Pour de vrais « Very Important Person »

Un VIP est un « very important person ».

Une personne très importante.

Important veut dire nécessaire. Nécessaire à la bonne marche d’une machine, d’un système, d’une communauté.

On est important quand on est utile à quelque chose. Quand vous n’êtes pas là, on ressent votre absence.

Une nuisance n’a pas d’importance. Elle est nuisible tout simplement. Il est vrai que dans la sphère négative, dans l’espace de la destruction et du chaos, une personne peut être importante par sa capacité à créer la confusion, à provoquer la destruction et à semer la mort.

Deux policiers dans une rue à Port-au-Prince s’évertuaient à essayer de sortir d’un embouteillage une jeep aux vitres teintées à immatriculation officielle qui écorchaient les oreilles des citoyens avec ses sirènes.

En passant, ceux qui circulent dans ces véhicules ne semblent pas deviner les réflexions que proposent les citoyens pendant leur passage. De quoi provoquer la honte si ce n’est pire chez quiconque professant l’éthique la plus élémentaire. Bref !

Ces policiers expliquaient que ceux qui se trouvaient dans la jeep étaient des VIP. Ils se devaient donc de les extraire du blocus.

En fait, ce qui manque dans notre pays, ce sont de vrais VIP.

De vraies personnes très importantes. Des personnes qui pensent avant tout au pays et dont l’objectif premier est de s’attaquer à tous ces problèmes qui nous minent.

Il y a des fous de Dieu, dit-on. Ces fous n’hésitent pas à se faire sauter pour se retrouver, pensent-ils, le plus rapidement au paradis.

En politique et dans tous les autres domaines, ce qu’il nous faut, ce sont des fous d’Haïti. Des hommes et des femmes qui sont prêts à tout pour sortir notre pays dans la boue dans laquelle on l’a plongé.

On ne peut pas être un VIP quand on s’écrase devant l’étranger et qu’on est prêt ainsi à faire ses quatre volontés pour avoir son appui afin de ripailler allègrement.

On ne peut pas être un VIP quand on méprise ses frères et sœurs, quand on n’a pas ce pays dans sa peau. Avoir le pays dans sa peau n’est pas le désir de battre et de danser du tambour «anba yon tonèl». C’est de vouloir dans sa chair et dans son âme tout ce qui est grand et beau pour sa terre. C’est se sentir humilié, choqué, déshonoré quand un pays qu’on a occupé dans le temps et qui nous regardait avec envie, nous dame le pion maintenant dans tous les domaines.

On ne peut pas être un VIP quand on est nuisible. Quand vous personnifiez la nuisance !

En politique, ceux qu’on appelle des VIP ne sont souvent, trop souvent, que des imposteurs.

Dieu merci, nous avons encore quelques vrais VIP dans les arts, le sport, la médecine, l’éducation et d’autres domaines encore. Ils ne sont pas nombreux. On les méprise. On les ignore. Quand on veut faire un beau discours pour jeter la poudre aux yeux, pour faire parfois la tapisserie, on pense à eux.

 

Gary Victor

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