L’Occident face à Poutine

Par son intervention armée en Ukraine à partir du jeudi 24 février dernier, Vladimir Poutine a fourni à l’Occident (les États-Unis et l’Europe) une belle occasion de se liguer contre lui. Cette coalition occidentale inédite contre la Russie n’est pas tant un élan de solidarité en faveur du peuple ou du Gouvernement ukrainien, mais un ultime moyen pour réduire Poutine au silence et mettre fin ou

Par son intervention armée en Ukraine à partir du jeudi 24 février dernier, Vladimir Poutine a fourni à l’Occident (les États-Unis et l’Europe) une belle occasion de se liguer contre lui. Cette coalition occidentale inédite contre la Russie n’est pas tant un élan de solidarité en faveur du peuple ou du Gouvernement ukrainien, mais un ultime moyen pour réduire Poutine au silence et mettre fin ou diminuer tout au moins la menace qu’il représente à leurs yeux sur le continent européen et que l’Amérique avait beaucoup de mal à contenir même avec l’expansion graduelle de l’OTAN.

En fait, Poutine, ce que l’on a peur de reconnaître, en dehors de cette guerre qui aurait pu être évitée, puisqu’il faut toujours privilégier l’arme de la dialectique sur la dialectique des armes, paraît être l’un des rares obstacles face à l’expansionnisme des États-Unis qui ont déjà l’Europe à leurs bottes.

Cette guerre est déterminante pour l’avenir du monde libre et pour la géopolitique mondiale. Car une défaite de Poutine augmentera la domination des États-Unis et mettra en veilleuse les velléités de Pékin par rapport à Taipei, d’une part, mais d’autre part, raffermira l’hégémonie étasunienne sur la planète.

Alors, Poutine perdra-t-il face à l’Occident?  Les sanctions contre la Russie sont terribles et auront des impacts sévères sur l’économie du pays et donc sur le peuple russe toutes catégories confondues notamment les oligarques et Poutine lui-même qui sont les plus visés.

D’un autre côté, il y a l’immense aide militaire de Bruxelles et de Washington en direction de l’armée ukrainienne, la volonté du peuple ukrainien de se battre pour conserver son autodétermination, puis cette ferveur de Volodymyr Zelensky, le chef de l’État d’Ukraine, de résister pour l’honneur et pour la gloire. Ce sont des obstacles majeurs qui devraient limiter drastiquement les percées russes et même faire échec à ses projets.

Mais ces obstacles n’ont-ils pas été anticipés ? Il faut voir que Poutine s’est au fur et à mesure habitué à l’arme des sanctions sortie contre son pays au fil des années. Cela s’est répété tellement de fois qu’il a mis en place un ensemble de mécanismes efficaces pour y faire face dont la création de l’OPEP+ avec un fort partenariat de l’Arabie Saoudite, la diversification de la présence russe sur le continent africain grâce notamment au sommet Russie-Afrique les 23 et 24 octobre à Sotchi en 2019 avec la participation d’environ 40 chefs d’États africains et des partenariats autour de plusieurs milliards de dollars…

Les discours, autour de ce conflit, qui font croire que Poutine est de plus en plus isolé parce que quasiment tous les pays de l’Europe et les États-Unis ont interrompu leurs relations commerciales et diplomatiques avec son pays, sont peu vrais puisque les relations entre l’Occident et la Russie sont construites généralement sur la base de gros intérêts économiques, mais surtout sur une hypocrisie qui dure depuis l’effondrement de l’ex-URSS avec le coup d’État du 19 août 1991 contre Gorbatchev.

Poutine garde encore ses souvenirs et a en conséquence renforcé ses relations avec l’Afrique, la Chine, la Biélorussie, la Syrie, Cuba, Venezuela, etc. Mais encore la Russie demeure le 3e producteur et le 2e exportateur mondial de pétrole. Retenons surtout que toutes les sanctions de l’Administration Biden contre Poutine détaillées notamment mardi 1er mars dans le traditionnel discours sur l’état de l’union, ne prennent pas en compte l’exportation du pétrole russe vers les États-Unis qui continue par des centaines de milliers de barils tous les jours.

Poutine a le devoir de remporter ce conflit s’il ne veut perdre sa place dans le concert des nations puissantes et en même temps être lui-même réduit à néant. La Russie sera beau être le plus grand pays du monde en terme de superficie (17 millions de kilomètres carrés), s’étendant sur deux continents (l’Europe et l’Asie), une défaite en Ukraine, la fera tomber.

Il est prévu que cette guerre n’est pas près de s’achever compte tenu de toutes les nouvelles implications auxquelles on croit que Poutine n’avait réfléchies notamment cette volonté du peuple ukrainien à se battre et cette coalition de l’Occident en faveur de l’Ukraine. Mais cela augure-t-il une défaite?

En tout cas, au-delà du côté pernicieux de cette guerre et des dégâts humains qu’elle entraînera et que nous ne pourrons nullement cautionner, il y a cette hypocrisie, ce racisme des peuples de l’Europe face à l’Afrique qui s’est affiché plus qu’il n’était visible par les vagues de réfugiés africains, haïtiens aussi pour la plupart, qui arrivaient à leurs portes et qu’ils rejetaient sous de fallacieux prétextes. Alors que ces hommes, ces femmes, ces enfants, eux aussi, pour la grande majorité, fuient la guerre.

Et même que ce racisme se manifeste dans le feu de cette guerre par rapport aux Africains, habitants d’Ukraine, qui tentent de fuir eux aussi les bombes russes. 

Il faut en outre admettre qu’une si grande coalition de l’Occident est inédite même dans les grandes dérives que l’on connaît de l’Oncle Sam en Syrie, Irak…Le monde des puissances est complexe. C’est une jungle où le grand Léviathan fait en sorte d’anéantir tous les petits Léviathans en herbe. Le jeu des puissances est un jeu de fauves, un jeu de la mort où seuls les plus perspicaces en réchappent.

 

Jackson Joseph

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