Dans l’une des œuvres picturales retenues pour l’exposition des tableaux et des livres de l’artiste multidimensionnel Frankétienne, est inscrit le titre “Je ne suis pas seul”. Ce tableau a été réalisé en 2021 et traduit pratiquement l'élan de solidarité, les témoignages d'affection et de solidarité manifestés envers l'artiste, écrivain et professeur Frankétienne, tant dans les médias traditionnels, sur les réseaux sociaux et dans plusieurs milieux et institutions du pays, et dans la diaspora.
Dans la résidence privée de l'artiste, où les réflexions pour l'aménagement du musée Frankétienne commencent déjà, sont exposées 77 pièces. Des oeuvres d'art, les unes les plus inspirantes, influentes, attractives qui provoquent de multiples émotions et de sensations inédites. Une exposition rétrospective d'envergure, qui porte sur différentes oeuvres, de plusieurs styles, registres, sujets et approches esthétiques.
Dans l’univers pictural de l’artiste de la Paix, distinction attribuée par l’UNESCO en 2010 à Frankétienne, on retrouve pratiquement plus de quatre grandes périodes dans la série des tableaux, de 1981 à 2022. Dommage que le catalogue ne sera pas disponible à temps !
Des titres à retenir tels que: Négrier ; Débout ; Joie ; Extrème ; Adjanoumel ; Ouragan ; Paysage ; Face à Face ; Charme ; Chaos ; La matière et le piège ; Mystère ; En ballon ; La pause ; Le roi ; Spirale matière du chaos monde ; Au plus bleu de mes ailes, Je traverse le miroir divin, L’univers infini ; Le baiser ou Manifestation.
Dans la liste des pays, des villes et des institutions qui ont accueilli les expositions des œuvres de Frankétienne, de 1974 à 2008, figurent Basse Terre, Guadeloupe, Cayenne, Guyane et à U.C.L.A à Los Angeles. On peut citer principalement : La salle Dante Alighieri, Ambassade d’Italie (Haïti) en 1974 ; Le Vernissage d’un tryptique de 20 mètres de long sur 2 m de large, Hall de l’Institut Français d’Haïti en 1985 ; La librairie Internationale Klébert, Strasbourg en 1992 ; Latin American Institute (Floride) ; La Chaux-de-Fonds, Suisse, en 1997 ; Tokyo, Japon, en 1999 ; Queens Village, États-Unis en 2000. Il a exposé en 2003 à Pierre Brooks Library, en Floride, et au Salon du Livre et de la Culture de Francfort, en Allemagne ; d’autres participations majeures à retenir comme l’exposition « Entre ténèbres et lumière » au Musée du Collège St Pierre à l’occasion de la commémoration de notre Indépendance, en 2004 ; exposition des dernières œuvres au show room de Valério Canez à Chateaublond (Tabarre), et une exposition d’une trentaine de pièces à l’Ambassade de la République dominicaine, en 2008.
Des tableaux, dont les photographies réalisées par le photographe Jean Claude Bourjolly , vont illustrer au moins un catalogue de l’artiste, dont la publication sera disponible d’ici l’ouverture du musée Franketienne dans les mois à venir. Une belle occasion d’ajouter son nom dans la liste des principaux et grands collectionneurs qui disposent d’une oeuvre signée par le premier ministre de la Culture de la Republique d’Haïti.
Derrière l’artiste trône l’infatigable Marie Andrée Étienne qui assure le rôle de “Poto-Mitan” dans le temple de l’artiste. Elle assure presque toutes les fonctions, de secrétaire, de responsable des relations publiques, de muse, de coordonnatrice des activités de son mari, de gestionnaire de l'héritage culturel et symbolique du "Mapou", entre autres.
Dans le cri d’alarme lancé par Frankétienne pour le pays et pour des milliers de familles dont il se fait le porte-parole, dont un extrait de la vidéo devient viral sur les réseaux sociaux, lors de son entretien avec le journaliste Wendell Théodore sur les ondes de Télé Métropole, il faut retenir qu'il s'agit avant tout des témoignages d’un citoyen qui plaide pour la dignité, la liberté et les droits de bien-être pour tous les Haïtiens. Ce sont les expressions d’amertume et de souffrance partagées par un grand-père soucieux et solidaire de ses petits-enfants, victime d'un drame familial, survenu le jour de son anniversaire en 2022.
Des années avant, si l'on retourne sur les temps forts inscrits dans la biographie de cet éminent écrivain, éducateur et philosophe, on peut lire que Frankétienne est né à Ravine Sèche dans la commune de Bois-Neuf le 12 avril 1936. Il a fait ses études primaires au Petit Séminaire Collège St Martial de Port-au-Prince. Des études secondaires réalisées au Lycée Alexandre Pétion de Port-au-Prince, pour ensuite se tourner vers des études universitaires à l’École nationale des Hautes Études internationales de Port-au-Prince.
Pendant plus de 30 ans, il a enseigné les Mathématiques, la physique, la littérature et la philosophie.
Dans son engagement et son attachement pour son pays, « Jusqu’en 1987, après la chute du régime Duvalier, il a toujours vécu en Haïti, sans avoir jamais laissé Haïti. », rapporte sa biographie. En 1988, il est nommé ministre de la Culture dans le Gouvernement du professeur François Lesly Manigat. Il y restera durant 4 mois.
Des talents se combinent et se complètent dans les œuvres de Frankétienne. On le reconnait comme un des plus célèbres écrivains nationalement et internationalement reconnus, avec une production de plus d’une quarantaine d’ouvrages (poésie, romans, théâtre et spirales). Il est initiateur du concept de « Schizophonie » en matière de langage littéraire où les mots sont traités comme des particules d’énergie sensuelle.
Dans les arts de la scène, Frankétienne est célèbre pour sa pièce « Pèlentèt » et son théâtre à double dimension esthétique et idéologique. Il a commencé à peindre en 1972. Au fil de sa carrière de peintre, il finit par développer un style personnel où domine un mélange d’abstrait et de figuratif.
Découvrons les derniers ouvrages qui portent les empreintes de l’auteur, parmi lesquels on peut citer : Amours, délices et orgues (2008) ; Melovivi /Le Piège (2010) suivi de Brèche ardente, (Riveneuve Editions) Paris ; A punto de reventar par Ambos Editores en mai 2008 ; Mûr à crever par Les Editions Hoebeke (Paris mai 2013) ; Ready to Burst par ARCHIPELAGOBOOKS (New York 2014) ; Angustia en la Gallera par Ambos Editores (Chili 2016) ; DEZAFI English: (VIRGINIA PRESS UNIVERSITY 2018) ; L’Apocalypse et puis le Rien (2017) L’Imprimeur II ; Incandescence (Presses Nationales 2019), entre autres.
De 10h du matin à 16h de l’après-midi, le rendez-vous chez l’artiste Frankétienne se confirme comme la plus importante rencontre artistique et culturelle, autour de l’un des plus importants créateurs et penseurs de cette génération.
De nombreuses personnalités, des amis de l’artiste, famille de l’artiste, des artistes évoluant dans les différents domaines des industries culturelles, des hommes et femmes d’affaires, des banquiers, des diplomates, des journalistes, des collectionneurs entre autres, commencent à exprimer leur marque de solidarité. Des oeuvres sont déjà réservées à distance, à défaut de pouvoir faire le déplacement. Ce qui confirme que Franketienne n’est pas seul ! Autant rejoindre cette belle et grande famille culturelle, les collectionneurs des oeuvres de Frankétienne, et surtout les contributeurs au premier musée dédié à un artiste, un écrivain et un éducateur haïtien, le Musée Frankétienne.
Dominique Domerçant