Tremblements

La terre a tremblé dans la zone de la Grande-Anse ce mardi 6 juin 2023. Les secousses qui ont causé une grande panique et quelques dommages dans cette région ont été ressenties bien que faiblement jusqu’à Port-au-Prince.

 

 Ces secousses continuent à relancer la question concernant les mesures qui ont été prises pour minimiser les pertes en vies humaines et les pertes matérielles en  cas d’un séisme majeur dépassant 7 sur l’échelle Ritcher.

Au Cap-Haïtien, des simulations ont été réalisées par les services de la protection civile. Il s’agissait principalement de l’évacuation des écoles immédiatement après les secousses en prévention d’un tsunami. Les exercices se sont bien déroulés, mais il est difficile de prévoir comment se passeront les choses dans la réalité.

 

Cap-Haïtien est la ville du pays la plus vulnérable en cas de fort séisme. La cité est située sur des lignes de failles majeures et le laisser-aller étatique a transformé la ville en une véritable souricière. Les routes sont étroites, encombrées, les demeures vétustes ou mal bâties, les collines environnantes colonisées par des bidonvilles. Tous les schémas aboutissent à une catastrophe majeure avec l’impossibilité de quitter la ville. 1842 ne sera rien en comparaison de la situation qui surgira après un tremblement de terre de forte magnitude. Mais une visite au Cap-Haïtien montre une population insouciante vivant au jour le jour, des responsables partageant le même je-m’en-foutisme des citoyens. On se remet à la chance, à Dieu, au Diable ou aux lwa.

 

Port-au-Prince n’est pas à l’abri d’une autre secousse. La faille identifiée depuis des années n’a pas encore libéré l’énergie emmagasinée. Peu de leçons ont été tirées du séisme de 2010. Si certaines grandes constructions – elles sont rares – respectent les normes anti-sismiques, les habitats particuliers sont laissés à la protection divine. Beaucoup de constructions qu’on devait raser ont été simplement rafistolées et louées à une population en quête de logis. La crise du logement fait rage à la capitale et des escrocs souvent en cravate en profitent. Les gouvernements n’ont jamais eu aucun programme en ce sens et les citoyens sont souvent obligés d’accepter l’inacceptable à leurs risques et périls.

 

Les habitants de la Grande Anse vivent constamment en état d’alerte avec cette terre en proie à ses incessantes convulsions. Au moins ils sont sur leurs gardes alors qu’au Cap-Haïtien et en d’autres lieux du pays on vit en ignorant cette épée de Damoclès.

 

La protection civile chez nous a vraiment du pain sur la planche. Pas seulement en matière de séisme. Le phénomène de rivière atmosphérique du samedi 3 juin a encore prouvé l’extrême vulnérabilité du pays. Organiser la prévention dans ce climat de chaos généralisé en l’absence de gouvernance devient problématique. Encore une fois c’est aux communautés à se prendre en main, à désigner ceux qui en leur sein ont les compétences et la volonté nécessaire pour prendre à charger leurs destins.

 

Gary Victor

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