Sécurité alimentaire : la CNSA plaide pour un pont entre urgence humanitaire et développement durable

Près de 5 millions de personnes, soit la moitié de la population haïtienne analysée, classifiées en insécurité alimentaire pour la période de mars à juin 2024, ont besoin d’une action urgente pour combler leurs déficits de consommation alimentaire et protéger leurs moyens d’existence, selon les résultats de la mise à jour de l'analyse IPC d'août 2024.

En effet, environ 5,7 millions de personnes en Haïti connaissent des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë (IPC phase 3 ou plus). Les résultats de la mise à jour de l’analyse IPC d’août 2024 pour la période de mars à juin 2024 indiquent que près de 5 millions de personnes (50 % de la population analysée) sont classifiées en insécurité alimentaire aiguë et, par conséquent, ont besoin d’une action urgente pour combler leurs déficits de consommation alimentaire et protéger leurs moyens d’existence durant la période suscitée. Aussi, la prévalence de l’insécurité alimentaire projetée a augmenté de 45 % à 50 % par rapport à la période d'août 2023 à février 2024.

La détérioration continue des conditions de sécurité alimentaire résulte, entre autres : de la violence persistante et de nouveaux théâtres de conflits armés perturbant sévèrement les chaînes d’approvisionnement de l’accroissement du nombre des déplacés internes contraints d’abandonner leurs moyens d’existence de la hausse de la valeur du panier alimentaire, subissant une augmentation de 22 % en février par rapport au mois d’août 2023 de la faible performance de la campagne d’hiver 2023 et des campagnes antérieures des pertes accrues d’emplois, par ricochet des pertes de sources de revenus en raison de la violence des groupes armés.

Face à cette situation, la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA) alerte les acteurs de la sécurité alimentaire pour s’attaquer aux causes profondes, telles que la faiblesse de l’agriculture, le manque d’accès aux services et les lacunes en matière de gouvernance. L’alignement des interventions sur le lien entre l’aide humanitaire, le développement et la paix peut entraîner des améliorations durables au-delà de la réponse à la crise à court terme, a déploré le coordinateur Harmel Cazeau.

Pour la période allant de mars à juin 2025, seize zones analysées se retrouvent dans une situation urgente (phase 4 de l’IPC ou phase d’urgence). Les ménages y sont en proie à des déficits alimentaires extrêmes, malgré le recours à des mécanismes d’adaptation néfastes, irréversibles pour certains. D’une part, il y a les cinq (5) zones déjà classifiées en phase 4 de l’IPC lors de l’analyse IPC d’août 2023.

Il s'agit des zones rurales de la Grand’Anse, des quartiers Pauvres et Très Pauvres (P&TP) de Port-au-Prince et de Cité Soleil, ainsi que de la partie transversale du département de l’Ouest allant de Croix-des-Bouquets à Petit-Goâve. D’autre part, selon les analyses de la mise à jour de la projection, trois (3) nouvelles unités sont classifiées en phase 4 de l’IPC, notamment : la Gonâve, les quartiers P&TP de Croix-des-Bouquets et la zone rizicole de l’Artibonite. La détérioration a été plus marquée au Haut Artibonite, passée de crise à urgence, ainsi qu'à Port-au-Prince avec une augmentation de la prévalence de 10 %, de 55 % à 65 % de personnes en phase 3 ou pire.

En raison de la sévérité de la situation, des actions urgentes sont nécessaires pour la période de mars à juin 2024 afin de réduire largement la privation à l’alimentation des 50 % de la population classée en phase de crise ou pire, et leurs recours à des mécanismes d’adaptation néfastes. Aussi, à moyen terme, une meilleure articulation des interventions d’urgence à celles de développement est nécessaire afin d’avoir des effets plus durables sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle des familles ainsi que, plus globalement, sur les moyens d’existence. Et, les familles agricoles fortement capitalisées, en raison des chocs économiques et des contre-performances des campagnes agricoles antérieures, nécessitent un appui immédiat pour la mise en place de la campagne de printemps 2025.

Gérard Hirsh Résil

 

 

 

 

 

 

 

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES