Inaugurée le 20 mars 2025, cette exposition exceptionnelle explore les thématiques de l’histoire, de la mémoire et du métissage. Plus d’une cinquantaine de pièces, des artefacs datant des périodes précoloniales, des sculptures africaines, des peintures et des installations contemporaines mettent en effet en lumière la richesse et la complexité de notre trajectoire de peuple, offrant une perspective sur la manière dont la mémoire collective et les échanges entre différentes cultures ont marqué l’identité haïtienne.
La mémoire est ici présentée comme un moyen de préserver l’histoire tout en interrogeant ses enjeux. Les peintures de Killy (Patrick Ganthier), de Philippe Dodard et d’Iris (Geneviève Lahens), explorent en ce sens les dynamiques de fusion entre les cultures et les nombreux héritages ancestraux, notamment l’influence des peuples africains, et autochtones. Tandis que le métissage, avec Ronald Mevs, Robert Paret et, surtout, Grégory Vorbe, est appréhendé non seulement comme une réalité historique mais aussi comme un processus vivant qui continue de façonner l’identité contemporaine de la nation haïtienne.
Le schéma chronologique se concentre sur trois moments clés : la période précoloniale bien-sûr. La période de la traite, de l’esclavage et des luttes pour la liberté et l’indépendance, notamment avec les figures de l’école du Nord, comme Jean-Claude SainteCroix peignant « la découverte d’Haïti », Euphraime Pierre dont la toile « Distribution des armes aux esclaves » (20x 24,1997, collection SOGEBANK) peut être considérée comme un véritable hymne à l’insurrection contre la barbarie, ou encore Joseph René Vincent, évoquant l’épopée de Vertières.
Puis la période contemporaine à travers les œuvres des artistes plasticiens, scuplteurs et céramistes comme Karim Bléus, PaskÖ (Pascal Mérisier), Dubréus Lhérisson, Wabba, Lélé, Marithou Dupoux et Lissa Jeannot. Des artistes d’inspirations et d’influences diverses mais qui ont tous en commun le souci de privilégier un processus créatif ouvert à l’improvisation et à la spontanéité.
En engageant une réflexion sur la place de l’histoire et de l’identité dans la société haïtienne actuelle, cette exposition, à large portée didactique et informative, invite donc les visiteurs à réfléchir sur la manière dont le passé et le présent se conjuguent pour former notre identité de peuple. Grâce à des œuvres puissantes et à une scénographie soignée de la commissaire Jacinthe V. Zéphir, elle souligne l’importance de la mémoire et du métissage dans la construction de l’histoire collective haïtienne, et nous rappelle que l’identité d’un peuple, au-delà des clichés folklorisant, est toujours une perpétuelle évolution.
L’exposition » Toutes nos racines, au musée des Beaux-Arts du Cap-Haïtien est ouverte jusqu’au 18 septembre 2025.
Voltaire JEAN
