Dans la collection des portraits d’animaux sélectionnés et exposés au Centre culturel Brésil-Haïti, tout y est pour célébrer la diversité, l’utilité, l’authenticité, l’originalité, la créativité, le savoir, et le savoir-faire de ce professionnel de la photographie, passionné de la nature, qui a fait le choix d’immortaliser la beauté de la faune et la flore d’Haïti, a l’état sauvage.
Dans les coins les plus reculés du pays, entre les mornes, les rivières, les forêts, les voisinages des grottes, des cascades, et d'autres endroits peu visités, des nombreuses images inédites représentant l'architecture de la nature sauvage d’Haïti nous sont accessibles grâce à la passion et la profession de photographe naturaliste de René Durocher.
Depuis plusieurs années, il est armé de sa caméra comme un véritable chasseur des moments intimes partagés jour et nuit entre la flore et la faune. A la fin de la nuit ou de la journée, une fois sa mission terminée, il nous revient sain et sauf, sans laisser de cadavres d'animaux sur son parcours. A défaut de nous rapporter des gibiers, son amour pour la nature, en vérité, utilise le langage de la photographie pour nous faire découvrir dans un simple regard, les battements de coeurs, les regards discrets, la survie permanente et la vigilance des animaux, la confiance exprimée par ces derniers envers cet etranger souvent accroché à son canon, sans être agressif envers l'écosystème.
Durocher est un témoin privilégié de la faune haitienne. Il a déjà publié sur le sujet. Dans une nouvelle perspective combinant ces trois concepts : la science, l'art de la photographie et l'écosystème, et répartie autour de trois étapes, il nous invite à découvrir sa nouvelle exposition en 2025, qui porte le titre : “Haïti Sauvage” ?
Dans sa biographie, il se présente comme un photographe naturaliste, un expert en biodiversité de la faune Locale, un réalisateur, auteur, et consultant. Son travail est très apprécié et respecté dans plusieurs milieux du pays d'ici et d'ailleurs.
Du choix de se démarquer de la facilité et de la monotonie dans la photographie traditionnelle en Haïti, il suit en partie les traces de Jean-Jacques Audubon, Ansel Adams, et plus proches de nous, Shaaz Jung, Suzi Eszterhas, ou encore Javier Aznar Gonzalez de Rueda.
De A à Z, il nous apprend à découvrir autant la diversité et les spécificités des animaux dans une même espèce. Il propose une fiche de présentation partagée entre les noms retenus dans les registres scientifiques et le vocabulaire de la paysannerie haïtienne, beaucoup plus proche de la nature sauvage et de ses habitants sauvages, à qui Durocher continue de rendre hommage.
D'une simple exposition thématique à une activité foncièrement pédagogique, la majorité des établissements scolaires de la commune de Petion-Ville, et des villes avoisinantes devraient profiter de cette grande fête de l'intelligence autour des animaux sauvages du pays. Une belle occasion pour les jeunes écoliers et universitaires, pour apprendre, comprendre, et pourquoi pas entreprendre à l'avenir dans des corps de métiers en lien avec la flore, la faune et tout l'écosystème animalier.
Dans une certaine, cette exposition en plus d'éduquer, nous invite à nous former et nous informer sur l’importance, l’utilité, et les fonctions de chacun de ces différents acteurs (inoffensifs, venimeux ou dangereux), qui habitent tous les coins et recoins de notre paysage.
Didactique et pratique, René Durocher ne se contente pas d’afficher ou de publier des images sur des supports. Il prend le temps de les illustrer, de nous documenter autour du profil ou portrait de chaque animal.
Dame “Anolis hendersoni (femelle)”, est bservée à Kenscoff, et est caractérisée par un corps élancé, "Une livrée striée et une posture arboricole typique du genre. Espèce endémique des zones montagneuses haïtiennes, elle illustre une adaptation remarquable aux microhabitats humides et frais. Kenscoff.”, informe le photographe naturaliste.
Des femmes à l'honneur, le photographe partage sur sa page Facebook, la biographie de madame Krapo en ces quelques points : “Eleutherodactylus inoptatus”. “Krapo manman poul - l’une des plus grandes grenouilles endémiques d’Haïti. Juste après l’averse, elle sort de sa cachette pour chanter et chercher de la nourriture. Rarement vue mais bien présente dans nos forêts d’altitude.”, avant de poursuivre : “Espèce terrestre et ovipare, elle ne dépend pas des mares pour se reproduire — ses œufs se développent directement sur le sol. Kenscoff.”.
D’autres animaux sauvages sont à l'honneur. Dans sa carte d’identification naturelle, on peut lire : “ Phaeicophilus palmarum Kat-je tèt nwa, Tangara à couronne noire, Quatro ojos”.
Durocher poursuit avec la présentation, dans un ton flatteur et empathique, comme pour nous inviter à protéger la vie de l'animal autant que celle des humains, qui habitent les hauteurs de la capitale : “Un bel oiseau endémique d’Haïti et de la République Dominicaine, en pleine action : il venait de capturer une chenille qu’il s’apprêtait à engloutir. Aussi appelé Quatre-yeux à cause des taches blanches près de ses yeux, cet oiseau forestier est insectivore à ses heures. Il joue un rôle important dans l’équilibre naturel en régulant les populations d’insectes.”.
D’autres précisions importantes à retenir : “Son comportement montre bien que même les oiseaux qu’on croit "frugivores" ou "nectarivores" peuvent aussi être de redoutables chasseurs d’invertébrés. La biodiversité, c’est aussi ça : des rôles multiples, des surprises à chaque rencontre. Kenscoff.”.
Derrière cette exposition qui a bénéficié du soutien de la CIAT, IFH, Unibank, ANAP,, CCBH, entre autres, on retient que le photographe est président de Eko Ayiti, en dehors de ses publications des portraits et des paysages sauvages d’Haiti, qu’il signe régulièrement entre les supports imprimés et les espaces virtuels.
Des portraits de divers animaux tels que des oiseaux, serpents, anolis, parmi plusieurs autres espèces qui partagent notre espace écologique sont célébrés par l'artiste.
Du 3 et 16 octobre 2025, le public est invité à s’informer et à se former, pour mieux comprendre l'écosystème et défendre ces animaux en voie de disparition a travers les savoirs partagés à l'expo "Haïti Sauvage", tenue dans la commune de Pétion-Ville, au Centre Culturel Brésil-Haïti. En se rendant à l'école du photographique naturaliste René Durocher, le public sortira a coup sûr moins sauvage, que la majorité des familles d'animaux dispersés, qui se protègent malgré tout dans la nature.
Dominique Domerçant