On a fêté le passage à la nouvelle année comme d’habitude. Ce passage chez nous est d’autant plus particulier que le 1erjanvier est la fête de notre indépendance.
On l’a fêté comme d’habitude en tentant d’oublier la situation déplorable qui est la nôtre. Les souhaits étaient souvent en demi-teinte, car revenait souvent la question de la sécurité.
Du côté du pouvoir, on a fait plus que comme d’habitude. Faire comme si tout était normal ce qui est bien sûr plus que difficile même avec la meilleure mauvaise foi du monde. On parle de sécurité comme on a l’habitude de jouer la comédie chez nous. Mais il n’est pas question bien sûr de se rendre aux Champs de Mars ni au MUPANAH.
Dans une émission de radio très écoutée à la capitale on a discuté d’élections, car, parait-il, «on » fait son possible pour qu’elles aient lieu en 2025. Il y a, parait-il, un énième Conseil électoral provisoire constitué. Mais l’auditoire a été un peu perdu dans la discussion entre le journaliste et les intervenants. En cas de guerre, les élections ne sont pas faciles à organiser. Chez nous, il est évident que les conditions ne s’y prêtent pas, d’ailleurs qu’elles sont plus que difficiles dans les conditions dites normales. Les déplacements sont périlleux entre les départements et quasi impossibles entre les départements de l’Ouest et ceux du Grand Sud. La région métropolitaine dans sa grande partie est tenue par les bandits et de la manière dont les Forces de l’Ordre ont reculé, obéissant à on ne sait quelle directive politique ou étrangère, rien ne laisse à penser que les territoires dits perdus ne s’étendront pas davantage.
Ce qui rend le tableau encore plus sombre, c’est l’échec désastreux de la classe politique dans toute sa composante. Cet échec, elle ne l’admet pas et elle veut s’accrocher comme un parasite à sa proie desséchée. Cette classe sera éjectée dans n’importe quel scrutin avec le minimum de liberté et de transparence. Quand on est habitué à la ripaille depuis des décennies, il est à craindre un maintien du chaos et une collusion avec les gangs – ce qui est le cas déjà depuis des années- pour qu’on se maintienne à la table de ce macabre festin sur le dos de la nation.
On voudrait tous que 2025 ne soit pas les années précédentes, que de nouveaux horizons s’offrent à nous. Il faudrait qu’à tous les nouveaux on accepte de poser les vrais problèmes et que l’on comprenne surtout que ce qui a creusé notre tombe ce sont ces nuées d’hommes et de femmes qui ont fait semblant de jouer au directeur général, au ministre, au parlementaire, au Président, au Premier ministre alors que leur véritable motivation était loin des besoins de la nation. C’est la question de la pratique du pouvoir qu’il faut remettre totalement en cause chez nous. Notre chaos, notre échec en tant que nation et État devrait nous permettre d’inventer une autre manière d’aborder la gestion politique de la Chose Publique. Si nous voulons casser le cercle vicieux, nous n’avons pas le choix.
Gary Victor