Après le passage dévastateur de l’ouragan Mélissa sur Haïti, le pays pourrait faire face à une crise économique encore plus précaire. Dans les départements les plus touchés, les habitants gardent un goût amer de cette catastrophe qui a ravagé des vies, des infrastructures et des moyens de subsistance déjà fragiles.
Les conséquences sont lourdes. Environ une trentaine de personnes ont perdu la vie, des milliers de maisons détruites ou endommagées, des axes routiers coupés, et un nombre important de bétail emporté par les inondations. Le plus préoccupant reste la destruction massive des jardins vivriers, qui plonge les communautés rurales dans une insécurité alimentaire déjà aiguë.
Selon les estimations des Nations unies, plus de deux millions de personnes sont affectées. Les pertes agricoles sont considérables, compromettant la sécurité alimentaire dans un pays déjà confronté à la pauvreté et à l’instabilité.
Le secteur informel, pilier de l’économie haïtienne, est lui aussi paralysé. Les dégâts matériels et les déplacements de population freinent la reprise des activités commerciales, aggravant une situation économique déjà précaire.
À ce niveau, l’économiste Joseph Harold Pierre alerte sur une inflation qui pourrait s’intensifier dans les semaines à venir. « Le passage de Mélissa va affecter la circulation des biens et des services, et entraîner une hausse des prix des produits de base, notamment en raison de la destruction des jardins vivriers », explique-t-il.
L’économiste souligne également que l’insécurité persistante compliquait déjà l’acheminement des produits vers la capitale. « Aujourd’hui, avec les jardins ravagés, les habitants sombrent dans le désespoir. Une rareté des produits est à prévoir, ce qui accentuera la vulnérabilité des ménages », prévient-il.
Malgré le déblocage partiel de certains axes routiers, les dégâts restent considérables. Les conditions de vie se détériorent, et les risques d’insécurité alimentaire s’intensifient. À cet effet, l’économiste Joseph Harold Pierre s’accorde sur deux points fondamentaux: une hausse des prix des produits et une possibilité d’une inflation galopante.
Toutefois, ce dernier pointe également du doigt sur l’État haïtien, qu’il juge absent dans la gestion de post-catastrophe. Selon lui, L’État devrait assumer ses responsabilités, notamment en créant des emplois à travers la reconstruction de certaines maisons détruites ou endommagées par le passage de l’ouragan Mélissa. Mais malheureusement, les habitants sont livrés à eux-mêmes, sans assistance, déplore Joseph Harold Pierre.
L’ouragan Mélissa a exposé les failles structurelles de l’État haïtien dans la gestion des crises et la protection de ses citoyens. La violence des gangs, omniprésente, complique davantage les efforts de reconstruction et de relance économique. En définitive, Mélissa n’a pas seulement été une catastrophe naturelle mais elle a creusé plus profondément le fossé entre les besoins urgents de la population et les capacités limitées de l’État à y répondre.
Likenton Joseph
