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À quelques jours de l’annonce de la prise de fonction du Conseil présidentiel qui promet un retour à l’ordre constitutionnel, la paix et la sécurité dans le pays, les secteurs de la vie nationale ne s’entendent pas vraiment sur cette initiative appuyée en majeure partie par l’international. Des acteurs politiques s’inquiètent, s’interrogent et planent leurs inquiétudes.

Dans une lettre en date du 31 mars 2024, adressée à la CARICOM, portant les signatures de madame Edmonde Supplice Beauzile, Levaillant Louis - Jeune, André Michel, Fils Aime Ignace St Fleur, Marjory Michel, Gino Bonet, entre autres, ces acteurs ont signalé au président de la CARICOM et président de la Guyane,  Mohamed Irfaan Alli que cette proposition de solution est peu orthodoxe et très éloignée du cadre légal et constitutionnel de la société haïtienne.

«Toujours est-il qu’en dépit de cette conjonction de circonstances troublantes, et dans notre souci d’abréger les souffrances de nos compatriotes, nous avons décidé de respecter la décision du Premier ministre de se démettre en faveur d’un Conseil Présidentiel de Transition (CPT) de sept (7) membres et de deux (2) observateurs, dès que celui-ci serait installé et qu’un Premier ministre et un nouveau gouvernement seraient désignés. Malgré les questionnements autour de la viabilité de cette formule pour le moins complexe et difficile à mettre en œuvre, nous avons pu surmonter les réticences des uns et des autres. Mais force est de constater que la démarche a du mal à atterrir et suscite de sérieux doutes au sein d’une majorité de la population et des oppositions farouches de la part de grands juristes de renom qui contestent la légalité de cette instance. Les péripéties autour du choix des personnalités n’ont pas aidé non plus à rassurer nos concitoyens. Leur incapacité à se mettre d’accord sur le choix d’un chairman pour le Conseil PT et les menaces proférées par certains de quitter le processus s’ils ne sont pas choisis comme président, donnent de sérieuses raisons de croire que cet attelage ne pourra pas fonctionner» ont martelé ces leaders politiques dans ce document. 

Selon ces responsables de partis politiques, notamment alliés et proches du pouvoir, cette démarche de la CARICOM et les autres partenaires internationaux dits amis d’Haïti est contraire à l’ idiosyncrasie haïtienne. «.Nous croyons que la CARICOM et les pays partenaires qui soutiennent ces initiatives, ont péché et ont hypothéqué toutes les chances de succès de leur démarche, en se contentant uniquement de faire accepter le concept de ce conseil de sept (7) et de deux (2) observateurs, sans se donner la peine d’obtenir que les parties prenantes signent formellement une entente sur sa mission, son organisation, son fonctionnement et 

la durée de son mandat», ont-ils poursuivi. 

De son côté, l’avocat Michel André s’interroge sur la totalité du pouvoir qui est réservée aux membres du conseil. Pour lui, de grandes inquiétudes sapent sur la fonctionnalité du CP, mais également sur le projet de décret portant à la création d’un tel organe.

Me Samuel Madistin, ancien candidat à la présidence qualifie ce conseil comme étant un monstre à sept têtes qui est inacceptable, vu son organisation et son mode de fonctionnement.  Plus loin, il avance que le décret de création du Conseil accorde plus de pouvoirs au Conseil présidentiel (CP) que ceux conférés par la Constitution au Président élu au suffrage universel direct en Haïti depuis 1987.

«Ce décret rejoint la tradition du présidentialisme abandonnée depuis la chute de la dictature des Duvalier. Ensuite, le décret prévoit sept salaires pour 7 présidents, sans oublier que ces conseillers ont le droit de révoquer le Premier ministre, ce qui rend assez vulnérable, le chef du gouvernement» dit-il.

 

Oberde Charles

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