Quel vœu pour Haïti en 2024: que le pays soit enfin dirigé par les gouvernants qu’il mérite

Haïti vient de traverser encore une fois un énième annus horribilis, sur fond crise  de gouvernance  chaotique, d’absence systématique de l’État et d’agitations politiques stériles au niveau des classes politiques anachroniques, qu’on qualifie à tort de dialogue politique, entrecoupées d’accords byzantins sans réelle substance pour sortir Haïti de la caverne infernale où elle se trouve enchaînée, martyrisée, sacrifiée. Contrôlant plus de 60% de la capitale, les gangs continuent, sous le regard passif, somnambulique  de l’État, d’étendre leur empire de la violence illégitime en acquérant à volonté des territoires perdus vite transformés en vallées de l’ombre de la mort.

 

De Savien à Croix-des-Bouquets. De Martissant à Mariani. Au-delà de ces références de l’emprise mortifère des gangs et quelques bastions de résistance notamment dans le Grand Sud sous la férule intrépide du commissaire Muscadin , leur menace plane sur tout le territoire national.

 

Dans ce climat d’ingouvernabilité généralisée, la paupérisation économique ne cesse de multiplier ses effets dévastateurs au cœur des veines ouvertes  d’une population exsangue il y a longtemps déjà. Le PIB, qui était de -1.7% en 2022 a naturellement régressé davantage au cours de l’année fiscale 2022-2023, affichant l’indice rachitique de -1.9%. Les transferts de nos frères et sœurs de la diaspora haïtienne globale ne peuvent et ne doivent supplanter  la revivification de l’économie locale et nationale. Les Haïtiens possèdent toute l’énergie, la volonté, la créativité  pour gagner leur vie dignement et créer de la richesse sur chaque parcelle de nos 27750 km2.

 

D’où viendra le secours d’Haïti? Des groupes d’Haïtiens conscients et mobilisés en Haïti et au sein de nos diasporas pour changer l’ordre des choses puis faire émerger un nouveau leadership collectif  éclairé et moderne afin de reprendre en main la destinée de notre nation. Le Premier ministre Ariel Henry vient d’annoncer les grands chantiers pour l’année 2024, mais la parole politique officielle a perdu le peu de lustre qui lui restait, depuis des lustres. Une parole politique dénuée de sens, de fondement et de légitimité et par conséquent sans effet positif et transformateur sur la gouvernance du pays.

 

Les problèmes de sécurité, de stabilité politique, d’organisations d’élections ne se réaliseront pas soudainement en 2024 à travers l’utilisation d’une baguette magique dont disposeraient le Premier ministre et ses alliés pour rattraper le temps précieux  et maintes opportunités politiques gaspillés en 2023. Dispose-t-il d’un moyen alchimique pour transformer ipso facto le vil plomb de la politics as usual, politique à somme nulle en or, c’est-à-dire la politique basée sur les résultats en sachant se colleter aux grands défis de l’heure? Pour l’instant, rien ne présage d’une telle remontada.

 

Les lueurs d’espoir qui ont marqué la conscience collective  en 2023 proviennent d’initiatives citoyennes, à travers une synergie retrouvée entre les Haïtiens de l’intérieur et de la diaspora, notamment dans le cadre de la construction en cours du canal de Ouanaminthe, un monument à la fois symbolique et pragmatique prouvant en dépit du constat de la mort de l’État, la nation haïtienne est encore fièrement debout. Depuis quelque temps, c’est le geste qui nous rappelle et nous rapproche  le plus de l’esprit de la geste de 1804. En l’an 220 de notre indépendance, la  nation doit puiser dans le creuset de ce modèle d’hommes et de femmes pour reconstruire la nouvelle Haïti.

 

Joseph W. Alliance

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