La PNH entre maturité et insécurité !

12 juin ramène l'anniversaire de création de la Police nationale d'Haïti (PNH). À cette occasion, des cérémonies officielles offrent la possibilité aux plus hautes autorités politiques du pays, aux plus influents membres du corps diplomatique accrédité dans le pays,  et au haut commandement de l’institution policière de faire le bilan des actifs et des passifs, des  actions et des réalisations qui portent les empreintes de l’institution en général, et des différentes unités et entités armées et administratives qui portent les uniformes de la PNH.

 

Dans ce même ordre d'idée, les plus anciens membres de l’institution, les hommes et femmes qui se sont distingués plus d'une fois, comme les nouveaux recrus issus des plus récentes promotions, ou en formation, se questionnent entre les temps déjà passés, le présent à haut risque,  et leur avenir en tant qu’agents des forces de l’ordre. Face au nouvel ordre des groupes armés installés dans le pays, plus d'un, en particulier les policiers se questionnent sur les vertus et la volonté manifeste de protéger et servir.

 

Dans un pays où la majorité des jeunes, et un grand nombre de professionnels  et leurs familles se considèrent presque tous en transit, les longues files d'attente des policiers haïtiens en attente d'un passeport, ou en attente d'une lettre de confirmation ne peuvent que mettre dans l'insécurité l'avenir de la PNH. Entre les policiers professionnels et les policiers reconvertis ou inscrits dans des activités criminelles, l'institution persiste dans une autre forme d'insécurité institutionnelle, administrative et stratégique.  

 

Désormais une nouvelle année s’ajoute à  l’histoire et l'évolution de la PNH. L’institution tente inlassablement de justifier sa capacité à assurer pleinement ses missions et fonctions régaliennes. En dehors de la maturité affirmée par le haut commandement dans certains coups réussis et  des interventions abouties,  l'insécurité généralisée qui affecte la population, et ampute plusieurs  policiers presque toutes les semaines, la PNH n'a d'autre choix que de célébrer à couvert ses nouvelles bougies.

 

Des frustrations au sein de la PNH, comme dans la grande majorité des institutions publiques du pays, c’est ce qui ne manque pas. Il suffit d'observer certaines  émotions entre les rires et les rides de nombreux agents. Ces agents frustrés sont pourtant parmi les meilleurs, les plus courageux et déterminés à servir le pays, mais malheureusement ils ne sont pas toujours motivés et encouragés par leurs pairs et leurs supérieurs.  Une telle situation offre souvent  l’occasion aux anciens policiers, les survivants des opérations et attaques contre la PNH de justifier à temps leur choix d’abandon ou de démission à temps.

 

Des conditions de travail difficiles, en passant par l’illusion de promotion et des grades obtenus sans pouvoir bénéficier des avantages et privilèges qui vont avec, les policiers haïtiens continuent de porter  les mêmes revendications avec et sans l'appui des syndicats.

Déception ou défection dans les camps de l’institution policière, face au manque de vigilance ou d’absence de résistance de la part des différentes unités qui auraient dû empêcher ou anticiper  le drame du 7 juillet 2021, cette sombre, sale et sanglante page d'histoire sera difficile à effacer dans les pages blanches du livre d'histoire de l'institution policière. Comme un lourd passif dans son évolution, et  dans la mémoire collective, les unités concernées autant que ces mêmes uniformes portés depuis  n'inspirent plus la confiance, la fierté et la sécurité aux yeux des citoyens des personnes les plus avisées et sensées.  

 

De l’influence politique à la dépendance diplomatique de l’institution policière haïtienne, en passant par les problèmes d’ordre institutionnel complexe, à la fois structurel et conjoncturel, incluant la question des grades non harmonisés avec les salaires et les promotions des agents frustrés, les policiers haïtiens attendent beaucoup des décideurs. 

 

 

Dominique Domerçant

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