Les choix qui disent tout

Onze millions de dollars américains pour encourager la compagnie Sunrise à reprendre ses vols internes !

S’il y a un fait indiscutable, c’est que la compagnie Sunrise a permis pendant des mois de maintenir les liaisons aériennes entre les villes des Cayes et du Cap-Haïtien. Sunrise a aussi permis au pays de ne pas être isolé du reste du monde grâce à des liaisons avec la Caraïbe et la Floride.

On comprend toutes les difficultés que peut avoir cette compagnie à maintenir les vols internes dans ce climat d’insécurité où les compagnies d’assurance ne voudront pas certainement assurer ni les appareils ni leur équipage.

Mais l’immense majorité de la population n’est plus en mesure de circuler sur le territoire national, les coûts de passages sur Sunrise ne les rendant accessibles qu’à une minorité. On est en droit de se demander si cet argent n’aurait pas dû être investi directement dans la lutte contre les gangs avec comme objectif dans le temps le plus court la réouverture et la sécurisation des voies de communication.

Sunrise qui a beaucoup aidé en maintenant certaines liaisons aériennes, peut en pâtir en termes d’images. Car, l’insécurité peut être vue comme une source de profits pour un secteur privé qui n’a jamais manifesté la moindre compassion pour la population.

L’économiste Enomy Germain écrit avec raison : « Ce soutien ne règle ni l’insécurité ni la précarité. Il renforce la position dominante d’un opérateur au détriment des consommateurs et de la concurrence.

L’économiste poursuit : « Il y a d’ailleurs un problème d’aléas moral clair : Sunrise peut choisir de bénéficier de cet argent sur une longue période, sans optimiser ses coûts, et en préférant l’aggravation de l’insécurité. Ce n’est pas éthique, mais bien rationnel. »

Les choix de la gouvernance haïtienne semblent obéir aux mêmes schémas traditionnels. Mépris de la population, utilisation des fonds publics aux bénéfices de particuliers et de groupes et de clans proches du pouvoir et finalement un État aux mains d’un secteur privé antinational et surtout domestiqué par l’étranger.

Si beaucoup de secteurs tirent d’énormes avantages de l’insécurité et de la violence des gangs, comment aboutir à une vraie gouvernance qui mettra fin à cette délinquance et cette piraterie ?

Les élections ne sont pas pour demain si les bandits à cravate, en wayabèl ou an sapat de ce pays ne s’assurent pas qu’ils auront toujours la main mise sur le Trésor national.

Gary Victor

 

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