Le 7 février?

Ces dernières semaines, tous les discours, de part et d’autre, font du 7 février leur point focal. C’est une date à charge symbolique, à dimension historique, mystique et spirituelle pour la nation haïtienne.

Écrire Nation haïtienne plutôt que peuple haïtien renvoie naturellement à l’idée d’une conscience d’unité et une volonté de vivre ensemble. Et cette nation a prévalu à au moins deux grands moments historiques: la Déclaration de 1804, le dimanche 1er janvier sur la place d’Armes des Gonaïves et le 7 février 1986 qui estompe toutes les divergences et charrie tout un projet démocratique.

Naturellement, nous nous évitons les détails et les considérations d’ordre philosophique, sémantique et politique, favorisant la volonté commune et les mêmes aspirations.

Alors, le 7 février, dans l’histoire de ce peuple: c’est un nouveau départ. La chute de l’oppression, de la misère. Une nouvelle conquête de liberté. Une deuxième indépendance. Une épuration. Une impulsion démographique. Patriotique. De nouvelles perspectives pour la réalisation de nouveaux projets. La naissance d’une nouvelle vision vers un meilleur avenir.

Il est néanmoins vrai que les années et les désillusions ont, au fur et à mesure, atténué ces vifs sentiments,  ces élans impétueux. Mais il n’en demeure pas moins que la date du 7 février, officiellement et constitutionnellement, à partir de 1987, reste la date de la passation de pouvoir présidentiel en Haïti.

Dans l’histoire très récente du pays, partant de 2020, la date du 7 février est toujours émaillée de crises, de manifestations, de conflits internes, de confusion et d’incertitude quant à l’avenir.

Le même spectre semble planer sur ce 7 février 2024. Les menaces fusent de toutes parts, mais moins crédibles que d’habitude. Parce que ces temps-ci, les fruits ne répondent pas toujours à la promesse des fleurs. Et l’on a l’impression que tout le monde bluffe d’un côté comme de l’autre.

Faut-il alors redouter ce 7 février? Le Premier ministre Ariel Henry, au-delà de ses mensonges, de ses irresponsabilités, de son cynisme, sera-t-il ébranlé? Les bases de son pouvoir vont-elles s’effondrer?

Je souhaite beaucoup. Mais je me contenterais de peu. Pourtant je prédis le vide. Je prédis le rien. Je prédis des feux de paille. Je prédis que la montagne accouchera d’une souris.

Je voudrais cependant me tromper. Je voudrais que toutes ces prédictions soient fausses. Et que l’on aboutisse cette fois, à des résultats. Je crois que nous sommes à la limite de nos peines, de nos malheurs, de nos déboires. Il nous faut un moment d’essoufflement pour éviter l’asphyxie.

 

Ce 7 février, va-t-il nous ouvrir d’autres horizons?

 

Jackson Joseph

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