On trouve des compatriotes qui jubilent quand l’étranger, l’Américain, le Canadien ou le Français annule le visa d’un haïtien, annulation qui est vue et vécue comme une sanction, une punition par ceux qui se réjouissent de la mesure et ceux qui la subissent. C’est qu’un visa est un bien plus précieux pour un Haïtien. On peut se damner pour un visa. On peut s’empresser de se mettre à quatre pattes devant un étranger et accepter qu’on vous fasse des choses que la morale occidentale ne réprouve plus. On peut accepter les diktats de ces étrangers qui ne veulent que notre perte et qui nous ont concocté avec l’aide de nombreux compatriotes félons ce cauchemar de guerre urbaine avec les gangs. La guerre, le terrorisme, ils en savent quelque chose, nos dits « amis » étrangers, depuis ce bain de sang qu’ils ont voulu en Ukraine, et leurs agissements ignominieux en Afrique, en particulier au Sahel.
Il y a peu de pays où un chargé d’affaires peut menacer de sanctionner quelqu’un ayant quand même le rang de Président pour le forcer à prendre une décision dans le sens d’intérêts qui n’ont rien à voir avec ceux de la Nation. Ce droit ne lui revient pas et, dans n’importe quel pays qui se respecte, ce diplomate se serait vu rappeler à l’ordre ou tout simplement expulsé.
Mais la première République noire du monde a chuté dans les limbes. Ces hommes et ces femmes pour la plupart, sont de minuscules individus, des petits hommes, comme l’aurait dit le psychanalyste Whilem Reich. Certains de nos dirigeants se comportent comme de pitoyables laquais, n’ayant aucun sentiment pour cette nation, se préoccupant seulement d’engranger et de se sécuriser une pension confortable. Peut-être tablent-ils sur le fait qu’il n’y a pas de reddition des comptes en Haïti et qu’ils pourront aller se la couler douce ailleurs avec un bilan nul, catastrophique.
Quand aurons-nous en Haïti des dirigeants qui tiennent tête à la fois à la délinquance internationale et à la délinquance locale ? C’est triste et affolant de voir comment nous sommes tombés aussi bas, nous qui aurions dû être un exemple pour l’Afrique. Ibrahim Traoré, le jeune et charismatique dirigeant burkinabè s’est adressé à nous. Mais son message tombera dans le vide. Le vide d’une insignifiance politique et sociale. Le vide d’une indigence intellectuelle. Le vide d’un kokoratisme qui s’étale sans honte sous nos yeux.
Gary Victor
