Un des jeunes de ces brigades d’auto défense qui combattent les gangs dans la zone de Carrefour-Feuilles et du Bas Peu de Choses faisait part à un journaliste de sa frustration. Lui et la plupart de ces compagnons avaient la conviction qu’ils étaient très peu soutenus tout simplement parce que la zone qu’ils tentaient de libérer était un quartier populaire. « Ki moun ki enterese a sa k ap pase Mòn Lopital ? » Et pourtant tout Port-au-Prince dépend de ce versant du Morne l’Hôpital que ce soit pour la sécurité ou pour l’environnement. « Un appui minimum de la Police Nationale avec un char par exemple, nous aurait permis de libérer ces quartiers au sud de Port-au-Prince » Ces jeunes comprennent qu’ils se battent pour leur avenir. C’est pour eux une question de survie. La plupart de ceux qui sont aux commandes vivent dans la sécurité illusoire de quartiers aux hauts de la capitale. Des quartiers populaires, on n’en a rien à tirer sauf pour les élections. Ces quartiers sont pourtant à haut potentiel de vote. Ceux qui tirent les ficelles des gangs vont certainement en profiter.
La nouvelle administration issue des prochaines élections aura fort à faire pour remettre la barque nationale à flots. On peut aussi avoir le scénario que tous les citoyens redoutent. Une élection où avec l’aide de la communauté internationale les mêmes délinquants restent aux commandes de la chose publique. Alors ce pays serait une fois encore livré légalement au banditisme et à la criminalité avec cette nuée d’affairistes qui profitent de la précarité de la population.
Le plus grand défi d’une nouvelle administration, saine celle-ci, sera de reprendre le contrôle du territoire national. Depuis des années des communes entières sont sans présence policière. On nage tellement en pleine compétence, que ce soit au niveau des politiques que de l’élite économique que personne ne s’était étonnée que des bandits puissent partir de la Commune de Carrefour, faire tout un chemin sans rencontrer la moindre résistance pour venir semer le deuil à Kenscof. Sous ladite dictature, tout mouvement suspect dans une commune était immédiatement porté à la connaissance du pouvoir central. Aujourd’hui même la notion de pouvoir central semble dépourvue de sens. La notion de territoire est plus qu’une fiction dans la tête de nos pseudos dirigeants et beaucoup de ceux qui déjà veulent avoir le vote des citoyens nagent dans la même incompétence, la même délinquance, le même aveuglément.
Beaucoup veulent venir se poser sur la branche pourrie. Il faut quelqu’un pour casser cette branche.
Qui ?
Gary VICTOR
