Tout va mal au sein de l’opposition en Haïti. Dans l’intervalle d’un mois, le secteur a enregistré 3 gros scandales qui symbolisent la fin d’une force contraignante pour le pouvoir en place.
L’opposition, qui a failli renverser Jovenel Moise en 2018 et 2019 avec les épisodes de « pays lock », n’a plus la même capacité de convocation aujourd’hui, ou peut-être aucune capacité de convocation. Tout ceci est le résultat des scandales internes qui ronge cette classe politique depuis tantôt un mois. Mais les problèmes au sein du secteur existent depuis près d’un an. De l’affaire Kelly C. Bastien à celle de Simon Dieuseul Desras, en passant par le choc entre Moise Jean-Charles et Edmonde Supplice Beauzile, les scandales au sein de l’opposition sont nombreux.
Le dernier scandale en date est la révélation faite par Simon Dieuseul Desras. Selon l’ancien sénateur, durant les épisodes de « pays lock », des hommes politiques du secteur démocratique et populaire ont reçu 9 millions de gourdes de l’homme d’affaires Reynold Deeb afin de laisser passer une cinquantaine de containers de marchandises. L’ancien ministre de l’Environnement n’a pas cité de nom. Les personnages principaux du secteur démocratique et populaire sont connus de tous. Le journal a tenté d’entrer en contact avec deux parmi eux, mais les téléphones ont sonné sans réponse.
En 2019, le pays a passé 3 mois (septembre, octobre, novembre) complètement à l’arrêt. La réouverture des classes a été empêchée. Ces trois mois de pays « lock » ont été décrétés par l’opposition au pouvoir en place. Des vies et des biens ont été détruits. Et face à la persistance de l’opposition, le pouvoir était même sur le point d’être lâché par la communauté internationale. Dès lors, le palais national avait initié un processus de dialogue afin d’apaiser la situation. Voulant faire preuve d’honnêteté, les leaders du secteur démocratique et populaire avaient déclaré qu’il ne serait jamais question de négocier sur le sang des personnes décédées à partir des mouvements de mobilisation.
Pourtant, les déclarations publiques ne reflètent pas les actions posées par les opposants au pouvoir en place. Les discussions entre eux et Jovenel Moise ont bel et bien eu lieu. Et ce sont elles qui sont à la base des scandales autour des anciens sénateurs Kelly C. Bastien et Moise Jean-Charles. Kelly C. Bastien a été lâché par ses pairs du secteur démocratiques, alors qu’ils l’ont réellement mandaté pour discuter au nom du secteur. Moise Jean-Charles a également subi le même traitement. Il a été attaqué par Edmonde Supplice Beauzile qui l’avait même qualifié de meurtrier.
Aujourd’hui, le secteur est au bord de l’implosion. Après un an, l’ancien sénateur Simon Dieuseul Desras a vendu la mèche. Ce petit secret de 9 millions de dollars est maintenant sur la place publique. Cette déclaration fragilise encore plus l’opposition au pouvoir en place qui ne jouit plus de la confiance populaire. L’ensemble de ces scandales ne provoque que de la rupture. Toute la presse haïtienne parle de fracture, de faillite, d’échec, de trahison et de coups bas au sein de l’opposition. Alors qu’ils donnent l’impression de combattre le pouvoir en place, les leaders de l’opposition négocient des portefeuilles ministériels, rançonnent des membres du secteur privé des affaires au nom de la démocratie. Une forme de trahison envers la population haïtienne qui, pourtant, comptait sur le leadership de ces individus pour débarrasser le pays de l’équipe actuelle.
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