L'OEA face à son destin ?

L’Organisation des États Américains (OEA) a un nouveau secrétaire général. Élu le 7 mars 2025, M. Abel Radim vient de présider sa toute première assemblée générale. Une assemblée censée marquer un tournant dans la politique générale de l’organisation hémisphérique.

Conformément à sa charte, l’OEA veille à la coopération régionale dans des domaines stratégiques comme la promotion des droits humains, la lutte contre la criminalité transnationale ou encore le renforcement de la démocratie. Bien qu’elle se targue d’être assez active sur ces dossiers, les habitants de l’hémisphère n’ont jamais autant souffert de calamités liées au crime organisé. La puissance « militaire » et économique des gangs fait plier nombre d’États de la région sous leurs diktats. Et de plus en plus de caïds affirment leurs ambitions politiques et leur « projet de société ».

Le constat tragique de l'impuissance des États à protéger leurs frontières devient chaque jour plus pathétique. Les multiples rencontres au sommet et les déclarations solennelles – mais trop souvent sans suite – n'ont fait qu'enhardir la criminalité transnationale dans la multiplication de ses réseaux. Une véritable toile d'araignée de trafics en tout genre s'est tissée dans la sous-région. Et les appels répétés à plus de contrôle dans les ports et aéroports ne résistent guère à la puissance financière des cartels. Plus la précarité est grande, plus l'économie souterraine étend ses nappes de corruption.

Lors de la clôture de l'assemblée générale, le 27 juin 2025, des engagements « forts » ont été pris en lien avec la crise haïtienne. Un appel a été lancé aux États membres pour qu’ils se mobilisent de manière concrète face à cette crise, en assurant une meilleure coordination de leurs efforts humanitaires et sécuritaires, et en œuvrant à garantir des élections libres et équitables.

L’OEA parviendra-t-elle à faire une différence ? Perçue jusqu’ici comme une caisse de résonance de la politique étrangère américaine, son influence s’est progressivement délitée au profit du Conseil de sécurité de l’ONU.

Et aujourd’hui, alors que le multilatéralisme est en crise, l’OEA se trouve à la croisée des chemins. L’assistant secrétaire d’État des États-Unis, Christopher Landau, a, sans langue de bois, mis l’organisation au pied du mur : se réformer ou… disparaître. La question de l’utilité de l’organisation se pose pour la nouvelle administration américaine. Elle se pose depuis bien plus longtemps pour les habitants de la région.

À défaut de se réinventer, l’OEA risque de sombrer dans l’insignifiance, réduite à un vestige bureaucratique d’un multilatéralisme fatigué, incapable de répondre aux urgences d’un continent en crise.

Roody Edmé

 

 

 

 

 

 

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