VOIX EMERGENTES

Des actions à mettre en œuvre pour donner du pouvoir aux individus

C'est un fait indéniable que les organismes internationaux se raffolent des données chiffrées, en un mot, de statistiques. Ils font état de plusieurs milliers de déplacés suite à la violence des gangs. Les chiffres grossissent de plus en plus avec les derniers assauts des bandits à Solino et dans les zones avoisinantes. La capitale, si c'en est encore une, affiche désolation, catastrophe tant le décor est apocalyptique. Face à un tel constat que faire? Voix émergentes proposent aux autorités de disposer.

Le gouvernement a annoncé la mise en oeuvre d'un programme consistant à donner un plat chaud aux communautés des déplacés durant quatorze jours grâce à un financement de la BID. Compte tenu de l'urgence du moment, on ne saurait nier le côté salutaire d'une telle mesure. Mais parallèlement, cette mesure témoigne de l'incapacité de l'Etat à joindre les deux bouts. Il n'est pas à même de prendre soin des siens tout seul. Un autre chiffre alarmant qui corrobore ce qui vient d'être dit c'est que plus de la moitié de la population, soit 6.5 millions de personnes, vit en dessous du seuil de la pauvreté. Il y a urgence d'agir.

La mesure la plus viable c'est d'accompagner significativement les gens pour qu'ils regagnent leurs quatiers ou leurs communautés d'origine. Pour ce faire, une évaluation rapide et circonstanciée des dégats causés suite aux actes de vandalisme et de pillage orchestrés par les bandits devra être réalisée. Des fonds importants devront être mobilisés pour réparer les maisons. Ensuite, il faudra doter les gens de moyens pécuniaires pour leur permettre de se relancer. Mais le préalable à tout cela c'est la sécurité dont on dit qu'elle est le premier des biens publics. Les gouvernements antérieurs ont commis la Grosse bêtise de ne pas freiner la progression des hors la loi. Il est donc temps que l'Etat reprenne la main. Soit on est un Etat dans le sens wébérien du terme soit on ne l'est pas. Il ne s'agit plus de confiner les bandits dans leurs zones d'influence, mais de s'attaquer, pour de bon, à ce mal qui cause une catastrophe humaine et matérielle dont on ne mesure pas encore toute l'ampleur.

Cette démarche telle que décrite plus haut viserait à réhabiliter les gens, bref, à leur donner du pouvoir pour qu'ils soient à même de se prendre en charge.

Donner du pouvoir aux individus, c'est leur permettre de s'épanouir, de s'accomplir pleinement. Chaque individu a des potentiels et des talents qui ne s'éclosent pas dans un environment mortifère. Les décideurs ont pour obligation de changer la donne en faisant de la politique autrement, car il est de leur devoir d'administrer la cité de manière efficace. Ainsi, inscrire l'intérêt général au coeur même de l'action politique telle est l'obligation des hommes d'état qui, au dire de Winston Churchill, pensent à la génération future. Haïti doit capitaliser sur ses ressources humaines qu'elle doit impérativement bonifier.

Par ailleurs, il faudra penser aux traumatismes psychologiques. Dans ce désastre provoqué et trop longtemps entretenu, les uns ou les autres ont perdu soit un ou des proches. Le pays mettra du temps pour panser ses plaies ou traumas. L'appui psychosocial au cas par cas s'avère donc nécessaire. Transformer des communautés meurtries en des communautés résillientes qui transcendent les rancoeurs telle sera l'utilité des thérapies à mettre en oeuvre. Et, plus vite on s'y met mieux c'est.

On ne résout pas des problèmes sérieux à l'aide d'expédients. Le plat chaud ne peut répondre qu'à un besoin ponctuel qui se renouvelle journellement, certes, mais qui se révèle insoutenable à plus ou moins long terme.

 

Narcisse Jean-Baptiste

 

 

 

 

 

 

 

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