Haïti: l’emprunt du narratif des autres un choix perfide et destructif

Un narratif est un discours non neutre construit soit sur des constats, soit sur des aprioris ou des choix d’orientation. Le Petit Larousse définit le concept suivant son étymologie latine « narrativus » raconter une histoire, un récit. Donc, il y a une part de subjectivité du narrateur organisant la salaison de sa sauce servie à son propre goût. Tout ceci pour vous mettre en garde contre une propension perverse de l’utilisation des narratifs des autres pour définir le cas haïtien.

Dès l’aube de l’an 2000 on nous a construit un narratif d’insécurité autour du territoire haïtien. Le Président Préval, entre 2006-2008, l’a sapé par son mode zéro tolérance et sa demande de remplacement des régiments armés de l’ONU par des techniciens dotés de matériels d’ingénierie urbaine.

Voilà un brin d’explication de notre arrosage du choléra tout de suite après le tremblement de terre de 2010, une épidémie que nous n’avions jamais connue avant, malgré nos fréquents voyages à travers cette Amérique latine où particulièrement l’épidémie paraissait endémique. Parallèlement, quoique sous le choc du séisme et du choléra nous avons mis à mal leur projet d’essai de vaccin par un refus catégorique qui a agacé le big pharma.

En 2020 avec l’apparition du corona, bingo ! Les commanditaires se frottaient déjà les mains pour nous inoculer en masse tous les essais possibles de vaccins. Une fois de plus nous avons ruiné leur plan en refusant le confinement en organisant nos manifestations contre le gouvernement larbin, les Carnavals et Raras avec zéro mesure de protection. Ce fut le coup de grâce à leur narratif d’insécurité épidémiologique et leur campagne de vaccination à l’échelle internationale.

Mais sans répit on va nous sortir un autre narratif avec nos nains politiques : « _les Haïtiens vont mourir de famine en raison de la fermeture du monde, pas de commerce extérieur pas de transfert d’argent de la diaspora_ ». « Fake news » ! Pourtant, durant cette période jamais l’Haitien moyen n’a été aussi bien nourri. Les mangroves ont recommencé à pousser à la lie de nos littoraux (libérés dans l’intervalle d’huile de moteur de bateaux, de déchets chimiques) les poissons et les flamants roses ont fait le grand retour, les jolies mangues et les fruits divers qui n’étaient plus à la portée des Haïtiens depuis quelques années en raison de leur exploitation à outrance pour le commerce extérieur étaient servis à même nos trottoirs à Port-au-Prince. La volaille recommençait à être à la portée de bon nombre d’entre nous. Donc, les projections de l’OMS et de ses acolytes ont foiré.

Cependant, étant donné que ce fut par les Haïtiens que le système de production esclavagiste fut terrassé et c’est encore par nous au 21e Siècle qu’un autre pan du Capitalisme mondial assis sur le big pharma s’ébranle, alors que dangereusement nous offrons au monde l’efficacité de la pharmacopée haïtienne, nous sommes devenus immédiatement la brebis noire de la Caraïbe à definivement abattre.

Voilà comment nous avons monté en cascade un autre narratif de « gangs ». Mais au fond, dans un premier temps, ce sont des membres d’une milice politique « rose » avec plein pouvoir de garder en laisse les quartiers populeux avec zéro manifestation contre le régime en place, à grand renfort de juteux décaissements publics. Dans un deuxième temps surgit aussi une autre catégorie de milice d’obédience opposition dite populaire avec en backup une frange de la police nationale.

Ce qui va faire grandement l’affaire de l’international avec ses bras agissants , les ONG, pour consolider son narratif d’insécurité alimentaire du « charity’s business » .  Ces ONG vont serrer les vis du verrouillage de Port-au-Prince empêchant la circulation des vivres et denrées produits tout en déversant des « sinistrés » de mauvaise qualité dans des camps de fortune montés de toutes pièces; et ce, en instrumentalisant les membres (déjà en mode autonome) de ces mêmes milices, baptisées « gangs » et communiées « terroristes » par le Pape Trump avec support de ses ouailles hébétées d’une bonne partie de la communauté haïtienne (tout niveau confondu).

Ce nouveau narratif de terroriste multiplie par puissance 100 tout le projet d’effacement de Haïti de la carte mondiale , comme pays libre et indépendant, pour le remplacer par une colonie d’affaires et de business soumise comme le reste des « proxies » de la grande Caraïbe.

En nous ajoutant à la liste des pays terroristes, voyous on prête nos flancs à toute agression. D’ailleurs, on l’a vu déjà avec les Dominicains qui nous font subir des agressions aussi barbares que semblables à celles subies par les Palestiniens, mais totalement invisibles dans la presse internationale, même la nôtre n’en fait pas grand bruit.

Exceptionnellement, la population haïtienne est soumise à une guerre de territoire identifiable et identifiée de par la méthodologie, pourtant on ne lui reconnaît nulle part le droit d’asile, quoique garanti par les chartes internationales.

Force est de constater qu’avec le narratif terroriste ils vont nous priver de banque et craquer notre sécurité financière, rien qu’à interdire les banques intermédiaires de nous représenter, d’ailleurs ils ont fermé peu à peu notre espace aérien international et augmenté l’armement des forces légales et de ceux qualifiés de terroristes. Ils nous concoctent un massacre à la Rwanda.

Sommes-nous conscients que tout est fin prêt ? Regardons le décor chers amis : Pas d’hôpitaux, pas de médicaments fiables sur le marché, pas de laboratoire médical équipé , pas d’école, pas d’Université, pas de prison chacun pour-soi et Dieu pour tous.

Alors, voici les narratifs que je vous invite à changer :

Que les milices changent de camp c’est encore possible d’arrêter les agressions gratuites contre la population.

Que les élites se reprennent et invitent à la construction d’un narratif d’union en lâchant les morceaux et le monopole criminel.

Que les pilleurs de Petro Caribe qui nous ont foutu dans cette pétaudière pour 10 ans afin d’asseoir une impunité sur la base de prescription pénale décennale acceptent de rendre une partie du pactole indûment engrangé moyennant une rédemption sociale et ceci de même pour les indexés de CIRH.

Qu’une vraie société civile s’organise sur la base du bénévolat pour une campagne de retour en classe d’élèves et d’étudiants et de reprise des  affaires par les petites et moyennes entreprises.

 

Acceptons enfin d’œuvrer pour une Haïti où il fait bon vivre.

 

Daniel JEAN

daniel_jean50@yahoo.fr

06/06/2025

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