On parle beaucoup de nouvelle constitution.
On a eu constamment de nouvelles constitutions sans que cela ne change quoi que ce soit.
Une nouvelle constitution doit aller de pair avec la déconstruction systématique d’une conception qui est celle de la pratique du pouvoir en Haïti.
Il faut accepter le fait que tout notre espace politique a toujours été occupé par des dirigeants qui font semblant de l’être. Cela veut dire que le traitement des intérêts de la nation n’a jamais été l’objectif de ces hommes et de ces femmes. L’exercice du pouvoir en fait n’a qu’un but dans la plupart des cas : la jouissance des privilèges pour soi et pour son clan. L’enrichissement au détriment de la communauté.
La seule manière de s’en sortir est d’empêcher un type de pratique, de faire en sorte qu’on élimine tous les privilèges liés à l’exercice de ces hautes fonctions qui doivent être vus désormais comme un service civique.
Le principal attribut du chef devrait être supprimé par exemple. La voiture officielle ! Un ministre, un parlementaire, un directeur général peuvent bien utiliser leur véhicule personnel. Cela se fait dans plein de pays, les pays nordiques par exemple. En supprimant tous les privilèges liés à ces fonctions, en rendant impossible l’enrichissement personnel dans la pratique du pouvoir au sein de l’État, on ne laisserait ces fonctions qu’à ceux qui ont seulement comme objectif de travailler à l’amélioration des conditions de vie de nos citoyens, la relance effective de notre économie et le rétablissement complet de la sécurité sur l’ensemble de notre territoire.
Comme l’a soutenu un dirigeant africain, que ceux qui veulent s’enrichir aillent dans les affaires. Et même dans les affaires, il faut s’enrichir légalement.
Ce pays ne s’en sortira pas avec cette conception de la pratique du pouvoir qui est commune chez nous. Cette conception crée des imposteurs, des comédiens, avec des discours qui peuvent paraître attrayants, mais une fois au pouvoir, les carottes seront cuites encore une fois de la même manière. Travailler à une nouvelle constitution doit aller de pair avec la déconstruction de cette conception. Il faut casser le rêve de tous ceux dont le plan est de venir faire leur tou pa m. Pour cela, il faut que tous les privilèges liés à ces fonctions soient supprimés et que l’État consent seulement à verser à ces hauts fonctionnaires, présidents de la République, parlementaires, ministres, directeurs généraux, des indemnités qui devront être calculées sur des modèles logiques liés aux possibilités du pays. La nation récupérerait des sommes importantes qui seraient investies dans des secteurs porteurs de progrès.
Ce n’est pas une utopie. C’est la seule manière de briser le cercle madichon et de s’en sortir.
Gary Victor
