La décision de révoquer le Statut de Protection Temporaire (TPS) pour les migrants haïtiens a provoqué un choc au sein de la communauté haïtienne vivant aux États-Unis. Certains migrants ont déjà commencé à vendre les biens qu’ils possédaient, anticipant une expulsion imminente, selon Frandley Julien, avocat spécialisé en immigration. Ce dernier qualifie la décision de « catastrophe » susceptible d’affecter plus de 500 000 ressortissants haïtiens.
L’administration de Donald Trump justifie cette mesure en affirmant que la situation en Haïti s’est améliorée. C’est l’un des principaux arguments avancés pour mettre fin au programme TPS. Cependant, Me Julien estime que la réalité actuelle en Haïti est extrêmement grave et que les arguments du gouvernement américain ne tiennent pas. Ironiquement, quelques jours avant cette annonce, les autorités américaines avaient elles-mêmes lancé une alerte demandant à leurs citoyens de quitter le territoire haïtien en raison de l’escalade de la violence des gangs. Selon les Nations unies, plus de 2 000 personnes ont été tuées entre le 1er janvier et le 30 mai 2025.
C’est le vendredi 27 juin que l’administration Trump a officiellement mis fin au programme TPS pour les Haïtiens, une mesure qui sera effective en date du 2 septembre 2025. Cette décision intervient peu après la révocation du statut légal pour les bénéficiaires des programmes humanitaires « Parole » concernant quatre pays d’Amérique (Venezuela, Haïti, Cuba, Nicaragua), ainsi que du programme « CBP One », destiné aux migrants ayant franchi la frontière américaine avec le Mexique.
Chez les migrants, l’inquiétude est palpable. De nombreuses personnes qui fuyaient l’insécurité se retrouvent désormais dans une situation précaire et imprévue, privées du droit de travailler, de circuler librement ou de bénéficier de certaines protections. Richard, un jeune haïtien de 23 ans arrivé récemment aux États-Unis dans le cadre du programme Biden, témoigne de sa frustration. Il confie vivre un stress intense : « Je n’ai même pas deux ans ici. Cette décision me fait très mal. Je pensais avoir plus d’options, passer un moment tranquille. Maintenant tout est compliqué. Je deviens illégal alors que le programme Biden nous avait promis une véritable protection. »
Selon l’avocat Frandley Julien, les recours sont limités dans ce dossier, d’autant que la Cour suprême a validé la position de l’administration, soutenant pleinement les décisions du président Trump. Néanmoins, Me Julien estime qu’il est encore possible pour la communauté haïtienne de se mobiliser afin d’envoyer un message fort aux autorités américaines, mettant en lumière les conséquences économiques du départ forcé de plus d’un demi-million de personnes. « Les chambres de commerce peuvent tenter une négociation en ce sens, bien que cela reste difficile. Beaucoup de gens commencent à vendre leur maison. Beaucoup croient déjà qu’ils seront expulsés, alors même qu’Haïti n’est pas en état de les accueillir », affirme-t-il.
Quelques heures après l’annonce de l’annulation du TPS pour les Haïtiens, le gouvernement américain a toutefois indiqué qu’un programme de protection serait mis en place pour certains travailleurs, notamment dans l’agriculture et l’hôtellerie, secteurs où les migrants sont souvent essentiels à l’économie. Pour de nombreux observateurs, ces récentes décisions de Donald Trump en matière d’immigration relèvent d’une logique raciste et causent de graves dégâts, exposant un grand nombre de personnes à de nouveaux dangers. Ces derniers mois, de nombreux migrants vivant depuis des années aux États-Unis craignent même de se déplacer. La présence d’agents d’ICE (police migratoire) suscite une grande panique parmi les ressortissants étrangers, qui sentent leurs droits à la mobilité et à la protection de plus en plus menacés.
Oberde Charles