La situation de l’insécurité en Haïti suscite une vive inquiétude parmi les acteurs du secteur éducatif.
Alors que la rentrée scolaire approche, l’Organisation des Directeurs d’Écoles Privées de la République d’Haïti (ODEPRDH) a organisé une conférence de presse afin de soulever des préoccupations majeures sur la sécurité et la qualité de l'éducation dans le pays. Me James Polot, président de l’ODEPRDH, ainsi qu’Yves Pheterson Georges, membre de l’ODEPRDH, alertent les autorités sur la situation actuelle et proposer des solutions concrètes.
Me James Polot a souligné l'urgence de prendre des mesures pour garantir la sécurité des élèves avant la réouverture des classes.
Dans son intervention, il a évoqué la gravité de la situation sécuritaire dans le pays, qui continue de se détériorer, rendant difficile l’accès des élèves à l'éducation. Selon lui, les conditions actuelles ne permettent pas une réouverture des écoles dans les meilleures conditions le 1er octobre 2025. Il a donc appelé les autorités, notamment le Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, les membres du Conseil présidentiel de transition (CPT) et le ministre de l’Éducation nationale, Antoine Augustin, à prendre des mesures immédiates pour assurer la sécurité des établissements scolaires.
Me Polot a également insisté sur la nécessité d'une intervention urgente pour protéger les enfants et permettre une bonne reprise de l’activité scolaire. Selon lui, le gouvernement haïtien doit mettre en place des mesures concrètes pour que les écoles puissent fonctionner dans un cadre sécurisé. Il a souligné que, sans sécurité, la rentrée scolaire serait impossible, estimant que cela est dans l’intérêt des élèves, des enseignants et de tout le personnel éducatif.
Au-delà de la sécurité, Me Polot a proposé plusieurs recommandations pour améliorer les conditions d’enseignement. Parmi celles-ci, il a suggéré que l’État haïtien subventionne davantage les écoles, notamment celles situées dans les zones les plus touchées par la violence. Ces financements pourraient aider à maintenir le bon fonctionnement des établissements scolaires, tout en réduisant les inégalités entre les différentes régions du pays.
Il a également insisté sur un partenariat renforcé entre le gouvernement haïtien et des organisations internationales telles que l’UNICEF, l’UNESCO et le Programme alimentaire mondial (PAM). Ces partenariats pourraient permettre de fournir un soutien logistique et financier aux écoles, mais aussi d’assurer un approvisionnement alimentaire pour les élèves, en particulier dans les zones où la crise alimentaire est exacerbée.
En outre, Me Polot a adressé un message au nouveau directeur de la FNE (Fonds national de l’Éducation), Élysée Collagène, pour lui demander de garantir l’absence de discrimination dans le processus de soutien aux écoles. Il a souligné l'importance d’assurer une prise en charge équitable pour toutes les écoles, peu importe leur situation géographique ou leur statut.
Yves Pheterson Georges, membre de l’ODEPRDH, a également pris la parole pour exprimer ses préoccupations quant à l'annulation des examens officiels pour les classes de la 6ᵉ année fondamentale et du Nouveau secondaire 3, anciennement appelé la Rhéto.
Il estime que ces deux classes devraient redevenir officielles afin de renforcer le système éducatif haïtien.
D'après lui, la décision récente du ministre de l’Éducation de permettre aux élèves de la 1ʳᵉ année fondamentale et de la 3ᵉ AF de ne pas redoubler, tout en passant à l'année suivante, pourrait avoir de graves conséquences sur la qualité du système éducatif haïtien.
De son côté, Yves Pheterson Georges a souligné que cette mesure risquait de fragiliser la formation des élèves, car elle permet à certains de passer des niveaux sans avoir acquis les connaissances fondamentales nécessaires. Il a donc demandé au gouvernement de reconsidérer cette décision et de reprendre les examens officiels pour assurer que chaque élève atteigne les standards requis pour avancer dans son parcours scolaire.
Il a également lancé un appel aux parents pour qu'ils prennent davantage leurs responsabilités dans l’accompagnement scolaire de leurs enfants. Selon lui, un travail d’équipe entre parents et éducateurs est essentiel pour assurer un enseignement de qualité et éviter une dégradation supplémentaire du système éducatif haïtien.
Modeline Youte
