Azaf, l’écho d’Haïti entre deux rives : une voix, une terre, une lumière

Avec une voix habitée, Azaf ravive le souffle d’un classique haïtien. Dans sa reprise de “Si’w al an Haïti” de Guy Durosier, elle tisse un lien vibrant entre mémoire, présence et fierté, portant haut les couleurs d’Haïti et de sa parole engagée.

Dans un souffle vibrant, Azaf, artiste haïtienne enracinée entre Jérémie et Montréal, ravive un trésor du patrimoine musical créole : “Si’w al an Haïti” de Guy Durosier. Sa voix, pleine de feu et de tendresse, traverse les océans pour rappeler au monde que l’exil ne tue pas la mémoire, il l’amplifie.

“Si’w al an Ayiti, di tout zanmi m bonjou…” chante-t-elle, comme une lettre d’amour envoyée par-dessus les frontières.

Sur sa chaîne YouTube, la chanteuse offre une interprétation bouleversante de ce classique. Et ce n’est pas un simple cover : c’est un cri de vérité, un hymne aux absents, une main tendue aux vivants. Azaf, née en 1992 à Jérémie, a quitté Haïti en 2018, mais elle ne l’a jamais vraiment quittée. Cofondatrice du collectif Les Descendants de Vilaire, elle conjugue militantisme, art et mémoire. Chanteuse, comédienne, poète de l’âme et du combat, elle façonne un pont entre ses deux mondes : les cendres d’Haïti et la neige du Québec.

 “Yo menm y ap vann pousyè / mwen menm mwen vann solèy poum briye / yo, m fini.”

Dans ces mots, résonne la voix d’une femme qui refuse l’effacement. Une femme qui chante pour dire qu’elle existe, qu’elle résiste. Son interprétation de Si’w al an Haïti est empreinte d’un souffle nouveau. Elle y glisse sa douleur d’exilée, son espoir d’un retour symbolique, et sa détermination à faire briller Haïti autrement par la lumière, non par le mensonge.

Une voix militante, une voix solaire.

Azaf n’est pas qu’interprète : elle est aussi une flamme pour les causes qu’elle défend. Contre les violences faites aux femmes, pour la défense de l’environnement, elle a chanté :”Dénonce-les”, “Kòve”, et tant d’autres brûlures transfigurées en musiques. Aujourd’hui, avec Si’w al an Haïti, elle poursuit sa traversée, non pas comme une simple voyageuse, mais comme une passeuse de mémoire. Une femme qui dit à sa mère, à ses amis, à son pays : “Mwen vivan, m’ap chante toujou.”

Schultz Laurent Junior

 

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