L'expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en Haïti, William O'Neill, a présenté Ce mardi 11 mars 2025, un rapport alarmant suite à sa quatrième visite dans le pays depuis sa nomination il y a deux ans. Son constat souligne une crise sécuritaire et humanitaire sans précédent, marquée par la violence des gangs et la souffrance généralisée de la population.
« Il n’y a pas un jour à perdre. Il n’y a pas d’alternative. C’est la survie d’Haïti qui est en jeu», a lancé William O’Neill ce mardi 11 mars 2025 en exhortant la communauté internationale à agir sans délai pour mettre en œuvre les engagements pris, notamment en ce qui concerne les sanctions, l'embargo sur les armes et le renforcement du soutien sécuritaire multinational, conformément au droit international des droits de l’homme.
Suivant lui, malgré les efforts de la Police Nationale d'Haïti, et de la Mission nationale d’appui à la sécurité, la menace de voir la capitale tomber sous le contrôle des gangs est réelle. Ces groupes criminels violents étendent leur emprise au-delà de Port-au-Prince, commettant meurtres, viols, incendies et recrutant des enfants, souvent en toute impunité et parfois avec la complicité d'acteurs influents, a fait savoir William O’Neill lors de la conférence de presse.
Les témoignages recueillis par M. O'Neill illustrent l'ampleur de la tragédie humaine. Par exemple, P., une adolescente de 16 ans, a été violée et battue avec sa belle-mère par sept hommes armés à Kenscoff, avant que son père ne soit tué sous ses yeux, rapporte-t-il, précisant qu’elle exprime une douleur persistante et rêve de devenir psychologue pour aider d'autres survivantes. De même, L., un garçon de 12 ans, recruté de force par les gangs et actuellement incarcéré au Centre de rééducation des mineurs de Port-au-Prince, aspire à une vie normale et souhaite devenir pilote, dénonce l'expert William O’Neill.
De fait, la violence a entraîné le déplacement interne de plus d'un million de personnes, dont des milliers ces dernières semaines, avance t-il dans ses propos. « Ces déplacés vivent dans des conditions précaires, confrontés à la faim et à la violence sexuelle. Dans certains cas, des étudiants ont attaqué des déplacés occupant leur école, craignant de ne pas pouvoir y retourner. », a-t-il relaté.
Pour cause, M. O'Neill appelle à l'unité et à la solidarité à tous les niveaux politiques pour assurer la sécurité, la justice et la survie de l'État. Il insiste sur la nécessité de lutter contre l'impunité et la corruption pour démanteler les gangs, tout en respectant le droit international des droits de l'homme, notamment le droit à la vie.
Vladimir Predvil
