Préambule
Nous, les ministres et hauts représentants des gouvernements signataires, notamment de l’Allemagne, de l’Arménie, de l’Australie, de la Belgique, du Canada, du Chili, de Chypre, de la Colombie, de l’Espagne, de l’Estonie, de la France, de l’Irlande, de l’Islande, du Kosovo, de la Lettonie, du Libéria, de la Lituanie, du Luxembourg, de la Macédoine du Nord, du Mexique, de la Moldova, de la Norvège, des Pays-Bas, du Portugal, de la République dominicaine, du Royaume-Uni, du Rwanda, de la Slovénie, de la Thaïlande, de l’Ukraine et de l’Uruguay,
engagés à adopter des approches féministes ou transformatrices en matière de genre dans nos politiques étrangères, que ce soit par l’adoption de politiques étrangères féministes ou, dans d’autres cas, par le renforcement de l’égalité des genres et des droits des femmes et des filles,
nous sommes réunis à un moment crucial à l’occasion de la 4e Conférence ministérielle des diplomaties féministes, tenue à Paris, en France, les 22 et 23 octobre 2025, afin de réaffirmer notre engagement durable et d’examiner les progrès réalisés ainsi que les défis persistants pour faire avancer l’égalité des genres et le renforcement du pouvoir des femmes et des filles dans toute leur diversité.
Nous faisons front commun et témoignons de notre solidarité alors que le monde est confronté à un nombre croissant de crises prolongées et multidimensionnelles, et à une époque où le droit international ainsi que les normes convenues en matière de droits de la personne, y compris les droits des femmes et des filles, sont remis en question.
Tout en reconnaissant les acquis durement obtenus au cours des cinquante dernières années, nous exprimons notre vive préoccupation face aux niveaux actuels de violence et de discrimination à l’égard des femmes et des filles dans toute leur diversité, qui persistent sans relâche, aux tentatives continues de remise en cause de leurs droits, ainsi qu’aux effets néfastes persistants de l’inégalité des genres à l’échelle mondiale.
Principes directeurs
Nous réitérons notre adhésion commune à l’état de droit et aux principes démocratiques, à l’universalité des droits de la personne, au respect du droit international et au multilatéralisme, qui sont interdépendants et se renforcent mutuellement. Nous croyons fermement que les approches fondées sur le féminisme créent les conditions propices à des sociétés durables, résilientes, inclusives et pacifiques.
Nous réaffirmons notre soutien indéfectible au Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à l’ensemble des Objectifs de développement durable, qui placent l’égalité des genres et le renforcement du pouvoir de toutes les femmes et filles au cœur de leur vision, notamment à travers l’ODD 5, ainsi qu’à la mise en œuvre du Pacte pour l’avenir et de ses annexes.
Nous soulignons que notre action repose sur notre engagement à respecter, protéger, promouvoir et réaliser les droits de toutes les femmes et filles, conditions essentielles à la réalisation des Objectifs de développement durable et au respect des engagements internationaux, tels que la Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des droits de l’homme, la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) et ses protocoles facultatifs, ainsi que d’autres instruments pertinents visant à concrétiser l’égalité des genres.
Nous maintenons les engagements pris en 1995 lors de l’adoption de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, ainsi que les documents issus des conférences d’examen. Bien que ces engagements pris il y a 30 ans aient permis des avancées considérables, des défis importants subsistent et nous reconnaissons que nous sommes encore loin d’atteindre l’ODD 5 et ses indicateurs, tant au niveau mondial que national, à seulement cinq ans de l’échéance de 2030.
Nous réaffirmons l’engagement pris par 179 pays lors de la Conférence internationale sur la population et le développement en 1994 d’adopter un Programme d’action tourné vers l’avenir, promettant un impact profond sur la vie des femmes et des filles. Au Caire, nous avons établi un consensus mondial sur le lien essentiel entre la population et le développement durable, et reconnu l’importance de prioriser la santé et les droits sexuels et reproductifs, y compris l’autonomie corporelle. Aujourd’hui, cet engagement est plus pertinent que jamais.
Alors que cette année marque le 25e anniversaire de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies et de ses résolutions subséquentes, nous réaffirmons notre engagement à intégrer et à mettre en œuvre le programme Femmes, paix et sécurité dans nos politiques nationales et étrangères. Nous rappelons notre ferme conviction que l’égalité des genres et la participation pleine, égale et significative des femmes dans toute leur diversité à toutes les étapes des processus de paix, de prévention des conflits, de résolution des conflits et de consolidation de la paix sont essentielles au maintien et à la promotion de la paix et de la sécurité internationales. Nous réitérons notre ferme condamnation de toutes les formes de violence fondée sur le genre, y compris la violence sexuelle liée aux conflits, et exhortons tous les États à lutter contre l’impunité des auteurs de ces crimes.
Nous rappelons notre engagement à obtenir des résultats ambitieux en matière d’égalité des genres et de renforcement du pouvoir de toutes les femmes et filles dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), de l’Accord de Paris sur le climat, de la Convention sur la diversité biologique (CDB), de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, et réaffirmons notre soutien aux principes du Pacte pour la prospérité, les personnes et la planète (4P).
Nous saluons et nous appuyons sur les efforts déployés lors des précédentes conférences ministérielles sur les politiques étrangères féministes tenues en Allemagne (2022), aux Pays-Bas (2023) et au Mexique (2024).
Appel à l’action
Dans ce contexte, nous déclarons solennellement, dans un esprit d’amitié et de respect mutuel, notre engagement à travailler ensemble pour :
- Respecter, protéger, promouvoir et réaliser les droits de toutes les femmes et filles, et reconnaître l’universalité, l’indivisibilité et l’interdépendance de ces droits, conformément à la Déclaration universelle des droits de l’homme et aux traités pertinents en matière de droits de la personne. Nous appelons tous les États à respecter leurs obligations internationales à cet égard. Nous continuerons à garantir la jouissance pleine et égale de tous les droits des femmes et des filles dans toute leur diversité et tout au long de leur vie, y compris le droit à l’égalité, à la vie, à la santé, à l’alimentation, à la nutrition, à la vie privée, à l’éducation, à la liberté de conscience, d’opinion et d’expression, ainsi que le droit d’être protégées contre les traitements cruels.
- Combattre la violence fondée sur le genre comme priorité nationale et internationale, en reconnaissant que les femmes et les filles sont confrontées à des formes multiples et croisées de discrimination. Nous soulignons l’urgence d’éliminer toutes les formes de violence et de discrimination fondées sur le genre, y compris la criminalisation ou la punition des femmes et des filles pour des décisions concernant leur propre corps, la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, ainsi que la violence fondée sur le genre facilitée par la technologie, dans un continuum en ligne et hors ligne.
- Mobiliser les hommes et les garçons comme agents de changement et bénéficiaires de l’égalité des genres. À cet égard, nous nous efforcerons de les sensibiliser, de les éduquer, de les encourager et de les soutenir afin qu’ils assument la responsabilité de leurs comportements, y compris en matière de sexualité et de reproduction. Mettre l’accent sur les hommes, les garçons et leurs masculinités respectives est essentiel pour s’attaquer aux causes profondes des rapports et des structures de pouvoir inégalitaires, notamment les inégalités de genre telles que la répartition inéquitable du travail de soins, qui nuit à la jouissance effective des droits des femmes, des adolescentes et des filles.
- Soutenir le rôle essentiel des acteurs de la société civile et des organisations féministes, y compris les défenseurs des droits des femmes, dans la défense, la protection et la promotion des droits de la personne et des libertés fondamentales, et promouvoir un environnement favorable à ces acteurs partout dans le monde. Nous nous opposons fermement aux mesures juridiques et administratives qui réduisent l’espace civique, en particulier pour les organisations de femmes et féministes. Nous reconnaissons le rôle des autorités locales dans le renforcement des actions à l’échelle locale pour lutter contre les disparités entre les genres.
- Défendre le droit des femmes et des filles, dans toute leur diversité, à prendre des décisions éclairées concernant leur vie et leur corps, et renforcer la protection et la promotion de la santé et des droits sexuels et reproductifs, essentiels à la réalisation de l’égalité des genres. Assurer un accès complet et en temps opportun à des services de santé maternelle complets, y compris des services de santé sexuelle et reproductive pour les grossesses et les accouchements, ainsi que des soins liés à l’avortement sécuritaire, et prévenir les grossesses non désirées, notamment chez les adolescentes.
- Reconnaître l’existence de formes diverses de familles, qui doivent être protégées par les États et respectées par les sociétés en tant que levier pour l’égalité des genres. Reconnaître également que tous les enfants, pour le développement complet et harmonieux de leur personnalité, devraient grandir dans un environnement familial empreint de bonheur, d’amour et de compréhension, et que les parents, les personnes ayant la garde légale, les membres de la famille et les autres membres du foyer ont la responsabilité première de l’éducation et du développement de l’enfant.
- Redoubler d’efforts pour garantir la participation égale, pleine, efficace et significative des femmes et des jeunes dans tous les systèmes décisionnels et dans toutes les sphères et à tous les niveaux de la vie publique, économique et politique, notamment par le renforcement des systèmes universels de protection sociale, la mise en œuvre de réformes visant à accorder aux femmes des droits égaux aux ressources économiques, et l’assurance de conditions de travail décentes, d’un salaire égal pour un travail égal et pour un travail de valeur égale. Nous soulignons également la pertinence de la Recommandation générale no 40 du Comité de la CEDEF, notamment en lien avec le programme Femmes, paix et sécurité.
- Concevoir et promouvoir, au sein de nos administrations et pour nos fonctionnaires, une culture féministe qui reconnaît les droits des femmes, des jeunes femmes et des filles dans toute leur diversité et qui est intégrée dans les processus décisionnels et dans la diplomatie. Nous demeurons résolument engagés à renforcer la coordination de nos travaux et de nos positions au sein du système des Nations Unies, des autres forums internationaux pertinents et des initiatives multilatérales, des organisations régionales, ainsi que dans nos relations bilatérales. À l’occasion de cette 4e Conférence ministérielle des diplomaties féministes, nous franchissons une nouvelle étape pour renforcer notre engagement dans les systèmes multilatéraux afin de réaliser nos objectifs en matière d’égalité des genres et de renforcement du pouvoir de toutes les femmes et filles (ODD 5), et de faire respecter ces valeurs universelles, en reconnaissant que nous sommes forts individuellement, mais encore plus forts ensemble.
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