Sur le divan

Beaucoup rêvent de psychanalyser un politicien haïtien. Il est vrai que, partout, mettre un politicien sur le divan devrait donner un frisson au citoyen ayant le minimum de respect pour son pays et lui-même. Mais on comprend bien que le politicien haïtien est un cas bien particulier. Il suffit de regarder l’état dans lequel se trouve notre pays et de voir la morgue, le je m’enfoutisme de nos dirigeants.

 

Depuis samedi circulent les images de certains tronçons de route à la sortie sud de Port-au-Prince. Nous avons, dans plusieurs de nos éditoriaux, tiré la sonnette d’alarme. Nous ne croyons pas cependant prêcher dans le désert. Nous sommes certains qu’il se dégage une prise de conscience qui empêchera à l’avenir d’avoir de tels nullards aux commandes de la nation. Car, comment rester aussi indifférent devant le délabrement aussi accéléré de notre capitale ? On ignore plus de trois siècles d’histoire. On signe dans la mer de la Caraïbe notre incompétence et pire notre malpropreté en déversant des tonnes de matière plastique que les courants peuvent aller déposer sur les côtes des pays voisins.

 

Et pourtant le sursaut ne vient pas. On se perd en palabres et en réunions où chacun campe sur ses positions stériles dans un vacuum total de l’intelligence et de l’imagination. Ce jeu peut durer longtemps dans l’intérêt de ceux qui ripaillent au pouvoir, car l’étranger à qui on a donné tous les pouvoirs laisse faire, est presque arrivé à la concrétisation de son rêve de mettre à genoux cette nation  dont les prouesses il y a presque deux siècles ne sont plus que des mythes au vu de la réalité d’aujourd’hui.

 

On assiste pourtant dans de nombreux pays en Afrique, dans le temps dans une dépendance complète à l’Occident, à un réveil vigoureux. De nombreux dirigeants africains ont décidé de prendre la destinée  de leur nation en main et refusent désormais les diktats de Paris, de Londres ou de Washington. La honte peut être un sentiment révolutionnaire. Les Africains n’ont plus supporté la honte d’être les domestiques, les valets des Occidentaux. Un vaste mouvement de fond se dessine pour remettre l’Afrique sur la carte du monde. La fierté renait dans de nombreux pays du continent noir.

 

Nous qui nous gaussons d’être la première République noire du monde, nous sommes à la traîne, à attendre que c’est le maître étranger qui décide pour nous de notre destin alors que nous savons pertinemment que son seul objectif c’est de nous maintenir dans notre boue en soutenant tout ce que notre société dans ses dérives a produit de glauque et de malsain. Nous continuons à jouer au jeu  de la destruction, empêtrés dans nos pratiques politiciennes traditionnelles qui ne peuvent qu’alimenter ce chaos permanent.

 

Jusqu’à présent la honte et la colère ne sont pas au rendez-vous. On plante chez nous des drapeaux pour nous imposer dans notre chaos des décadences qui s’étalent comme une lèpre sur la planète. La résistance est partout. Chez nous, déjà loups pour notre peuple au lieu d’être des bergers soucieux, nous rampons toujours allègrement devant nos bourreaux pour conserver nos vils privilèges.

 

Gary Victor

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