La recrudescence de la violence restreint l’accès aux soins pour une population déjà vulnérable. L’équipe de Médecins Sans Frontières explique comment la situation sécuritaire touche leur personnel et lance un appel à tous et à chacun pour comprendre sa mission, qui est d’apporter une assistance médicale aux populations dont la vie ou la santé est menacée par des conflits armés, des épidémies, des pandémies, des catastrophes naturelles ou l’exclusion des soins, sans distinction de race, de religion, de genre ou d’appartenance politique.
La violence dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince a connu, et connaît encore, de nouvelles et dramatiques augmentations depuis ces derniers mois, avec des groupes armés conquérant chaque jour de nouveaux territoires. Cette situation de conflit affecte profondément tous les secteurs, et le secteur médical n’est pas épargné et peine à rester fonctionnel.
MSF, présente en Haïti depuis plus de 30 ans, offrant des soins en traumatologie, brûlures, soins primaires et lutte contre la violence sexiste, lance un appel d’urgence face à cette recrudescence de l’insécurité et demande aux autorités de prendre des mesures fermes.
En effet, selon leur rapport semestriel de septembre 2024 à février 2025, présenté par l’une des cheffes de mission de MSF, Diana Manilla Arroyo, la violence a causé la mort, en 2024, de 5 600 personnes et fait 2 200 blessés. Le 14 septembre 2024, l’explosion d’un camion-citerne à Miragoâne a fait 24 morts et des dizaines de blessés. Elle est revenue sur l’attaque ciblée, le 15 mars, d’un de leurs convois, qui avait poussé MSF à se désengager de ces deux activités pour une durée de trois mois.
Madame Arroyo a toutefois précisé l’intervention du personnel à travers les cliniques mobiles dans les camps de déplacés, en attendant la possibilité de reprendre du service dans les centres de Carrefour et de Turgeau. « Les services de santé à Port-au-Prince subissent une pression extrême. Le principal hôpital général est situé dans une zone de conflit et actuellement inopérant. MSF est là pour apporter des soins, mais nous voulons clarifier pour la population que nous ne sommes en conflit avec personne, au contraire, nous sommes là pour secourir », a-t-elle fait savoir.
Plus loin, Mumuza Muhindo, lui aussi chef de mission à MSF, a attiré l’attention sur la rupture de stock en intrants médicaux qui pourrait bientôt survenir à cause du blocage des routes. Il en a profité pour saluer la résilience du peuple haïtien, durement éprouvé depuis plusieurs années.
Gérard Hirsh Résil