Sept ans après

Quiconque n’a pas vécu ces quelques dizaines de secondes du tremblement de terre du 12 janvier 2010 ne peut imaginer l’horreur métaphysique qu’on ressent quand le sol, sous vos pieds, perd soudain sa consistance et se met à tanguer telles des vagues furieuses, faisant perdre son centre de gravité à toutes choses et détruisant sûrement de sa force toute construction ne répondant pas aux normes réglementaires. Le drame a été ensuite pour ceux ne s’étant pas trouvés au mauvais moment au mauvais endroit. Celui de constater les destructions et les pertes en vies humaines. Des dizaines de milliers de morts. Des blessés. Et bien vite des amputés. Une situation cauchemardesque pendant des heures alors que le gouvernement restait muet, sans un mot, sans une consigne pour une population en pleine détresse.

Quiconque n’a pas vécu ces quelques dizaines de secondes du tremblement de terre du 12 janvier 2010 ne peut imaginer l’horreur métaphysique qu’on ressent quand le sol, sous vos pieds, perd soudain sa consistance et se met à tanguer telles des vagues furieuses, faisant perdre son centre de gravité à toutes choses et détruisant sûrement de sa force toute construction ne répondant pas aux normes réglementaires. Le drame a été ensuite pour ceux ne s’étant pas trouvés au mauvais moment au mauvais endroit. Celui de constater les destructions et les pertes en vies humaines. Des dizaines de milliers de morts. Des blessés. Et bien vite des amputés. Une situation cauchemardesque pendant des heures alors que le gouvernement restait muet, sans un mot, sans une consigne pour une population en pleine détresse.

 On a beaucoup épilogué ensuite sur l’espoir que cette catastrophe allait changer les choses. Mais c’était oublier que le séisme, curieusement, même à Port-au-Prince, semblait avoir choisi où frapper. Des quartiers étaient intacts et le lendemain des marchés publics fonctionnaient presque comme à l’accoutumée. Bien vite, l’aide venue tout d’abord de la République dominicaine – on ne peut le passer sous silence — sous forme entre autres d’eau, de nourriture et de vêtements, se retrouvait en vente au marché noir ou stockée par des particuliers. On constatait rapidement l’expertise développée chez nous pour profiter de la détresse humaine. En absence d’un État qui ne voyait pas encore comment se positionner après la catastrophe, les ONG s’installaient partout, accourant des quatre coins de la planète. De l’argent, on en a fait sur le dos des pauvres sinistrés. En même temps, ces derniers avaient bénéficié de miettes que nos dirigeants n’auraient même pas consenti à distribuer.

Pourtant, au niveau de la population, on ne peut ignorer ce vaste élan de solidarité qui a permis de surmonter les mauvais moments dans les quartiers les plus touchés. On s’est souvenu partout alors qu’on était un peuple et que si on ne se serrait pas les coudes, il serait impossible de traverser les mauvaises passes.

 Aujourd’hui les plaies de séisme du 12 janvier 2010 sont toujours béantes. On ne peut oublier des disparus partis ainsi sans avertissement; pas pour un caprice de la terre, mais parce que l’État ne s’est jamais préoccupé de l’environnement de la nation. Prend-on des mesures pour construire autrement, pour gouverner autrement ? Certainement pas. Ceux qui ont les moyens, sachant maintenant que nous sommes sur un sol instable, pour préserver leur investissement, font attention à construire antisismique. Mais la population comme toujours est abandonnée à elle-même. Des maisons qui avaient été estampées pour être démolies ont souvent été rafistolées. Même si les gens en quête de logement se méfient, la crise cuisante d’habitats ne leur donne pas trop le choix.

 Dans une zone à risque comme le Cap-Haitien et toute la région du Nord, la plupart des gens interrogés sur la question pensent que rien n’est fait vraiment pour sensibiliser la population au risque sismique. Les habitations sommaires prolifèrent partout dans l’environnement capois et ce n’est pas seulement du risque sismique qu’il faut parler. On a pu constater les dégâts causés par des pluies il y a de cela quelques semaines.

Le séisme de 2010 aurait dû permettre de poser enfin la question de la gouvernance dans notre pays. Le cataclysme a permis seulement à de multiples projets de fleurir pour venir en aide à un peuple qui en avait effectivement besoin. Mais on connait la suite. Aujourd’hui sept ans plus tard, une autre secousse de la même amplitude peut causer les mêmes dégâts et peut-être encore pire dans la région du Cap-Haitien.

Pour l’instant, on ne peut que prier, selon ses croyances, Dieu ou les lwa.

 Gary Victor

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