2004-2024: une célébration de plus manquée, le Parc historique de la Canne à Sucre toujours debout !

Des enfants et des adolescents, en dehors de leurs parents, continuent de visiter la Parc historique de la Canne à Sucre, une bonne nouvelle pour le pays, en ces temps sombres qui déshumanisent et détruisent autant de passions, de traditions et de loisirs dans plusieurs grandes villes du pays. Retour sur le Parc historique de la Canne à Sucre, célèbre site historique, culturel et patrimonial de la commune de Tabarre.

Dans la nuit du 13 au 14 août 2004, vingt ans plus tard, cet ouvrage culturel majeur, porté par les sacrifices, les investissements, la vision et la volonté de faire la différence des héritiers de la famille Canez-Auguste, a connu des moments phares dans son histoire. Pratiquement tous les grands spectacles de référence à l’époque, parmi les meilleures affiches, avec des talents d’ici et d’ailleurs, les spectacles des arts de la scène comme les cérémonies d’hommage, les bals et festivals, les soirées, les rencontres intimes jusqu’au mariage, en passant par les cérémonies de collation de diplômes,  et les réunions culturelles, professionnelles et institutionnelles donnaient rendez-vous au Parc Historique de la Canne à Sucre.

Dans une exposition virtuelle de la Bibliothèque haïtienne des Spiritains, sur le Parce Historique de la Canne à Sucre, les responsables présentent le site en ces termes : « Le lieu respire l'histoire : cloches, moulins, chaudières, barriques, étuves et cheminées raconte l’histoire de l’esclavage aussi et nous rappellent l’exploitation des noirs par les blancs à Saint Domingue. On retrouve des vestiges de la vie des esclaves, de ce qu’ils endurent pour produire ce sucre amer. ».

D’autres éléments importants associés à l’aménagement et l’architecture à prendre en compte : « Le parc historique de la canne à sucre se compose de deux parties distinctes, une partie située dans le bâtiment principal et qui présente un ensemble d'objets et de mobiliers regroupés par sujet, chaque thème étant exposé dans une salle distincte et une partie située dans le reste du parc et présentant des pavillons différents présentant l'ensemble des activités liées à l'industrie de la canne à sucre. », souligne un autre article.

Devenant ainsi un carrefour culturel et historique majeur dans les industries culturelles haïtiennes, certains acteurs précisent que : « Le parc historique de la Canne à Sucre est ainsi légitime pour accueillir la mémoire et l'identité de la société haïtienne, fondée sur un passé d'esclavage dont la population a su se libérer. Au-delà de raconter cette histoire, le parc est aussi le support de commémoration et du développement d'un tourisme culturel à Haïti. ».

Des espaces verts au podium principal à ciel ouvert, en passant par le restaurant et les autres espaces fermés et recouverts, ce site multifonctionnel et attractif dispose de tous les atouts pour offrir un cadre agréable et sécuritaire, dans le temps et peut-être jusqu’à aujourd’hui, de par sa proximité avec le plus important et imposant complexe administratif et diplomatique du pays, le mieux sécurisé du pays.

Dans sa présentation, le public est invité à faire le tour du site historique et culturel en faisant le tour de : « La salle de Tancrède Auguste, du nom d’un ancien président d’Haïti (8 août 1912 – 3 mai 1913) se rapporte surtout à la canne à sucre et à l’époque coloniale. », et qui met en relief des faits relatifs à la traite, à l’esclavage, aux habitations sucrières du temps de la colonie, à la guerre et aux héros de l’indépendance d’Haïti.

De la mémoire institutionnelle à la mémoire familiale. La salle Françoise Canez et Ralph Auguste présente les collections familiales. La visite se poursuit avec un tour dans : « La salle afro-caribéenne présente des objets caribéens pré-coloniaux qui fournissent des renseignements considérables sur la vie des peuples Tainos et Arawaks avant l’arrivée des Espagnols en 1492. », informe le guide.

Divertissement garanti : « Grâce aux objets témoins de l’époque coloniale et du vécu des esclaves sur les habitations sucrières, le parc offre au visiteur une balade à travers l’histoire. Il abrite un musée dans l'ancienne maison de maître et autres édifices de la plantation, et propose des visites guidées de ses collections en plein air et en salles. ».

Distraction assurée : « Les pavillons extérieurs mettent en valeur divers types d'usines sucrières reconstitués, des vestiges d’instruments aratoires utilisés sur les plantations de canne à sucre et dans les manufactures de fabrication du sucre ; des chaudières, des barriques ainsi qu’une étuve, un aqueduc et un train. ». A noter que le parc dispose de l'un des rares musées encore fonctionnels dans le département de l'Ouest.

Des souvenirs inoubliables, que les jeunes et familles qui composent cette génération garderont à jamais dans leur mémoire. Les foires gastronomiques,  Livres en Folie, Artisanat en Fête, Musique en Folie, Vol au Vent, Ils chantent les Femmes, un des spectacles organisés par l’ancienne ministre Marie Laurence Jocelyn Lassègue pour honorer les femmes à travers plusieurs talents artistiques masculins haïtiens.

Dans l’article titré : « Les enjeux de la patrimonialisation du parc historique de la canne-à-sucre en Haïti », publié par le spécialiste des sciences sociales Jerry Michel, en 2014 et disponible sur internet, ce dernier propose plusieurs pistes de réflexion et d’interprétation pour aborder le sujet.

De nouveaux lieux catalyseurs de la mémoire collective ; Logiques patrimoniales des exploitations agricoles coloniales en Haïti : un déni du passé colonial-esclavagiste ; La transformation d’une habitation coloniale en musée de la canne-à-sucre : une mise en scène du passé ; Réappropriation du passé et tensions sociales : Enjeux et non-dits de la mise en patrimoine ; Les mémoires dans la stratification sociale haïtienne : Objets et visiteurs dans un lieu de mémoire concret ; Mémoires colonisées et luttes des places, sont parmi les points abordés par l’auteur susmentionné.  

Durant l'année 2020, un article signé de Jameson Francisque dans Ayibopost, offre un grand coup de projecteur sur le site, suite à un entretien avec Michaëlle Auguste Saint-Natus. « Le parc est donc créé à la mémoire de Françoise Canez Auguste. C’est pour cela que même si la maintenance coûte cher, et que les rentrées sont minimes, il n’est pas question que l’espace ferme, selon Michaëlle Saint-Natus. », rapporte le texte, tout en concluant que : « D’autres projets sont à l’étude pour rentabiliser le parc, et ramener les visiteurs qui ont déserté. « Nous voulons ouvrir un bistrot, affirme la responsable, organiser des activités ludiques pour les enfants, et inciter les gens à venir se promener. Ils pourront aussi utiliser notre bibliothèque de livres sur Haïti. ».

Dans l’évolution des industries culturelles en Haïti, en particulier dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, la commune de Tabarre s’est offerte au milieu des années 2000,  une des plus importantes cartes de visites culturelles, avec l’inauguration du Parc historique de la Canne à Sucre. 

Deux ans de travaux, de 2002 á 2004 on permis au pays de disposer ce complexe culturel assez attractif, qui accueillait presque toutes les grandes manifestations culturelles, festives, artistiques et patrimoniales. Vingt ans plus tard, le parc se lance dans une nouvelle forme de résistance pour rester ouvert, accessible, fonctionnel et attractif pour le bénéfice de la population et la promotion de la culture nationale. 

 

Dominique Domerçant

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