Les sirènes sont de retour en force dans nos rues. Du moins, les rues non contrôlées par les bandits. La plupart de ces sirènes qui écorchent les tympans des citoyens ne viennent pas de véhicules de la Police nationale, ni de services ambulanciers et encore moins d’un service d’incendie. Ces sirènes sont la plupart actionnées par des fonctionnaires qui se jugent suffisamment en position d’autorité pour exercer un privilège. Celui du droit de passage prioritaire sur les routes, même si celles-ci sont totalement embouteillées au point qu’il faudrait doter les véhicules de ces chefs d’hélices pour qu’ils puissent s’envoler et arriver à destination.
Des conducteurs sans titres, peu scrupuleux, installent même une sirène dans leur véhicule. Le National en a vu quelques-uns. Les policiers ne s’enhardissent pas trop à stopper ces véhicules. De toute manière la plupart des contrôles opérés ne sont que de pures formes. Une façon rapide de terminer sa tâche en se disant qu’un délinquant ou une personne en situation irrégulière ne se soumettra jamais volontairement à un contrôle.
On remarquera qu’en situation trouble, quand les gouvernements vacillent, les sirènes se taisent, se font discrètes. C’est la peur du lendemain pour les apparatchiks haïtiens. Mais dès qu’on sent le gouvernement bien installé, surtout avec la bénédiction des étrangers, les sirènes sont partout. Il faut dire que la sirène et les vitres teintées sont les apparats du chef haïtiens. On ne pourrait pas se concevoir comme chef sans ces deux attributs. Et puis un chef se sent offusqué de peiner dans les embouteillages. Le chef haïtien est toujours pressé même s’il n’est jamais à l’heure, même si, finalement aussi, souvent, il ne brasse que du vent. C’est peut-être trop de vent brassé qui fait que notre pays n’en peut plus dans cette tempête d’ignorance et de violence.
Il y a des lois bien sûr pour règlementer l’utilisation des sirènes. N’importe quel véhicule d’une administration publique s’arroge le droit d’activer une sirène. Dans l’indifférence générale des policiers se laissent aussi enfumer par des pots d’échappement sur des moteurs en mauvais état. Mais là, c’est une autre histoire, tout aussi importante. Pollution sonore. Pollution de l’air. Mépris général de notre environnement physique.
Il y a tant de règles, tant de lois à faire respecter dans ce pays ! Il faudra peut-être attendre cette nouvelle constitution, dont on ne sait d’où elle vient !
Gary Victor