Le chaos est-il en train de prendre une vitesse supérieure. Y a-t-il enfin une obligation de le juguler vu que de nombreuses populations de la République se retrouvent dos au mur? Quand le chaos s’est mis en marche dans de nombreux quartiers populaires comme à La Saline, Savanne Pistache, Martissant et j’en passe, une grande partie de la société a croisé ses bras. La presse parlée invitait dans des émissions à grande écoute, sans honte aucune, des personnalités dont tout le monde savait leur implication dans la corruption et le banditisme qui mine toujours le pays. Beaucoup de têtes dans les hauts milieux d’affaires ont cru cette situation bénéfique et se sont engouffrées dans la brèche. Nos petits minables des classes intermédiaires, eux, ne pensent qu’à garder le pouvoir à vie pour ripailler. Il a fallu que le cancer s’étale, qu’il s’attaque aux prétendus beaux quartiers pour qu’on commence à avoir des réactions venant du sommet de la pyramide sociale. Il faut dire aussi qu’au bas de l’échelle comme à Martissant depuis longtemps, l’absence de l’État, la corruption de nombreux politiciens et de policiers avaient favorisé l’installation progressive de ces bandes armées.
Aujourd’hui, une note d’un regroupement de partis politiques semble dénoncer les exécutions extrajudiciaires que peuvent provoquer les réactions extrêmes d’autodéfense. Aucune société fonctionnant de manière normale ne saurait tolérer les exécutions extrajudiciaires. Mais justement par nos démissions, nos stupidités, nos courses à la ripaille, nos mépris et nos haines conjuguées, nous sommes arrivés au fonctionnement d’un pays «tèt anba». Extrajudiciaire ne fait pas référence à un système juridique qui fonctionne, qui protège la communauté et les citoyens. Depuis des années, que voyons-nous ? Une armée de juges et d’avocats est à l’affût d’une affaire souvent louche pour s’enrichir, pour s’échapper de la précarité. Un trafiquant de drogue à libérer ! Un bandit disposant des fruits de ses imposantes rapines à délester ! On pourrait multiplier les exemples. Ainsi, on est arrivé à la situation que de nombreux policiers, des citoyens ont été exécutés parce qu’ils ont fait leur travail qui étaient de traquer ceux qui se sont mis hors la loi. Surtout que ces policiers et ces citoyens ont pris des risques en restant fidèles à leur mission dans un pays où un gouvernement a institué le banditisme légal.
La situation des policiers en service est devenue de plus en plus dangereuse. Ils sont obligés souvent d’intervenir et de réagir alors qu’ils savent que les bandits arrêtés ont toutes les chances d’être relaxés par un juge pourri ou aux ordres d’un politicien ou d’un riche homme d’affaires contrôlant un gang. Pire, on peut leur intimer l’ordre d’arrêter une opération importante pouvant éradiquer la base d’un gang dangereux parce que le chef de ce gang menace de rendre publiques des conversations téléphoniques avec des autorités bien placées au sommet de l’État.
C’est quand même assez saisissant qu’un groupe de partis politiques sorte une note sans prendre en compte la situation réelle de notre population. Où étaient-ils ? Où sont-ils quand des femmes se font violer, assassiner, dans les quartiers populaires ? On sait que de nombreuses personnalités importantes, dans les cercles politiques, ont eu et même continuent à avoir des liens avec les chefs de gangs. Une pourriture qui n’en finit pas et qui cette fois «kroke nan gòj peyi a». La seule solution pour l’instant reste une vigilance active de la population en collaboration avec la frange de la Police nationale, ces jeunes policiers habitant dans les quartiers populaires, qui savent qu’une partie d’une hiérarchie pourrie et des politiciens malfaisants «kay vann yo kay dyab san yo pa konnen».
C’est malheureux d’en être arrivé là. La grande question reste cependant toujours entière. Si ce réveil citoyen continu – les étrangers et nos politiciens « marron » feront tout pour l’en empêcher- qui pourra au niveau politique le récupère. Car sur la scène politique, nous ne nous leurrons pas et les étrangers qui souhaitent notre disparition le savent. Il n’y a pour l’instant rien. L’ancienne classe politique sabordée et s’auto-enculant sans les précautions d’usage et sans se cacher aux yeux des bonnes gens.
Gary Victor