1- Introduction
Depuis plus de cinq ans, un thème récurrent dans les débats sur la situation en Haïti est celui du « système ». Ce concept a pris une ampleur particulière après l'assassinat du président Jovenel Moïse, qui l'a utilisé pour désigner un groupe d'individus contrôlant le pays. De nombreux observateurs estiment que ce même système est en partie responsable de sa mort tragique.
Comprendre ce système, sa constitution et son histoire est essentiel pour saisir la dynamique actuelle du pays. Il représente non seulement une structure de pouvoir, mais aussi un héritage complexe d’inégalités et de luttes politiques.
Analyser cette réalité permet d'éclairer les défis auxquels Haïti est confronté et d'initier des réflexions sur les voies possibles pour un avenir meilleur. En effet, Aujourd'hui, 17 octobre 2025, marque le 219 année depuis ce système a défié Dessalines, le père fondateur d'Haïti.
2- Qu'est-ce qu'un système ?
Un "système" est un ensemble d'éléments organisés et interdépendants qui fonctionnent selon des règles communes pour atteindre un objectif ou une fonction.
Un système n’est pas simplement un assemblage d’éléments ; c’est une entité dynamique et organisée où chaque composant interagit selon des principes précis.
Les exemples sont très variés et peuvent inclure des systèmes naturels (système solaire, système nerveux), ou des systèmes humains (système social, système informatique).
2.1- L'Importance des Relations
Le système est plus que la somme de ses parties ; il repose sur les relations et les interactions qui unissent ses composants. Cette idée souligne l'importance cruciale d'analyser ces relations dans l'étude des systèmes complexes. Par exemple, dans le domaine de l'économie, les marchés ne peuvent pas être compris en examinant uniquement les transactions individuelles. C'est l'interaction entre l'offre et la demande, ainsi que les influences sociopolitiques, qui façonne les fluctuations économiques. De même, dans la gestion des écosystèmes, comprendre les relations entre les espèces—prédateurs, proies et plantes—est vital pour maintenir l'équilibre écologique. En négligeant ces interactions, nous risquons de passer à côté de l'essentiel et de mal interpréter les dynamiques en jeu. Comme disait Aristote: “le tout est bien plus que la somme de ces parties”.
Mais de quel système parlent constamment les Haïtiens ? Existe-t-il réellement, ou est-ce une abstraction ?
3- Le “Système” d'Haïti
Pour comprendre ce système dont il est souvent question, il est essentiel d'explorer la sociogenèse d'Haïti. Cela inclut notre histoire depuis la période coloniale, marquée par l'exploitation et l'oppression, jusqu'à notre indépendance le 1er janvier 1804, qui a été le fruit d'une lutte acharnée pour la liberté.
Depuis lors, Haïti a traversé diverses crises politiques, économiques et sociales, façonnant ainsi l'identité et la culture du pays. Analyser ces événements permet de mieux saisir comment les héritages du passé continuent d'influencer notre présent.
4- la sociogenèse d'Haïti
1. Les Blancs au sommet : Dans les colonies, les Européens (ou les colons blancs) occupaient généralement les positions de pouvoir. Ils contrôlaient les plantations, l'administration et les ressources économiques.
2. Les Affranchis : Les affranchis, qui comprenaient des individus ayant gagné leur liberté par divers moyens, avaient un statut intermédiaire. Les mulâtres, souvent issus de relations entre colons et esclaves, pouvaient bénéficier de certains privilèges, mais restaient en grande partie exclus des droits complets accordés aux Blancs.
3. Les Esclaves : La majorité de la population dans certaines colonies était composée d'esclaves, qui étaient traités comme des biens plutôt que comme des êtres humains. Leur vie était marquée par le travail forcé, la violence et la privation de droits fondamentaux.
La Révolution haïtienne, qui débute en 1791, est un tournant majeur dans l'histoire des luttes anti-esclavagistes. À cette époque, Saint-Domingue, alors colonie française, est l'une des plus riches au monde, mais elle repose sur un système d'esclavage brutal. Les conditions inhumaines des esclaves, combinées à l'influence des idéaux de liberté et d'égalité issus de la Révolution française, poussent les esclaves à se soulever.
Toussaint Louverture émerge rapidement comme le leader charismatique de cette révolte. Ancien esclave devenu général, il use de sa diplomatie et de son intelligence militaire pour établir un contrôle sur la colonie. En 1801, il réussit à abolir l'esclavage et à instituer un gouvernement qui promeut l'autonomie. Cependant, sa prise de pouvoir ne plaît pas à les élites politico-militaires de Saint-Domingue en particulier les partisans de André Rigaud dans le sud. La dynamique externe et interne Les anciens libres semblaient très bien placés pour combler le vide laissé par les départs successifs et massifs des Blancs de la colonie.
Certes, le poids du nombre était un facteur favorable, mais il ne fut pas suffisant pour permettre aux nouveaux libres de passer du stade d’objet à celui d’acteur ou sujet de l’histoire.
Les anciens esclaves, ayant vécu l'oppression, possèdent une légitimité unique dans la formation de la nouvelle nation. Ils revendiquent leur droit à un rôle actif dans la construction de la société haïtienne.
5- La Vision Dessalines
Dessalines, en tant qu'architecte de l'indépendance, a une vision inclusive pour Haïti. Il croit que le pays doit être un refuge pour tous ceux qui aspirent à la liberté, qu'ils soient Noirs ou Mulâtres. Pour cette raison, il met en place des politiques d'émigration et prend des mesures pour redistribuer les terres, cherchant à établir une certaine égalité.
Cependant, ces politiques sont mal accueillies par les élites mulâtres, qui estiment que la séparation des terres et des ressources est injuste. Dessalines, confronté à un mécontentement croissant, devient une figure de plus en plus contestée. En 1806, il est assassiné dans un complot politique, marquant le début d'une période de fragmentation et de rivalités au sein du pays.
Cette structure sociale a eu des conséquences durables sur les sociétés contemporaines, avec des luttes pour les droits civils et l'égalité qui continuent à résonner aujourd'hui.
6- La division géographique
Depuis la mort de l'empereur, Haïti est plongé dans le chaos. Le pays, divisé, est le théâtre d'une lutte acharnée pour le pouvoir. Au nord, Christophe s'affirme, tandis qu'au sud, Pétion défend ses intérêts. Cette guerre de factions dure plus de dix ans, laissant des cicatrices profondes dans la société haïtienne.
7- Jean-Pierre Boyer (1818 - 1843)
Cependant, avec l'arrivée au pouvoir de Boyer, une tentative de fusion géographique émerge. Bien que le territoire soit à nouveau unifié, les fractures raciales demeurent béantes. Les mulâtres, dont Boyer est lui-même issu, reprennent le contrôle, reléguant les autres classes à l'arrière-plan.
Sous la gouvernance de Boyer, qui s'étale sur 25 longues années, la situation économique du pays se détériore de manière alarmante. C'est durant cette période qu'un accord controversé est conclu avec la France, obligeant Haïti à rembourser la dette de son indépendance. Cette décision, héritage des colons, pèse lourdement sur les épaules d'une nation déjà éprouvée.
La gouvernance de Boyer, loin d'apporter la prospérité promise, exacerbe les inégalités et laisse le pays à la dérive, confronté à des défis structurels qui continuent d'affecter son développement.
9- Politique de doublures
Après l'exil de Jean-Pierre Boyer en 1843, le pays revient entre les mains d'un mulâtre.
Après Boyer, c'est Rivière Hérald qui lui a succédé. Cependant, ceux qui détenaient le pouvoir avaient le contrôle sur tous les systèmes du pays, le peuple exprimait une demande claire : ils souhaitaient qu'un Noir prenne la présidence du pays. Bien qu’ils aient déjà le pouvoir en main, ils étaient prêts à accepter l’élection d’un Noir à la tête de l’État.
Les élections qui ont suivi ont vu l'émergence de candidats noirs, mais ces élus étaient souvent des figures qui manquaient de véritable capacité à gouverner. Ce phénomène a été qualifié de "politique de doublures", où les véritables décisions étaient prises en coulisses, laissant ces présidents de façade sans réelle autorité. Ce système a donné lieu à quatre présidents successifs : Philippe Guerrier, Louis Pierrot, Jean-Baptiste Riche et Faustin Soulouque. Chacun d'eux a occupé le pouvoir pendant une durée limitée de 11 mois, à l'exception de Soulouque.
10- Faustin Soulouque (1847-1859)
Soulouque, quant à lui, a réussi à mettre un terme à cette politique de doublures, tentant ainsi de redéfinir le paysage politique. Bien que Louis Pierrot ait également essayé de rétablir l'ordre et la stabilité, il s’est heurté à un système profondément enraciné qui s'opposait à tout changement significatif.
Sous le règne de Faustin Soulouque, l'ordre de l'État était solidement ancré dans la République. Proclamé empereur en 1849, Soulouque dirigeait d'une main de fer, n'hésitant pas à éliminer et à exiler quiconque osait s'opposer à lui.
Son gouvernement marquait un tournant pour le pays, qui commençait à retrouver son autonomie. Cependant, cette quête de souveraineté était entravée par des relations internationales tumultueuses.
Avec les États-Unis, les relations n'allaient pas trop bien, à cause de la Navase ( île haïtienne) convoité par les États-Unis. Malheureusement, la d'échéance de Soulouque ne lui a permis d'expulser les américains de cette portion de terre.
Du côté de la France, tout n'allaient pas de bon tain, vu l'intention de l'ancienne métropole de reconnaître l'indépendance de la république dominicaine, convoité par Soulouque. Ce dernier refusa de poursuire l'accutement de la dette de l'indépendance.
La situation avec la République dominicaine était particulièrement explosive. A l'est, il s'agissait tout simplement pour l'empereur de faire entrer de doit cette partie de l'île. Sous le Giron d'Haïti.
Il entreprenant deux (2) campagne. La première en 1849, soldé par un échec. La deuxième en 1855, permettait à Haïti de conserver le territoire comme Hinche, Lascahobas et Cerca-Carvajal.
Ainsi, malgré ses efforts pour établir un gouvernement stable, Faustin Soulouque se heurtait à des défis internes et externes considérables, entravant le véritable avancement de l'autonomie d'Haïti et laissant une empreinte durable sur les relations internationales de la région.
"L'économie connaît une nouvelle dégringolade, même le dollar américain atteignant 16 gourdes. Confronté à cette crise insupportable, il a dû prendre la difficile décision de s'exiler en Jamaïque à la recherche de meilleures perspectives."
11- Fabre Nicolas Geffrard (1859-1867)
Après avoir été impliqué dans un coup d'État visant à renverser l'empereur, Geffrard est arrêté, mais il parvient à s'évader pour conduire la Révolution de 1859, qui aboutit à la chute définitive de l'Empire. Il restaure l'ordre et met en œuvre une version amendée de la constitution de 1816, ce qui lui permet de se faire élire président à vie le 15 janvier 1859.
Sa présidence constitue une période d'intermède en plein tumulte politique. Il négocie un concordat avec le Vatican, signé à Rome le 28 mars 1860, mettant fin à la scission entre les catholiques haïtiens et l'Église de Rome. Sous son mandat, Haïti est reconnue par les États-Unis d'Abraham Lincoln le 5 juin 1862. Geffrard encourage le développement de l'éducation publique, tant au niveau primaire que supérieur. Avec son code rural de 1863, il institue la corvée pour la construction de routes, de canaux et de fontaines. Il favorise également les exportations de coton et réduit l'effectif de l'armée de moitié. Cependant, la situation financière du pays demeure précaire.
Au cours de cette période, le pays est plongé dans une instabilité politique permanente, caractérisée par une lutte acharnée entre deux classes qui s'efforcent de prendre le contrôle dans tous les domaines. Avec l'arrivée des Américains, l'influence étrangère se fait plus pressante, exacerbant cette situation en favorisant tantôt les clans des mulâtres, tantôt ceux des Noirs. Il arrive souvent que des membres de la communauté noire rejoignent les clans mulâtres, motivés par des intérêts personnels, des relations amoureuses ou par crainte de perdre leur statut.
Cette dynamique crée une fragmentation au sein de la communauté internationale, où chaque partie agit selon ses propres intérêts, contribuant ainsi à l’instabilité du pays. En conséquence, le pays reste piégé dans un cycle de crise politique et économique, rendant toute perspective de paix et de prospérité difficilement envisageable.
12- L'occupation américainne (1915-1934)
L'occupation américaine d'Haïti a débuté en 1915 et a duré 19 ans et 4 jours, jusqu'au 1er août 1934. Avant l'arrivée des Américains, le pays était en proie à une instabilité politique chronique, marquée par des luttes internes pour le pouvoir et des conflits fréquents. Les États-Unis, se présentant comme des sauveurs, ont justifié leur intervention par des missions officielles visant à rétablir l'ordre dans un pays en désarroi. Cependant, pendant toute la durée de l'occupation, Haïti n'a pas connu la stabilité promise. Les injustices et les inégalités ont persisté, et toute tentative de résistance était sévèrement réprimée. Les opposants au régime occupé étaient souvent étiquetés comme des "bandits". Cette répression a conduit à des événements tragiques, comme l'assassinat de Charlemagne Péralte, un chef du groupe cacos, qui s'est opposé à l'autorité américaine. Cette période a profondément marqué l'histoire d'Haïti et a laissé des cicatrices durables dans la conscience nationale.
Après l'occupation américaine, Haïti a connu une succession de gouvernements instables. De nombreux coups d'État et tentatives de prise de pouvoir ont eu lieu, ce qui a empêché toute forme de stabilité politique durable.
Bien que Dumarsais Estimé ait tenté d'initier des réformes, l'économie haïtienne est restée fragile et dépendante de l'agriculture. Les efforts pour développer l'industrie n'ont pas abouti à des résultats significatifs.
La lutte pour le pouvoir entre différents groupes politiques a souvent abouti à des conflits violents, exacerbant l'instabilité.
En somme, la période qui a suivi l'occupation américaine a été marquée par des défis considérables pour Haïti, tant sur le plan politique qu'économique, et a préparé le terrain pour des régimes autoritaires comme celui de Duvalier.
13- François Duvalier (1957-1971)
François Duvalier, ancien ministre de la Santé, est élu président d'Haïti en 1957 avec un programme populiste et nationaliste noiriste, sous les couleurs du Parti de l'unité nationale (PUN). Tirant parti de la guerre froide et des tensions avec Cuba, il parvient à obtenir le soutien des États-Unis, motivé par des intérêts économiques. Avant d'entrer en politique, Duvalier était médecin, ce qui lui vaut le surnom de « Papa Doc », d'abord donné par ses partisans, puis adopté par la population en général.
Après sa réélection en 1961, il renforce progressivement son pouvoir, atteignant son apogée en 1964 lorsqu'il se déclare président à vie. À partir de ce moment, la vie politique en Haïti devient relativement plus stable. En prenant le contrôle du pays et en écartant les États-Unis, Duvalier met en œuvre une politique répressive, nationaliste, anticommuniste et antiaméricaine, transformant Haïti selon ses propres idéaux.
Duvalier se distingue par son style de gouvernance autoritaire, devenant un homme de fer et un martyr pour ses opposants. Quiconque s'oppose à lui risque l'exécution, l'emprisonnement ou l'exil. Même la communauté internationale craint de le défier, car il dirige selon ses propres règles.
« Où en est la lutte entre les mulâtres et les Noirs ? De quel clan est ce dictateur ? »
14- Les Levantins
La dynamique socio-économique en Haïti à la fin du 19ème siècle a été marquée par l'arrivée massive d'immigrants levantins, principalement d'origine chrétienne maronite, arménienne, syrienne et libanaise. Cette immigration a suscité des tensions, notamment entre les commerçants haïtiens et les nouveaux arrivants.
14.1- L'Arrivée des Immigrants Levantins
Vers 1890, sous la présidence de Florvil Hyppolite, des hordes de Levantins fuyaient les persécutions dans l'Empire ottoman. Ils cherchaient refuge en Haïti, espérant y trouver une vie paisible pour leurs familles. L’arrivée massive de ces immigrants, de ces Bacha, de ces Chamié, Attié, Salamé, Assali, Batroni, Aziz, Moura, Issa, Ben Issa, Saliba, Benhabib, Najib, Sassine, Fatal, Fadoul, Handal, Fouad, Hage, Cassis, Rachid, Salès, Jaar, Khoury, bref, Beaucoup d’entre eux portaient sur leurs épaules des caisses de marchandises…ce qui faisait d’eux une source de moquerie de la part des habitants de l’époque qui les surnommait « Bwèt nan do » ou encore « Arab manje koulèv». ces Arabes, comme on les dénomme assez généralement, à cause de leur langue, n’allait pas tarder à alimenter la controverse et enflammer l’ardeur nationaliste des chroniqueurs.Leur présence a rapidement alimenté des sentiments nationalistes parmi les Haïtiens, qui voyaient ces immigrants comme une menace pour leur commerce.
14.2- Réactions des Commerçants Haïtiens
Le journal “Le Devoir” illustre ce ressentiment en adoptant la devise « Haïti aux Haïtiens », se présentant comme un porte-parole des commerçants locaux. Les Levantins, perçus comme des concurrents déloyaux, étaient accusés de pratiques commerciales malhonnêtes. Leur succès dans le commerce de détail a provoqué une réaction hostile, culminant avec la loi du 13 août 1903 qui interdisait leur immigration.
14.3- Les Expulsions sous le Régime de Leconte
Le président Leconte a appliqué strictement les lois d'expulsion contre les Levantins. Dans un contexte de tensions politiques, une explosion au Palais national en 1912 a suscité des accusations contre la communauté levantine, aggravant les tensions raciales et économiques. Leconte n’aimait pas les Arabes et c’est sous son administration que l’ordre d’expulsion, qui les visait, sera le plus strictement appliqué. Dans la nuit du 8 août 1912, une terrible explosion fait sauter le Palais national entraînant dans la mort plusieurs centaines de soldats et le président Leconte lui-même. Les rumeurs de complots ne cesseront jamais d’être évoquées pour expliquer cet événement. Même si, pour démêler cette question, on ne sortira jamais du cercle des hypothèses, il n’empêche que parmi les nombreuses théories qui circulaient on fera vite figurer les Syriens sur la liste des suspects responsables de la mort tragique du président Leconte.
14.4- Occupation Américaine et Opportunités pour les Levantins
Après la déclaration de guerre d'Haïti contre l'Allemagne en 1917, les biens allemands furent confisqués, ouvrant la voie à une domination croissante des commerçants levantins. Malgré les rumeurs d'expulsions, ils ont su s'adapter et prospérer, se constituant en une oligarchie financière. En réponse à tant de sollicitude, 46 commerçants levantins recouvraient de leur signature une longue pétition qui fut remise, en janvier 1921, à la Légation américaine, avec prière de la transmettre au secrétaire d’État des États-Unis, M. Bainbridge Colby. Dans cette lettre collective, la colonie levantine félicite les autorités de l’Occupation pour leur œuvre de pacification et expriment le souhait de les voir rester le plus longtemps possible au pays.
14.5- Le Régime de Lescot
Sous le gouvernement de Lescot, les Levantins ont accru leur influence, bénéficiant de décrets favorables qui ont ouvert le commerce de détail aux étrangers. Lescot a également introduit des Levantins dans la fonction publique, rompant avec les orthodoxies précédentes. Pendant toute la période coïncidant avec la Seconde Guerre mondiale, Lescot réservera le monopole de l’importation et de la distribution des produits stratégiques à ses amis levantins qui amèneront rapidement des fortunes colossales. On peut compter les familles Baboun, Bigio, Bouez, Abitbol, Talamas, Silvera parmi les bénéficiaires directs des libéralités de Lescot. Voici une reformulation plus convaincante et percutante :
La Révolution de 1946, qui suggère la montée des Noirs au pouvoir, ne peut être qualifiée de révolution au sens traditionnel du terme. C’était avant tout un changement d’équipe, catalysé par les erreurs du Président Élie Lescot face à la question raciale. Les récits de l’époque révèlent que les couloirs du Palais National étaient majoritairement occupés par des individus clairs ou presque blancs, tandis que quelques descendants d’anciens affranchis ou de Noirs libres, devenus riches, peinaient à se faire une place. Dans les Facultés de l’unique Université du pays, ainsi que dans les clubs sociaux et littéraires, Haïti était dominée par des hommes aux teintes arabes, mulâtres et hautement instruits, tous ayant reçu leur éducation en France et maîtrisant parfaitement la langue. À l’exception de figures comme Dumarsais Estimé, un député noir des Verrettes. C’est de cette problématique raciale et de compétence qu’est issu le changement de pouvoir en 1946, suivi des entraves imposées par le duvaliérisme noiriste, fervent défenseur de la Négritude d’État.
14.6- Influence sous Duvalier
Levaliement de la communauté levantine s'est poursuivi sous le régime de Duvalier, qui a intégré plusieurs membres de cette communauté dans des postes gouvernementaux clés. Cela a marqué une évolution significative dans la perception et le rôle des immigrants dans la politique haïtienne.
Duvalier n'entretient pas de bonnes relations avec les mulâtres, qui étaient présents sur cette terre bien avant l'indépendance. Les mulâtres réclamaient des privilèges plus importants. En tant que dictateur, Duvalier a pris des mesures drastiques, faisant exécuter de nombreux mulâtres, dont 27 à Jérémie, issus des familles Drouin et Sansaricq (vêpres Jérémiennes). Beaucoup d'autres ont également été tués devant le cimetière de Port-au-Prince.
Duvalier a choisi Ludovic « Dodo » Nassar comme conseiller spécial, nommé Jean Deeb à la tête de la mairie de Port-au-Prince, et fait de Rudolph « Rudy » Baboun son consul à New York, puis à Miami, avant de l’envoyer comme ambassadeur à Mexico en 1959. Il a également nommé le Dr Reindal Assad, fondateur et propriétaire de l’Hôtel Villa-Créole, secrétaire d’État au Tourisme, et a désigné le Dr Carlo Boulos comme secrétaire d’État à la Santé publique et à la Population. L’élévation de ce dernier à ce poste a permis à certains observateurs de le considérer comme le premier immigrant d’origine libanaise à occuper une fonction politique et administrative importante dans le pays.
15- Jean Claude Duvalier (1971-1986)
En ce qui concerne le Président Jean-Claude Duvalier (22 avril 1971 - 7 février 1986), son choix d’épouser Michèle Bennett, déjà mariée une première fois, soulève de nombreuses interrogations. Pourquoi cette femme plutôt qu’une jeune fille arabe ? Des rumeurs circulent même sur un éventuel engagement avec une des Saliba de Port-au-Prince. Néanmoins, Michèle Bennett, peu appréciée par les dignitaires de l’ancien régime de François Duvalier, a su s’imposer, réalisant non seulement son rêve, mais aussi celui des mulâtres d’Haïti. Avec le soutien de Roger Lafontant, son homme de main, et de Théo Achille, son confident, elle a réussi à s’infiltrer dans les coulisses du Palais National, à l’image des luttes politiques de Pétion (1807-1818) et de Boyer (1818-1843), pour devenir Première Dame à vie de la République. Jean-Claude Duvalier, héritier d’une tradition qui a longtemps méprisé les mulâtres, a redonné espoir à ce clan, intégrant une classe longtemps exclue de la vie publique. Comme aux temps de Sténio Vincent (1930-1941) ou Lescot (1941-1946), le Palais National s’est "mulatrisé", tandis que l’administration publique s’est éclaircie. Sous François Duvalier, l’objectif affiché était d'éclaircir la famille haïtienne. Il est donc évident que toute réussite sociale à cette époque passait inévitablement par le choix d’une épouse ou d’une concubine claire ou mulâtresse.
16- L'armée d'Haïti et ses coups d'État
Suite à la révolution, une junte militaire dirigée par Namphy a pris le pouvoir. L'armée et d'anciens miliciens ont réprimé violemment les manifestations et les rumeurs d'assassinat du prêtre activiste Jean-Bertrand Aristide. Le Conseil national de gouvernement, qui a existé du 6 février au 20 mars 1986 sous la présidence de Namphy, comprenait plusieurs militaires :
Durant sa première présidence, Namphy a rétabli certaines libertés et modernisé l'armée. En tant que figure populaire, il mit fin aux réformes instaurées sous les Duvalier. Le 21 mars 1986, un nouveau Conseil national de gouvernement a été formé, toujours sous la présidence de Namphy.
Les élections prévues pour le 29 novembre 1987 ont été annulées à cause de l'intervention d'un groupe armé, et un nouveau scrutin organisé par l'armée en janvier 1988 a été boycotté. Le président élu, Leslie François Manigat, a dû s'exiler après deux mois. En juin 1988, un coup d'État militaire a permis à Namphy de retrouver le pouvoir, mettant fin à la transition démocratique de 1988.
Le 17 septembre 1988, deux mois après le coup d'État de juin, Namphy a lui-même été victime d'un coup d'État orchestré par le général Prosper Avril, qui a pris le contrôle du pays. Ancien allié des Duvalier, Avril a appelé les partisans de Namphy à le rejoindre. Perdu le soutien de l'armée en faveur d'Avril, Namphy a progressivement quitté la scène politique et s'est installé dans le sud du pays. Sous la pression des États-Unis, Avril a dû s'exiler en mars 1990, ouvrant ainsi la voie à des élections sous supervision internationale.
Son ascension au pouvoir s'inscrit dans une période de grande instabilité politique, où plusieurs régimes militaires et civils se succédaient à une vitesse fulgurante, mais ces gouvernements étaient contestés, notamment par une grande partie de la population qui réclamait la démocratie.
Le 10 mars 1990, suite à des manifestations, le général Prosper Avril est contraint de quitter le pouvoir qu'il occupait depuis septembre 1988. Son successeur, le général Hérard Abraham, entame des négociations discrètes avec l'« Assemblée de concertation », composée de douze partis d'opposition, pour transférer le pouvoir à une autorité civile dirigée par une personnalité indépendante. Ils choisissent Ertha Pascal-Trouillot, qui prête serment en tant que présidente de la République provisoire le 13 mars.
Son mandat est principalement consacré à la préservation de la paix civile et à la préparation des premières élections présidentielles libres en Haïti. Le 16 décembre 1990.
17- Jean-Bertrand Aristide (1991-1996)
Le 16 décembre 1990, Jean-Bertrand Aristide, prêtre catholique et fervent critique du régime Duvalier, remporte l'élection présidentielle avec une majorité écrasante face à Marc Bazin, ancien employé de la Banque mondiale. Cette victoire représente un tournant historique pour Haïti, qui avait souffert sous le joug de dictatures et d'influences étrangères depuis son indépendance en 1804. Cependant, l'espoir d'une démocratisation est rapidement assombri par des tensions croissantes. Entre septembre et décembre 1990, Aristide est la cible de trois tentatives d'assassinat, et le 17 décembre, ses partisans sont attaqués par des agents de la police, ravivant les peurs d'une résurgence de la violence.
Lors de son investiture le 7 janvier 1991, Aristide fait face à un coup d'État orchestré par Roger Lafontant, un chef de milice pro-Duvalier, que l'armée parvient à déjouer. Lafontant sera ultérieurement condamné à la réclusion à perpétuité.
Le 30 septembre, après seulement 7 mois et 23 jours le président démocratiquement élu, coup d'État militaire renverse Aristide, avec l'argument que le président avait menacé l'armée par des purges et la création d'une garde présidentielle. Les États-Unis, la France et le Venezuela interviennent pour obtenir la libération et la déportation d'Aristide, tandis que les insurgés imposent Joseph Nerette, juge de la Cour suprême, comme président par intérim.
Cet épisode tragique illustre la lutte acharnée de la majorité haïtienne, principalement composée de paysans et d'habitants des bidonvilles, contre une élite minuscule qui a détourné les idéaux de la Révolution d'indépendance. Cette élite, bien que minoritaire, gouverne par la force et s'appuie sur le soutien de puissances étrangères, d'abord celles de Paris au XIXe siècle, puis celles de Washington aujourd'hui. La quête de démocratie et de justice sociale demeure un combat essentiel, tant pour la survie de la nation que pour la dignité de son peuple.
Émile Jonassaint a été nommé président de la République d'Haïti en 1991, au sein d'un contexte politique tumultueux. Bernard Sansaricq, président du Sénat, a joué un rôle crucial dans cette nomination. Il est également membre de la famille Sansaricq ayant subi des pertes tragiques Cette histoire personnelle a influencé son engagement politique et son désir de légitimité pour le gouvernement en place à cette époque.
- Intervention des États-Unis et restauration d'Aristide (1994) : Sous la pression de l'ONU et de l'Organisation des États américains (OEA), les États-Unis mènent l'opération "Uphold Democracy" en septembre 1994. Environ 20 000 soldats américains, avec le soutien de la France et d'autres pays, forcent Cédras à l'exil. Aristide est restauré au pouvoir le 15 octobre 1994. Cela marque une victoire temporaire pour la majorité haïtienne, mais souligne la dépendance d'Haïti vis-à-vis des puissances étrangères (Washington en particulier), qui imposent des réformes économiques néolibérales en échange.
1995-2004 : Retour à la démocratie fragile et second coup d'État
- Élections et présidence d'Aristide (1994-1996): Aristide dissout l'armée haïtienne (remplacée par une police nationale) et met en œuvre des réformes sociales, comme la redistribution des terres et l'alphabétisation. Cependant, les tensions avec l'élite persistent. En 1995, des élections législatives portent au pouvoir des alliés d'Aristide.
18- René Préval (1996-2001)
Préval est élu en 1995 (premier transfert pacifique de pouvoir depuis l'indépendance). Son mandat est marqué par des privatisations forcées par le FMI et la Banque mondiale, des crises économiques et des accusations de corruption. La quête de justice sociale avance lentement, mais la pauvreté et les inégalités persistent.
19- Retour d'Aristide (2001-2004)
Aristide est réélu en novembre 2000 avec une large majorité, mais l'opposition (soutenue par des élites et des ex-militaires) conteste les résultats. Des violences éclatent, exacerbées par un embargo économique américain sous George W. Bush. En février 2004, un soulèvement armé (mené par des groupes comme les "rebelles") force Aristide à l'exil une seconde fois. Les États-Unis, la France et le Canada sont accusés d'avoir orchestré ou facilité ce coup (Aristide parle d'un "enlèvement"). Un gouvernement intérimaire dirigé par Gérard Latortue est installé, avec le soutien de l'ONU (mission MINUSTAH déployée en 2004 pour stabiliser le pays).
Cette période illustre à nouveau la lutte entre la base populaire (soutenue par Aristide et Lavalas) et l'élite, souvent alliée à des intérêts étrangers pour maintenir le statu quo.
20- Gouvernement intérimaire et MINUSTAH (2004-2006)
Latortue gouverne dans un climat de violence, avec des accusations de répression contre les partisans d'Aristide. L'ONU stabilise partiellement le pays, mais est critiquée pour des abus (y compris des violences sexuelles par des Casques bleus). L'économie stagne, et la dépendance à l'aide internationale s'accroît.
21- Seconde présidence de René Préval (2006-2011)
Préval est réélu en 2006, promettant réconciliation et développement. Son mandat est marqué par des cyclones dévastateurs (2008) et surtout le tremblement de terre du 12 janvier 2010, qui tue plus de 200 000 personnes, détruit Port-au-Prince et expose les faiblesses structurelles d'Haïti (corruption, pauvreté extrême). L'aide internationale afflue (plus de 10 milliards de dollars promis), mais une grande partie est détournée ou mal gérée par des ONG et l'élite locale. Des épidémies de choléra (introduites par des troupes ONU) font des milliers de victimes. Préval gère la crise, mais les tensions sociales explosent, renforçant le sentiment d'abandon de la majorité haïtienne.
22- Michel Martelly (2011-2016)
- Élection de Martelly (2011) : Les élections de 2010-2011, reportées après le séisme, sont chaotiques. Michel Martelly, un chanteur populaire, remporte le second tour en mars 2011 face à Mirlande Manigat. Il bénéficie du soutien de la diaspora et d'intérêts internationaux, notamment américains.
Martelly, issu d'une famille mulâtre, est marqué par des scandales de corruption, notamment autour des fonds PetroCaribe. Il quitte le pouvoir en février 2016 sans successeur élu, entraînant une transition intérimaire.
Transition après Martelly (2016)
À la fin de son mandat, les élections de 2015 sont reportées à cause de fraudes et de violences. Jocelerme Privert, président du Sénat, est nommé président provisoire pour organiser de nouvelles élections. Son mandat, initialement de 120 jours, est prolongé jusqu'en 2017 en raison de retards.
23- Jovenel Moïse (2017-2021)
Jovenel Moïse, remporte les élections de novembre 2016.. Investi le 7 février 2017, il promet de lutter contre la corruption, de développer l'agriculture et d'améliorer l'accès à l'électricité (slogan "nèg bannann nan" pour promouvoir l'exportation de bananes).
Moïse gouverne dans un contexte de scandales massifs. En 2018-2019, des enquêtes révèlent que des milliards de dollars des fonds PetroCaribe ont été détournés par des élites et des officiels (y compris sous Moïse), déclenchant le mouvement "PetroCaribe Challenge" : des manifestations massives, souvent violentes, menées par la majorité urbaine et paysanne exigeant justice sociale et démission. Moïse répond par la répression, avec des forces de police accusées d'exactions. L'économie s'effondre, aggravée par la dépendance à l'aide internationale (États-Unis, UE, ONU) et des catastrophes comme l'ouragan Matthew (2016) et des sécheresses récurrentes.
- Assassinat de Moïse (2021) : Le 7 juillet 2021, Jovenel Moïse est assassiné dans sa résidence privée par un commando de mercenaires (principalement colombiens et haïtiens-américains). Sa femme, Martine Moïse, est blessée. L'enquête, toujours en cours, pointe vers une conspiration impliquant des élites haïtiennes, des figures de la diaspora et potentiellement des intérêts étrangers (liens avec des trafiquants et des politiciens). Cet événement plonge Haïti dans un chaos plus profond, symbolisant l'échec persistant de la quête de souveraineté et l'emprise des forces extérieures et internes sur le pouvoir.
Depuis lors, un vide constitutionnel s'installe. Claude Joseph (Premier ministre intérimaire) et Ariel Henry (nommé par Moïse juste avant sa mort) se disputent le pouvoir. Sous pression internationale (États-Unis, OEA, ONU), Henry est installé comme Premier ministre par intérim. Il promet des élections et une enquête sur l'assassinat, mais le pays sombre dans l'anarchie. Le pays est actuellement dirigé par un Conseil Provisoire de Transition (CPT) composé de neuf membres, nommé par la Caricom en avril 2024.
Conclusion
L'analyse du « système » haïtien, tel qu'il émerge des événements historiques et des luttes politiques, révèle une réalité complexe et profondément enracinée. Depuis plus de cinq ans, ce terme est devenu un point central des discussions sur la situation en Haïti,
Comprendre ce système implique de plonger dans l'histoire d'Haïti, qui commence à l’époque coloniale, marquée par l'exploitation et l'oppression, et se prolonge par une lutte acharnée pour l'indépendance, culminant en 1804. Cette lutte a engendré un héritage complexe d’inégalités et de luttes politiques qui continuent d'influencer la dynamique actuelle du pays. La notion de « système » va au-delà d'une simple structure de pouvoir ; elle englobe des relations sociales, économiques et politiques qui ont façonné l'identité haïtienne.
Stephane BELASTON, Journaliste/ Étudiant en Psychologie
Référence bibliographique
Thomas Madiou :Considéré comme le "père de l'histoire haïtienne", son "Histoire d'Haïti" en 8 volumes reste une œuvre fondamentale [[1]](https://www.haitiinter.com/thomas-madiou-le-pere-de-lhistoire-dhaiti/)[[2]](https://www.reddit.com/r/AskHistorians/comments/15i1ryp/book_recs_for_haitian_history_focusing_on/?tl=fr). Il a consulté des sources variées (espagnoles, françaises, anglaises, américaines) et interrogé des acteurs et témoins des événements [[1]](https://www.haitiinter.com/thomas-madiou-le-pere-de-lhistoire-dhaiti/).
Beaubrun Ardouin :Auteur de "Études sur l'histoire d'Haïti" en 11 volumes [[2]](https://www.reddit.com/r/AskHistorians/comments/15i1ryp/book_recs_for_haitian_history_focusing_on/?tl=fr)[[3]](https://www.potomitan.info/kauss/bibliographie_haitiennes.php). Son travail est parfois considéré comme partial, mais il cite des sources précieuses [[4]](https://www.youtube.com/watch?v=PgIolt5yvDA).
Joseph Saint-Rémy :Auteur de "Vie de Toussaint L'Ouverture" et "Pétion et Haïti" [[5]](https://drcelucienjoseph.com/2019/01/02/haitian-history-by-haitians-25-major-haitian-historians-to-read-to-really-understand-haitis-national-history-and-the-haitian-revolution/).
Valentin Pompée de Vastey:Auteur de "Le système colonial dévoilé" et "Essai sur les causes de la révolution et des guerres civiles en Haïti" [[5]](https://drcelucienjoseph.com/2019/01/02/haitian-history-by-haitians-25-major-haitian-historians-to-read-to-really-understand-haitis-national-history-and-the-haitian-revolution/).
Laurent Dubois : Auteur de "Haiti: The Aftershocks of History" [[6]](https://www.haiti-reference.info/pages/plan/histoire-et-societe/bibliographies/), offrant une perspective contemporaine sur l'histoire d'Haïti et ses répercussions.
Carolyn Fick: Auteure de "The Making of Haiti: The Saint Domingue Revolution from Below" [[7]](https://books.openedition.org/editionsmsh/9778?lang=en).
Robin Blackburn: Auteur de "The American Crucible: Slavery, Emancipation and Human Rights"
Haiti-Référence : Ce site propose une bibliographie complète et des références haïtiennes [[3]](https://www.potomitan.info/kauss/bibliographie_haitiennes.php)[[8]](https://www.haiti-reference.info/pages/plan/generalites/bibliographie/).
Éditions de la Maison des sciences de l'homme : Ce site offre une bibliographie sélective sur l'État haïtien [[7]](https://books.openedition.org/editionsmsh/9778?lang=en)[[9]](https://books.openedition.org/editionsmsh/9778).
Potomitan : Ce site propose une bibliographie et des références haïtiennes [[3]](https://www.potomitan.info/kauss/bibliographie_haitiennes.php).
Moreau de Saint-Méry, Louis-Élie : "Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l'isle Saint-Domingue" [[2]](https://www.reddit.com/r/AskHistorians/comments/15i1ryp/book_recs_for_haitian_history_focusing_on/?tl=fr).