La violence rampe dans toutes les allées de la société. On l’oublie pudiquement quand elle se voile la face, quand elle se cantonne derrière les murs, à l’abri des sourires de circonstances et des hypocrites discours. Dès qu’elle explose au grand jour, sous quelque forme que ce soit, on cherche des explications qui ne gêneraient pas trop notre confort quotidien et on s’empresse bien sûr de tout oublier après les professions de foi idéologique, les prises de position politiquement correctes. L’oubli aussi, qui est voulu, même planifié est une forme de violence. Car, l’oubli permet de laisser le système producteur de violence en place, avec toute la capacité de se renouveler et donc de détruire, de tuer.
La violence on la voit surtout à son stade final. La dernière éruption.
Mais le long cheminement de sa naissance, personne n’y fait attention. Un choix de vie peut aboutir à la violence si, mettant à la poubelle les grandes valeurs humaines, l’unique objectif est le pouvoir, l’accumulation de biens matériels. Le choix politique aussi.
Les choix politiques sont toujours aussi des choix de vie. Celui qui cultive les grandes valeurs humaines, qui croit que la vie sur cette terre ne trouve sa raison que dans le perfectionnement de l’âme, conçoit la politique avant tout comme un sacerdoce, un espace où il peut œuvrer au bien de sa communauté.
La violence nous assiège parce que nous nous accrochons à des semblants de confort personnel, refusant de prendre position activement contre ces dérives qui peuvent aboutir à la disparition de notre pays. Nos plans de vie se basent sur des génuflexions permanentes devant la médiocrité, la violence, le pouvoir, devant ce que nous considérons comme la puissance, comme une autorité devant nous permettre de nous mettre à l’abri de la précarité. Le corps lui-même et pas seulement l’esprit deviennent une marchandise.
Une marchandise dont s’approprie le puissant. On aura beau hurler, ruer dans les brancards, pointer du doigt ces puissants, le fait est que nous avons créé ces montres avec nos peurs, nos démissions, nos rejets de ces valeurs sans lesquelles une société ne peut progresser sur le chemin du progrès.
La lutte contre la corruption doit s’attaquer à une certaine conception de la vie qui réduit tout à la marchandise. Une conception de la vie faite d’une peur panique de la précarité. Et comme tout est un cercle vicieux, la mauvaise gouvernance appauvrit le pays, crée la précarité qui, elle, forge des monstres, des citoyens prêts à toutes les bassesses, à toutes les compromissions, décidés à subir ou à produire toutes les violences pourvues que le confort soit acquis et conservé.
Il est triste que nos églises, qui prétendent soigner les âmes, restent aussi éloignées de la réalité en promettant le paradis ou le retour de Jésus. Le sermon sur la montagne du grand prophète ne concernait pas le paradis. Cet enseignement concernait l’homme ici et maintenant dans la quête de perfection de l’âme qui est la raison de son incarnation sur Terre. La matière, la marchandise, les philosophies qui engluent l’homme dans l’animalité nous ouvrent les portes de l’enfer.
Notre ère est celle de tous les paris. Quel est le nôtre ?
La Rédaction