En marge du 18 novembre

Créer la vie...

En général en Haïti, les gens ne vivent pas, ils survivent. Vivre suppose qu’on a pu se libérer des manques et contraintes  des besoins primaires pour se réaliser et  aider les autres à en faire autant ou à aider à mettre en place les semences devant germer pour l’éclosion de la vie…

Les conditions objectives pour que les semences fertilisent n’existant pas, il faut donc travailler à leur mise en place de manière pragmatique et cohérente pour que l’individu arrive à s’émanciper, s’épanouir et se libérer pour grandir et devenir un générateur d’idées, créateur de richesses à partager  et un entrepreneur. Toute politique qui ne viserait pas l’émancipation, l’accès à la citoyenneté de l’homme Haïtien pour définir son identité et l’aider à prendre en compte ses potentialités et ses rêves tant du point de vue spirituel que matériel ne fera que perpétuer ce cycle infernal de la survie porteur de divisions et de haine.

Le combat pour la liberté, l’émancipation et la dignité ne datent pas d’aujourd’hui. Ceux qui se sont battus et ont payé le prix du sang pour nous libérer de l’esclavage en savent long! Ils ont été les premiers militants des droits humains à travers l’Amérique. De ce fait, ils ont apporté au monde la lumière! À travers un mécanisme subtil d’assimilation et de révision historique, nous avons oublié notre histoire,  nos origines, et au lieu de poursuivre et de maintenir la flamme de l’émancipation et de la dignité allumée comme flambeau à laisser aux générations futures nous nous sommes battus et continuons à nous battre contre nous-mêmes,  dans des querelles internes aussi improductives que destructrices de notre identité et de notre patrie comme si l’adversaire n’était que  le frère ou le voisin.

Il importe donc à ceux qui sont porteurs de lumière de se mettre ensemble pour proposer autre chose, pour créer la vie pour tous et former ce faisceau qui nous permettra d’éclairer le chemin qui nous sortira des ténèbres dans lesquelles on semble vouloir nous maintenir à tout prix avec la complicité çà et là de certains de nos frères et sœurs  qui se sont laissés séduire par le chant des sirènes.

Le constat actuel est alarmant et décevant! Les pères fondateurs doivent se retourner dans leur tombe en voyant l’état de pauvreté physique, matérielle et mentale dans laquelle nous nous sommes enfermés et nous nous maintenons. Très peu de progrès substantiels ont été réalisés depuis la grande épopée de 1803 qui a conduit au 1er janvier 1804! À la veille de la célébration de la bataille de Vertières du 1803, les soldats d’aujourd’hui  ont faim, soif et ont peur. Ils sont à la recherche d’un François Capois pour les mener à la victoire, pour leur donner  l’exemple d’intégrité, de courage pour puiser dans son action  la force et la détermination  de se battre et de croire en un futur plus serein et plus digne pour eux et pour leurs progénitures!

Ils ont besoin d’avoir la foi!

La Foi  dans une Haïti qui ne soit pas une répétition des erreurs passées!

La Foi dans une Haïti qui doit s’édifier et se construire sur la vérité, l’entraide, la justice, le partage, la solidarité, l’inclusion de tous ses fils vivant ici ou ailleurs!

La Foi dans notre capacité à nous réconcilier avec nous-mêmes  pour créer une société tolérante, ouverte sur elle-même dans laquelle le voisin redeviendra  un membre de la grande famille élargie

La Foi dans notre capacité à créer cette société qui finalement comblera ce grand  déficit de citoyenneté et de sentiment d’appartenance qui nous fait tant défaut

La Foi dans cette Haïti qui établira et définira un standard minimum de bien -être et de qualité de vie pour tous ses enfants!

La foi que nous pouvons comme société offrir bien mieux et beaucoup plus à notre jeunesse que l’illusion du bonheur à travers la débauche et  la prostitution!

La foi  que la méfiance qui nous empêche de nous parler et nous empêche de progresser ensemble en favorisant notre suicide collectif disparaitra enfin pour que la confiance revienne pour nous consacrer à l’essentiel qui  consiste à:

Donner à manger et à boire à nos enfants;

Créer les conditions pour que nous vivions tous dans des logements décents

Préserver  l’espace qui nous abrite, notre environnement, l’entretenir et le fortifier

Identifier nos forces pour les potentialiser et nos faiblesses pour les  maitriser

Créer les conditions pour le partage et la multiplication de la richesse

En un mot définir ou redéfinir l’identité haïtienne  à travers un système qui produirait des citoyens libres et libérés, fiers et dignes d’être des  Haïtiens capables de créer  ensemble et dans la paix retrouvée cette société en devenir pour  construire, pour  créer la vie et briser le cycle infernal de la perpétuation de la survie comme  seul modèle à offrir aux générations montantes.

 

9 Novembre 2015!

Samuel E. Prophète

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