Derrière ce personnage réservé mais très affirmé de Martin Télémaque, on y trouve tellement de matière et de savoir-faire en termes d'expériences et de contributions dans les deux principaux secteurs culturel et sportif. Au cours des trois dernières décennies au moins, nombreuses sont les initiatives culturelles et sportives en Haïti et à l'étranger, qui portent les marques et la vision de Martin Télémaque (sans h).
Des précisions que ce dernier portaient souvent, quand il s'identifiait et quand on écrivait son nom. Ce patronyme avec les deux orthographes est très présent dans l’histoire politique et culturelle d'Haïti. A titre de rappel, on retrouve le personnage de l'éminent artiste peintre franco-haïtien Hervé Télémaque (1937-11 novembre 2022), et plus d’un siècle avant, s'imposait le nom de César Télémaque doyen d’âge et député du Cap, qui a présidé la première séance de l'Assemblée constituante en Haïti le 18 décembre 1806 (source Emile Viard).
Dans l’ombre, ou par le poids de la sagesse, l'obligation de recul ou la force des déceptions accumulées face au chaos social, de l'actuel déclin urbain et culturel, cet ingénieur continue de servir la République à travers les industries du livre et pourquoi pas du patrimoine. Ce sont autant d'atouts et d’actifs connus de ses proches, et très peu du public et des moins jeunes, qui m'obligent à porter un regard solidaire autour de cet illustre gardien de la mémoire collective pendant qu’il est encore vivant.
Un professionnel présent entre plusieurs carrefours !
Dans son parcours sportif, à titre de président de la Fédération Haïtienne de Judo, Martin Télémaque a été au premier plan en 2014, lors de la visite en Haïti du président de la Fédération Internationale de Judo, Marius Vizer. A cette occasion un cocktail de bienvenue avait été organisé par le ministère de la Jeunesse et des Sports, à l'Hôtel Royal Oasis, en présence notamment de la ministre Magalie Adolphe Racine.
De quoi rappeler son implication et sa contribution dans le secteur sportif, jusqu'à diriger cette fédération, parmi d’autres fonctions internes, des activités professionnelles, des engagements institutionnels et conjoncturels. L'année 2026 devrait offrir l'occasion à Martin Télémaque de faire le bilan des ses actifs et passifs au cours des deux dernières décennies, en passant par l'actualisation de ses nombreuses réflexions, des propositions entre autres des publications entre Le Nouvelliste, Le Matin, comme pour rappeler son article portrait artistique de la "Tête chercheuse".
Dans le cadre de l' exposition artistique réalisé dans les années 2000, en hommage aux journalistes victimes et assassinés en Haïti, entre Jean Dominique et Brignol Lindor, parmi d'autres, autour du thème : “La presse face à son destin", autour des œuvres des trois artistes peintres Gerald Civil, Brice Destin et Dominique Domerçant, le coordonnateur de l'activité, le journaliste Valéry Numa allait faire le lien avec Martin Télémaque, comme critique littéraire et promoteur culturel.
Dans les années qui suivent, ce dernier va rejoindre la première cohorte de formation des cadres en Administration culturelle de l'Ecole nationale des Arts (ENARTS), entre 2004 et 2005, parmi d'autres professionnels de renom comme Stéphanie Saint-Louis, Nicole Désrivois, entre autres. Peu de temps après, il va participer aux premières assises régionales de la Culture en 2008, tenue dans la ville de Marchand Dessalines, avant de rejoindre le personnel du ministère de la Culture et de la Communication.
Dans les semaines qui suivent le séisme du 12 janvier 2010, et sur instruction de la ministre de la Culture et de la Communication, Marie Laurence Jocelyn Lassègue, Martin Télémaque a été invité à renforcer l'ancienne équipe de la cellule de communication de crise basée sur la route de l'aéroport.
Djon-djon: le carrefour artistique de plusieurs générations ?
Dans la commune de Carrefour, il a marqué son passage pendant plusieurs années à travers la fondation du Centre culturel Djon-Djon. Un haut lieu d'exposition des œuvres artistiques et culturelles, en dehors des différents projets qui portaient ses empreintes parmi les plus dynamiques opérateurs culturels à l'époque.
Dans le secteur de la culture en Haïti, bien avant de rejoindre le MCC, il figure parmi les hauts cadres expérimentés et engagés depuis plusieurs années dans l'ingénierie culturelle, tant dans la capitale et dans les villes de provinces. Combien sont-ils les artistes, artisans et d'autres talents bénéficiaires des actions et initiatives de ce promoteur artistique et culturel ?
Dans les colonnes du journal Le Nouvelliste, certaines de ses publications servent de références comme ce fameux : Plaidoyer pour une politique culturelle en Haïti. Ce texte publié en octobre 2006 souligne: “ La mise en place d'une politique culturelle nationale fait intervenir un ensemble de paramètres dont les plus significatifs sont : 1.Le contenu axé sur une vision de la culture liée à une vision globale de la société. 2. Les cadres légal (lois, procédures, règlements ... ) et physique (installations, équipements ... ) 3. Les acteurs, dont les principaux sont : - L'État - Les artistes - Les opérateurs et les médiateurs - Les publics Alors que les artistes créent les œuvres, les opérateurs et médiateurs culturels mettent à la disposition des publics l'offre culturelle répondant à leurs attentes et développent les pratiques culturelles. Quant à l'Etat, il crée l'environnement adéquat au développement de ces pratiques culturelles et au fonctionnement de la culture en général.”.
Des semaines avant, un autre article publié en septembre 2006, étalait une fois de plus la maîtrise du sujet par le fondateur de l'organisation ANPPAC, derrière le titre interpellateur : “Qui a dit politique culturelle ?”. L'auteur poursuit : “Le 17 octobre 2005, la 33e Assemblée de L'UNESCO a adopté une Convention sur la diversité culturelle. Résultat d'une âpre lutte conduite essentiellement par le Canada et la France, suivis de beaucoup d'autres pays, cette Convention consacre le droit de chaque pays à défendre et mettre en valeur ce qui fait sa spécificité, son identité. Elle implique la possibilité pour chaque Etat de mettre en place le cadre légal et les moyens nécessaires à la préservation de sa culture spécifique face aux menaces d'une mondialisation envahissante qui tend de plus en plus à l'uniformisation et à la standardisation des manières de faire et des manières d'être.”.
Dans la presse régionale, un artiste signé de Daniel Betis et Jean-Claude Samyde sur le site de 1ère Franceinfo.fr, autour du titre : “7 chefs de projets haïtiens en immersion d’ingénierie culturelle en Martinique”, le 17 mars 2019, met en avant la participation des cadres haitien dans une formation. "7 chefs de projets Haïtiens terminent en Martinique ce dimanche (17 mars 2019), un stage d'ingénierie culturelle. Ils ont sillonné la Martinique pour découvrir ses monuments, arts visuels, richesses faunistiques, spectacles vivants.”. A travers la photo qui illustre ce texte, le personnage de Martin Télémaque s'impose parmi les autres jeunes participants.
Dans l'actuel renouvellement silencieux en cours dans le pays, entre le poids des âges, la migration et le découragement programmé, il y a lieu de saluer le travail, le courage et l'engagement continu des plus courageux acteurs et opérateurs dans plusieurs secteurs vitaux du pays, notamment dans le domaine culturel. C'est à ce titre que Martin Télémaque a été retenu parmi les profils à honorer.
Dominique Domerçant
