la sécurité privée et publique, du bien-être économique de la nation, l’objectif unique de la gouvernance. Il faudra que la société comprenne alors qu’il est dans son intérêt que la compétence soit valorisée et qu’elle interdise à la médiocrité de siéger dans des lieux où elle n’a rien à y faire et d’aller gueuler sur des ondes de médias trop laxistes.  C’est seulement à ce moment que nos institutions et donc de vrais services de renseignements pourront fonctionner efficacement et faire obstacle aux menées des délinquants.

Nous payons les conséquences d’un ensemble de pensées perverses souvent nées d’un traumatisme persistant  causé par la période dictatoriale. Notre Constitution est boiteuse à cause de cela. Il faut que nous tirions les leçons de toutes ces erreurs si nous voulons reprendre la route. Sinon nous nous  embourberons davantage à la grande satisfaction des pécheurs en eaux troubles.

Alors que nous finissions cet éditorial nous avons appris avec consternation le terrible attentat commis à Nice pour ce 14 juillet fête nationale de la République française, le jour de la prise de la forteresse de la Bastille date si importante qui a donné à l’histoire du monde un autre cours. Le monde est menacé partout par l’ignorance et les obscurantismes. Le National présente sa sympathie à la République française et aux proches de toutes les victimes de cet odieux attentat.

Gary VICTOR

 

 

 

Le ministre de la Justice et de la Sécurité publique n’a pas tardé à réagir. Pas moins de deux notes ont été publiées. L’une exprimant l’indignation du ministre et informant comme d’habitude, que cet acte ne restera pas impuni. L’autre avisant que « des instructions formelles ont été passées aux forces de l’ordre, en vue d’un contrôle plus strict de la circulation des motos » et au final une réunion du Conseil supérieur de la police nationale (CSPN) sur le problème.  Comme si le ministre, en poste depuis plusieurs mois, venait à peine de s’informer sur les crimes commis par des hommes circulant à moto. Comme si aussi la question de l’insécurité concernait uniquement la circulation des hommes à moto. 

 

L’expression « Ces actes crapuleux ne resteront pas impunis » le pays est habitué avec. Ce sont des actes et des décisions fermes qu’il attend. Pas des cris d’indignation et des annonces. 

 

Entre temps, au niveau du Sénat, le dossier de la nomination et l’installation du directeur ad intérim de la Police nationale d’Haïti sommeille devant la Commission justice et sécurité. Les sénateurs, qui siègent en permanence, sont trop occupés à une affaire d’Assemblée nationale devant statuer sur l’avenir de Jocelerme Privert. Une situation dans laquelle seuls les parlementaires sont confortables. Les pères conscrits sont trop occupés dans leurs exigences de séparation du gâteau gouvernemental. Trop occupés dans des soubresauts pour protéger leurs arrières et alliés dénoncés dans la dilapidation des fonds publics. 

Au pays de Jean Jacques Dessalines, la politique occulte tout.  Des hôpitaux publics dysfonctionnels depuis environ trois mois  à cause d'une grève des médecins résidents. Le nom d’un sénateur de la République aurait été cité dans ce mouvement. La gourde poursuit lentement, mais surement sa dévaluation. L’Université d’État d’Haïti, en crise depuis plusieurs mois, est incapable de bien planifier les concours d’admission. Des parents sont scandalisés devant la forte augmentation des frais scolaires. Autant de questions qui attendent une réponse et que la politique, comme elle se pratique ici à notre détriment, oublie.

 

Jacques Desrosiers

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