Sait-on jamais !

Les différentes délégations haïtiennes sont désormais à Kingston, Jamaïque et ont commencé à travailler sous les auspices de la Caricom. Bien que n'attendant pas grand-chose de ces pourparlers en raison de nos habitudes peu amènes en matière de négociation, l'homme de la rue espère, sans oser se l'avouer, qu'une percée libératrice adviendra pour sortir le pays de cette conjoncture difficile.

Dans son discours de Kingston, le Premier ministre Ariel Henry a mis l'accent sur les efforts de son gouvernement pour parvenir à des accords avec l’opposition. Il a rappelé que des deux qu’il a paraphés, le tout dernier, celui du 21 décembre 2022, a accouché du Haut Conseil de transition (HCT). Le chef du gouvernement a ensuite assuré n'être pas venu à Kingston pour recevoir des diktats de quiconque, mais pour négocier en toute bonne volonté avec ses compatriotes.

M. Henry souhaite que ces derniers le rejoignent dans le prochain gouvernement et dans la mise en place des structures de la transition. À part la formation d’un nouveau gouvernement d’ouverture, il est aussi question de mettre sur pied un Conseil électoral et d’entamer la réforme constitutionnelle.

Ariel Henry a voulu donner le ton en s'élevant au-dessus des partis, jouant à celui qui tend à ses adversaires le rameau d'olivier et qui considère avant tout les intérêts supérieurs de la nation.

Mais pour que cela ne soit, comme dit la chanson de Dalida, « rien que des mots...toujours des mots », il faut qu'il fasse preuve de leadership « républicain » en garantissant la réussite de ces assises bien au-delà des intérêts les plus zélés de ses partisans. Il doit éviter le fameux « adelante » de ses prédécesseurs qui, tous, ont foncé droit dans le mur en abîmant encore plus la vieille carcasse institutionnelle du pays.

À l'heure où nous sommes confrontés aux pires épreuves,  même les plus sceptiques d'entre nous ont une oreille  distraite sur ce qui va se passer dans la capitale  de la Jamaïque. Tout le monde se dit qu'il s'agit de la chronique d'un échec annoncé. Il y a quand même ceux  qui disent « ou pa janm konnen », conformément au « réalisme magique » qui nimbe notre culture. Qui sait ! Quoi qu'il en soit, un échec risque d'éclabousser tout le monde.

 

Roody Edmé

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES