Construire nos vraies fiertés !

On a commis un grand crime dans ce pays au cours de ces trente dernières années. Peut-être aussi que c’est un crime planifié qu’on a achevé. Ce crime, le plus horrible dans la vie d’une nation est la dévalorisation du travail.

Aujourd’hui, avec l’exemple donné par toutes ces réussites « frauduleuses » surtout dans le domaine politique, le plus médiatisé, les jeunes, diplôme en main ou pas, ne pensent qu’à une seule chose : toucher le pactole le plus rapidement possible. Les marches de l'escalier, on ne les connait pas ! Gravir les échelons par le mérite, par la compétence, n'est pas dans aucun plan de vie. On veut, sans attendre, le plus haut salaire avec tous les privilèges liés à la fonction du chef  et on comprend vite pourquoi la politique est le secteur le plus en vue pour une réussite rapide. D’ailleurs, il est établi grâce aux soins empressés de ces hommes politiques qui ont fait l’histoire durant ces dernières années que la délinquance, la médiocrité, la veulerie sont des qualités demandés par les pouvoirs en place. Et les décideurs économiques veulent toujours des politiciens, des parlementaires à leur ordre, malheureusement pas souvent dans l’intérêt de la population.

On revient encore au syndrome de la branche pourrie. Elle est pourrie, mais on rêve de venir s’asseoir dessus. Parce que cette branche faut être léger pour y prendre place. C’est-à-dire le cerveau vide, sans idée, une sorte de Frankestein produit par les bas-fonds haïtiens, la djakout dépouillée de toutes les valeurs qui permettaient à notre société de cultiver un peu d’espoir.

Dans cette boue dans laquelle des secteurs politiques et économiques ont plongé ce pays, il faut s’en sortir. Il faut le matériel humain pour s’en sortir. Notre système éducatif, il faut bien l’admettre est plus qu’en mauvais état. Nous n’avons pas le courage de certaines vérités, mais un jour il faudra bien les mettre sur table pour pouvoir affronter la réalité. Nous avons plus de dix mille jeunes haïtiens dans les écoles en République dominicaine et pas un dominicain dans les écoles haïtiennes. Cela veut tout dire. Des nations voulant rattraper leur retard ont envoyé des centaines de leurs jeunes étudier à l’étranger. Ces jeunes de retour chez eux étaient mis immédiatement à contribution. Chez nous notre retard par une déficience intellectuelle est vue comme un avantage. On se fout de ces jeunes haïtiens qui étudient à l’étranger. L’exemple le plus frappant est nos dizaines de jeunes médecins diplômés à Cuba, l’un des pays les plus avancés en médecine, qui ont subi tous les mépris possibles de retour en Haïti et dont la plupart sont allés prêter leur service dans certains pays comme l’Espagne ou le Brésil.

Chez nous nous voulons tout sans travailler. Nous sommes dans l’espace du slogan, des incantations mystiques. L’imaginaire tient lieu de réalité. Notre délabrement on l’ignore avec une folle arrogance.

Pourtant il faudra bien un jour dans la douleur, écarter nos folles fiertés pour s’attaquer à notre réalité pour nous construire de vraies raisons d’être fiers

 

Gary Victor

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