Née à Port-au-Prince, Isabelle Théosmy a vécu toute sa vie à Carrefour-Feuilles, où elle a récemment perdu sa mère dans le massacre du 13 au 24 août dernier. Auteure de deux précédents romans, Mon amour, mon geôlier, Nos années manquées, Isabelle Theosmy compte un troisième roman L'amour arrive à temps pour la rentrée littéraire de novembre 2023. Entretien avec l’auteure au sujet de son parcours et de ses ouvrages.
Le National : Pourriez-vous me raconter comment vous avez commencé à écrire ?
Isabelle Théosmy : Ma fille lit beaucoup. Ce n'est pas désuet. Je ne dis pas cela dans le sens que les jeunes d'aujourd'hui ne lisent pas. Mais, pour ceux de mon époque, c'était une véritable passion. Un véritable besoin. Et, de fait, j'ai passé beaucoup de temps à lire. Sans aucune prétention, l'idée d'écrire m'est venue, parce que je croyais pouvoir faire mieux que ce que je lisais dans le temps. C'est de ce fait, que je dis toujours, que c'est l'écriture qui a fait choix de moi.
L.N : Comment vous est venue l’idée de publier ?
I.T. : L'idée de publier m'est venue justement des manuscrits qui commençaient par s'accumuler dans mon tiroir. Je remercie d'abord ma mère, à qui je dois cette merveilleuse personne que je suis et aussi ma sœur Schneidine qui est ma toute première lectrice.
L.N : Pouvez-vous me parler en quelques mots de chacun des livres que vous avez publiés ?
Mon amour, mon geôlier, Nos années manquées et ma toute nouvelle parution aux Éditions Varella: L'amour arrive à temps, sont mes trois romans en date. Ce sont des lectures pour ceux qui souhaitent sortir de leurs quotidiens. En quête d'évasion, de beauté et de plaisir. Ce sont des lignes qui jouent très bien avec le hasard, et la patience qui est le fruit cultivé par l'amour, ce sentiment qui nous habite tous. Moi, je suis de ceux qui croient que l'amour finit toujours par réunir ceux qui s'aiment.
L.N : Pouvez-vous nous raconter une anecdote en rapport avec vos débuts…
Mes amis surtout, me demandaient quand ils pourront me lire ? Ou du moins, ce que j'attends pour me faire éditer? En 2016, j'ai envoyé un de mes manuscrits dans une maison d’édition à Miami. L'éditrice et moi avons eu de beaux échanges. Mais, à compte d'auteur, j'ai vite abandonné l'idée. Parce que publier à compte d'auteur m'effrayait au plus haut point. En 2017, j'ai envoyé second manuscrit dans une maison d’édition en Haïti (dont je me garde ici de citer le nom). Le texte a été retenu. Moi et la personne avec qui je m'entretiens, avions déjà commencé de discuter couverture, et tout, quand j'ai heurté un responsable le soi-disant éditeur en chef, me disant qui m'avait dit que mon livre a été accepté? Comment j'ai pu envoyer mon texte à des gens que je ne connaissais pas? [...]
Plus tard, j'ai su que ce n'étaient pas des gens honnêtes. Le monde de l'édition, malheureusement, en est plein.
Le National : Avez-vous participé à des concours littéraires ? Avez-vous reçu des prix ?
Isabelle Théosmy : Bon Dieu rit, ou encore Edris Saint-Amand, n'a pas reçu de prix, que je sache. Mais, il n'en est pas moins mon écrivain haïtien préféré. Pour citer, Maryse Condé, l'écrivain appartient à ceux qui veulent le lire [...] Je ne me définis pas à l'aune d'un ou des prix. Mais, il se pourrait que je sois tentée prochainement de briguer un prix. Mais, pour l'instant, je n'ai pas encore reçu de prix. J'attends avec impatience de conquérir le cœur de mon public.
Propos recueillis par Garens Jean-Louis