Indignation salutaire

Alors qu’on n’est pas en guerre contre aucun ennemi étranger, un gouvernement peut-il accepter que des groupes armés criminels contrôlent plus de la moitié d’une capitale ?

Contrôler est un mot bien gentil. On pourrait peut-être se contenter de « contrôler ». Mais une partie de la capitale, si ce n’est sa plus grande partie, est détruite. Des hôpitaux dévastés, pillés, ainsi que des écoles, des églises, des universités, des bibliothèques. Les rues déjà dans le temps abandonnées par les services d’entretien de l’État sont crevassées, plein d’ordures. La végétation sauvage commence par prendre possession de certains espaces.

On est loin d’être dans une lutte révolutionnaire comme certains ignares le prétendent. On est dans des actions destructrices, mues par une haine sans pareille que le système haïtien a lui-même forgée, créée, nourrie. Un système nourri par l’élite qu’on a eu certainement raison de qualifier de moralement répugnante.

C’est le peuple qui depuis des décennies, paie cette mauvaise gouvernance qui nous a amenés à ce chaos. La désagrégation avait pris sa vitesse de croisière avec le mépris manifesté par l’État pour certaines zones stratégiques, comme la commune de Carrefour. Il faudrait apprendre aux futurs dirigeants de notre pays la notion de territoire. Le territoire d’un pays n’est pas seulement les communes, les quartiers où habite ce qu’on considère comme l’élite. Un territoire national est un tout. Un peuple est un tout. La gestion gouvernementale, si elle ne prend pas cela en compte, n’est qu’une fumisterie qui provoquera tôt ou tard violence et chaos. C’est ce à quoi on assiste aujourd’hui.

Ce qu’il faut savoir surtout, la haine et la frustration ne font pas la révolution. La haine et la frustration empêchent, bloquent la réflexion et ne mènent qu’à la folie et à la violence.

L’indignation, elle, mène à la révolution ou tout au moins met l’individu en position de questionner et de comprendre. On peut alors identifier les causes du mal. On peut cibler ses actions. L’indignation, surtout s’appuie sur des valeurs. La haine et la frustration détruisent les valeurs. Là où la haine et la frustration passent, il n’y a que la destruction et une plongée dans la sauvagerie. Et surtout la haine et la frustration ne peuvent rien reconstruire, comme le pense ce pitoyable leader politique.

Ce qui sauvera notre pays, c’est l’indignation. Elle est là, salutaire, chaque jour plus forte. Elle est générale. Elle est un feu qui bientôt nettoiera tout.

Gary Victor

 

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