« La raisonnée ? »

Heureuse année, parfaite santé! C’est ce qu’on se souhaitait tous en Haïti au début de chaque nouvelle année lorsque je grandissais. On se faisait ce souhait à tort et à travers, ne sachant pas que nous souhaitions la santé, voire longue vie, à ceux-là qui, aujourd’hui, réduisent notre existence à un enfer. Nous souhaitions une vie comblée à ces pestes – comme on dit en créole – qui allaient nous empoisonner notre propre santé. Franchement, il aurait été bien mieux que ces gens-là crevassent dans le passage. S’ils n’avaient jamais vu le jour. L’existence de combien millions qui aurait épargné de la misère? Combien de nos frères et sœurs dont la vie est gâchée par l’appétit vorace de ces pauvres d’esprit qui nous auraient donné à nous tous une raison de vivre? La joie de vivre. De vivre libre et sans complexe.

Heureuse année après année, et chaque année à l’année suivante augmente nos cauchemars. Nos pires cauchemars. Nous allons de mal en pis année après année pour en arriver jusqu’à Ariel Henry et ses acolytes. C’est là que nous sommes condamnés. Mais même à eux, certains ont encore aujourd’hui le courage de souhaiter bonne année. Ridicule, hein?

Dans les évangiles, parlant de Jésus, on fait dire à Caïphe, le grand prêtre et chef du Sanhédrin : « mieux vaut qu’un seul homme meure pour tout le peuple ». En Haïti, c’est le peuple qui meurt pour un seul homme. Un seul homme et ses acolytes. Comme on dit, ils se mettent ensemble comme un seul homme pour défendre les intérêts de leurs maîtres. Après que American Airlines aura transporté vers les États-Unis d’Amérique le dernier irréductible, le dernier gardien des âmes de nos ancêtres qui se qualifiera dans le programme communément appelé en Haïti « Programme Biden », il ne restera que les rejetons. Il restera qu’Ariel Henry et ses gangs. Non, pas ses gangs. Les gangs qu’il est censé protéger. Les gangs de ses maîtres. Alors, eux aussi, Ariel Henry et ses complices, passeront.

Après que le dernier policier honnête, le dernier instituteur, le dernier professeur, le dernier juge honnête, le dernier médecin, le dernier avocat, le dernier étudiant, le dernier élève, enfin le dernier vrai citoyen aura quitté Haïti, tout sera consommé, et les puissances esclavagistes ténébreuses auront leur revanche sur nos ancêtres. Ce jour-là, on assistera à ce qu’on pourrait qualifier de parricides, car tous les gangs – ceux à cravates ou à pieds nus – seront balayés par ceux-là mêmes qui les avaient créés. Comme le très fameux proconsul des Nations-Unies, Edmond Mulet, l’avait suggéré, on importera des juges de l’étranger pour distribuer la justice sur la terre de Dessalines. La police sera temporairement remplacée par des hommes venus du Kenya pour donner l’impression au reste du monde qu’on est encore en Haïti. Comme je l’avais suggéré dans mon livre intitulé : « Haïti, caverne de charlatans », seule une révolution, soit mentale ou brutale, pouvait nous épargner de ce scénario. Mais je dois l’admettre que le colon est plus fûté que je pouvais l’imaginer. Il a utilisé les plus violents et les plus compromis d’entre nous pour nous briser l’échine.

Je ne suis ni pharisien, ni Juif, ni chef, ni prophète. Mais si l’on devait sauver le peuple, alors il faudrait que plus qu’un homme meure. C’est vrai qu’ils mourront. Tous, sans exception. Mais d’ici là, le peuple ne sera plus. Et sans peuple, il n’y a pas de pays. Surtout pas d’histoire. C’est surtout ce qu’on veut. Que dans cent ans, leurs arrière-arrière-petits-enfants n’aient pas à gérer cette histoire. L’histoire de la victoire d’une armée d’esclaves nègres alkebulanais sur la plus grande puissance militaire européenne. Ils veulent qu’un jour, dans très peu de temps, qu’on cesse de célébrer le jour de l’indépendance sur la terre dessalinienne. Ils veulent que le 18 mai ne soit plus un jour de fête sur la terre de nos ancêtres. Ils veulent en finir avec le 18 novembre qui rappelle chaque année la capitulation et la déroute l’armée napoléonienne devant la bravoure de François Capois. Tout cela avait commencé avec le dénigrement de Bois-Caïman, par des nègres. Des nègres qui détruisent le passé glorieux de nos aïeux et le présent de nos enfants pour construire le futur des arrière-petits-enfants des esclavagistes. Cela, ils le réalisent avec l’aide de nègres comme Ariel Henry, Michel Martelly, Laurent Lamorthe et Co. Des nègres qui récompensent la liberté acquise au prix du sang de nos ancêtres par le mépris pour la liberté.

Non. Si le sang du sacrifice de nos ancêtres n’a pas pu sauver Ariel Henry et ses acolytes du désir de crever dans l’esclavage, la mort d’un seul homme ne peut pas sauver ce peuple. À son âge, combien en reste-t-il à Ariel Henry pour crever naturellement? Il est pourtant, avec l’aide de puissances esclavagistes, la cause de la mort de millions de rêves, pour ne pas parler de vies. Les atrocités que le colons arrivent à commettre en Haïti, particulièrement sur les femmes et les enfants, avec l’aide d’Ariel Henry et ses associés sont d’une ignominie abjecte. Mais certains Haïtiens passent leur temps à revendiquer la liberté pour tous les autres peuples, plutôt que de dénoncer ces actes affreux commis contre les Haïtiens. Nous sommes tellement épris pour les idées de liberté pour les autres que récemment, en discutant de la démission de Marie-Célie Agnant comme poète au Parlement du Canada, un de mes amis m’a dit qu’il est surpris qu’Ariel Henry et son gouvernement de bandits n’aient pas dépêché un détachement de gangs pour aller se battre du côté de l’Ukraine. Oui. Nous avons horreur des atrocités commises contre les autres. Nous nous révoltons même devant les injustices que subissent les autres. Pourtant, nous ne nous gênons pas d’aider les autres à commettre des atrocités encore pires contre nos propres frères. Nos propres citoyens.

Bientôt Ariel Henry aura trois ans à la tête de cette démocratie implantée par les États-Unis en Haïti. Trois ans depuis qu’il travaille à consolider le pouvoir des gangs qui rançonnent la population et chassent les Haïtiens de leur patrie. De leur terre. Trois ans depuis qu’il bénéficie d’un support médiatique sans faille des puissances esclavagistes qui lui ouvrent des portes, mêmes les plus lointaines dans les pays du golfe arabe, pour lui apprendre comment gérer une monarchie absolue. Trois ans depuis qu’il dirige pour ses maitres sans la moindre provision légale et sans la moindre approbation populaire. Ariel Henry et associés sont des usurpateurs qui causent la mort en commettant leurs forfaits. Les victimes des gangs armés au pays, et d’ailleurs tous les Haïtiens sans distinction, doivent se mettre ensemble pour déposer des plaintes contre lui et ses associés malfaiteurs, tout en se constituant partie civile afin d’obtenir dommages et intérêts. Ce clic de mercenaires apatrides ne peut revendiquer aucune immunité légale pour les actions commises dans l’exercice d’aucune fonction que ce soit, alors qu’ils travaillent pour des criminels internationaux internationalement reconnus contre la nation dessalinienne.

En ce début de cette nouvelle année, je souhaite que tous ceux qui complotent contre Haïti crèvent terriblement.

 

Wilner Predelus, PhD

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