La difficulté de faire nation

Depuis plusieurs années, les fêtes nationales sont commémorées dans l'urgence. La crainte qu'une de ces célébrations ne bascule dans un drame nous guette à chaque fois. En 2004, la célébration des 200 ans d'indépendance n'a pas pu avoir lieu. La guerre civile avait pratiquement commencé au Plateau central. Des insurgés venus de la partie de l'est, comme au temps des baïonnettes, partaient à la conquête du Palais national. Dans le même temps, des manifestations quotidiennes réclamaient le départ du président Aristide. Les festivités des 200 ans ont été annulées. Haïti avait encore mal dans son contrat social. C’est un euphémisme que de dire que cela a à peine changé depuis.

Les gouvernements qui ont suivi n'ont pu organiser dans la paix et la réconciliation des fêtes nationales et patriotiques, à l’exception de l'intermède Préval. Trop de divisions, d'appels aux dialogues biaisés, de parties de poker menteur continuent de paralyser tout projet de relancer ce pays sur la voie du progrès.

 

Le 18 mai dernier n'a pas échappé aux épreuves de force entre une partie de la population frustrée par la double crise sécuritaire et alimentaire et un gouvernement qui tient difficilement ses promesses. Un pouvoir qui tarde à mettre de l'ordre dans ses rangs et dont certains alliés ne font rien pour améliorer son image.

 

La politique du « lese grennen » et les « attentats » quotidiens contre l'éthique en politique minent la confiance entre administrateurs et administrés. Et l'absence d'accord autour de la gouvernance plombe le pouvoir et l'opposition.

Nous prêchons toutes les semaines dans un désert rempli de ronces et nos mots nous reviennent sans écho. Encore une fois, nous disons que ce pays a besoin d'engagement patriotique de la part de ses élites, d’esprit de sacrifice. Une grandeur d'âme qui a jusqu'ici fait défaut tant profonde est la mise morale.

Roody Edmé

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES