Quid du programme d'apaisement social du gouvernement d'Ariel Henry ?

Le gouvernement dirigé par le Premier ministre Ariel Henry avait lancé en avril 2023 un programme d'apaisement social pour assister des personnes touchées par la crise. Évalué à 21 milliards de gourdes, cette somme devait servir 7 départements et répondre à des besoins urgents dans le domaine de l'éducation, du transport public, en soutien à des Petites et Moyennes Entreprises, mais surtout combattre l'insécurité alimentaire qui touchait plus de 4 millions d'Haïtiens en 2023.

Malgré la mise en place par l'ancienne administration gouvernementale de quelques programmes d’accompagnement aux victimes de l'insécurité pendant ces dernières années, la majeure partie de la population haïtienne estime que le Premier ministre Ariel Henry n'a pas du tout atterri dans ses prises de décisions.

Il y a une totale insatisfaction alors que la misère du peuple s'est davantage aggravée pendant ces trois dernières années. En 2023, la quantité de personnes touchées par l'insécurité alimentaire a triplé par rapport aux chiffres dévoilés en 2016, l'inflation qui se trouvait à moins de 13% a vite évolué et s'est fixée à plus de 30% l'année dernière.

Concernant la gestion des 21 milliards de gourdes destinées à assister les personnes vulnérables, beaucoup s'interrogent sur la gestion de cette somme. Les interventions du gouvernement à travers le pays n'ont pas été de trop grande envergure. Une année après le lancement de ce programme d'assistance sociale, de plus en plus de familles font face à la misère, l'insécurité alimentaire progresse en Haïti à son pic le plus aigu. Finalement, pour fuir la violence des groupes armés, le chômage et le désespoir, des familles sont contraintes de quitter le pays pour émigrer dans des pays de la région, dont le Canada, les États-Unis et quelques autres pays de la Caraïbe.

Entre 2023 et 2024, plus de 20 000 ouvriers du textile ont perdu leurs emplois, des secteurs d'activités clés de l'économie sont devenus de plus en plus dysfonctionnels, le centre-ville de Port-au-Prince qui constitue une grande part de l'économie est aujourd’hui déserté. Des entreprises du secteur formel et informel ont fermé leurs portes, sans espoir d'une quelconque assistance de la part de l'État. «C'est une ville en ruine, pareille à un endroit qui a subi une catastrophe», a constaté Joel, un commerçant qui n'a fait qu'observer impuissant la perte de son bien lors des actes de violence enregistrés en mars dernier au cœur de la capitale, pas trop loin du palais national.

Cette somme destinée à accompagner les victimes de l'insécurité n'a visiblement pas atteint les plus vulnérables. À travers les camps de fortune à Port-au-Prince, ces personnes ayant laissé leurs maisons à cause de l'insécurité confient qu'elles reçoivent rarement des aides en provenance du gouvernement. «Ce sont les ONG qui nous soutiennent», ont commenté certains des victimes de l'ancien Lycée Marie Jeanne. Selon leurs témoignages, le gouvernement haïtien n'a rien fait pour améliorer leurs conditions de vie et répondre à leurs besoins.

Des chauffeurs de transport en commun qui devraient bénéficier de ce programme expliquent qu'ils n'ont pas pu bénéficier de la subvention du gouvernement malgré qu'ils se soient conformés à toutes les exigences du programme. Parallèlement, des superviseurs de certaines stations-services indiquent que ce programme est encore disponible pour ceux qui sont pourvus de leurs cartes de subvention. En revanche, une telle initiative n'a pas permis une baisse de prix du transport en commun. Néanmoins, les prix observés sont surtout liés à l'insécurité où les transporteurs sont contraints de payer dans les postes de péage établis par les gangs.

Pour ce nouveau gouvernement à peine installé, les défis sont énormes. Rétablir la sécurité sur le territoire et assister les personnes touchées par l'insécurité sont des chantiers assez urgents pour plus de la moitié de la population haïtienne.

 

Oberde Charles

 

 

 

 

 

 

 

 

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