Conditions de travail des policiers en Haïti : Un rapport alarmant du RNDDH

À l'occasion du 29e anniversaire de l'institution policière, le Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) a mené une enquête autour du fonctionnement de la Police nationale d'Haïti (PNH), où 95% des policiers et policières interrogés affirment que les conditions générales de travail constituent une source de grande frustration.

Selon le RNDDH, les résultats du travail sont très préoccupants et les policiers et policières interrogés conseillent aux syndicats de l'institution d'être présents sur le territoire national, non seulement à Port-au-Prince, mais dans toutes les villes de province.

Divisé en dix parties, ce rapport d'une trentaine de pages met en lumière les conditions générales de travail des policiers et policières, la formation et les matériels disponibles, la sécurité physique, la protection sociale, et l'organisation de leurs revendications pour une amélioration de leur travail.

L'enquête a eu lieu du 06 au 27 mai 2024, mettant à nu la réalité des conditions de travail de ces hommes et femmes qui ont fait le serment de protéger et de servir. En effet, depuis des années, la situation sécuritaire du pays s'est détériorée et constitue un grand défi pour la police nationale. Dans ce contexte difficile et complexe, les bandits se voient parfois protégés par certaines autorités étatiques, recevant armes et munitions ainsi que de fortes sommes d'argent, dénonce le rapport.

Sur le plan salarial, 75% des répondants ne sont pas satisfaits de leur horaire de travail. 92% ne sont pas satisfaits de leur salaire, qui ne leur permet pas de subvenir aux besoins de leur personne et des membres de leur famille, sans parler des 44,5% qui dénoncent l'irrégularité des salaires. Mis à part les questions salariales, la question des primes de risque a été également évoquée.

Sur le plan social, dont la distribution est tout aussi irrégulière, 80% des policiers et policières affirment que leur couverture de santé est inefficace. 95% n'ont pas accès à une assistance psychologique.

Par ailleurs, 90% de ces agents ont affirmé ne pas disposer de matériels et d'équipements adéquats et suffisants pour effectuer leur travail. Sur le plan sécuritaire, 33% des personnes interrogées ont déjà subi au moins une exaction, une attaque par balle ou à l'arme blanche, une prise en otage, des coups et blessures, ou des agressions verbales dans l'exercice de leurs fonctions. 303 policiers ont été tués de 2015 à 2023, et 20 autres de janvier à juin 2024. 120 policiers parmi ces victimes, soit 37%, ont été assassinés sous la direction de Frantz Elbe. 68 attaques ont été perpétrées de 2012 à 2024 contre des commissariats, sous-commissariats, prisons et bases d'unités spéciales. 55 de ces attaques, soit 81% d'entre elles, ont été enregistrées sous la direction de Frantz Elbé.

Dans l'ensemble, ces structures peuvent attirer l'attention sur leur situation et leurs conditions exécrables de travail. 82% des policiers et policières interrogés ont affirmé n'avoir aucun lien avec les syndicats, 83,5% n'ont jamais reçu d'informations sur des actes de violation des droits des policiers.

Les policiers et policières interrogés recommandent aux autorités étatiques et policières : l'octroi d'un salaire régulier et proportionnel au coût de la vie, le paiement des arriérés de salaire, la mise à leur disposition d'une procédure accélérée de prêts bancaires, l'alimentation régulière de leur carte de débit, la négociation d'une couverture d'assurance santé efficace, une distribution équitable des privilèges, l'octroi aux conjoints/es du salaire des policiers/ères tués dans l'exercice de leurs fonctions jusqu'à leur remariage, et aux personnes ayant la garde de fait ou de droit de leurs enfants, jusqu'à la fin de leurs études universitaires. En plus de ces recommandations, la visibilité de l'institution a été également abordée en donnant aux policiers et policières des espaces de bureau propres, assainis, régulièrement et dotés de dortoirs conformes.

Alors que le climat de sécurité est en alerte rouge dans le pays, il est triste de lire le rapport du RNDDH sur les conditions de travail des policiers en Haïti. Ce rapport a mis en lumière l'accessibilité des agents de la PNH aux droits économiques et sociaux de ces derniers.

 

Gerard H. Resil

 

 

 

 

 

 

 

 

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