Les OMP de l’ONU en Haïti évaluées dans une recherche à Sciences Po Grenoble par Mathias DEVERT

Mathias DEVERT est le nom de ce jeune haïtien né aux Gonaïves qui ,après avoir réalisé ses études de licence en Science Politique-Relations internationales à l’UEH et à la Universidad Rey Juan Carlos de Madrid en Espagne, a eu le privilège d’intégrer en Master le département des études internationales de Sciences Po Grenoble, parcours politiques et pratiques des Organisations internationales.

Après deux ans d’études de Relations internationales à l’IEP où il a pu côtoyer d’éminents professeurs français et étrangers et également des experts internationaux ayant travaillé pour d’importantes organisations internationales et la diplomatie française, le jeune Mathias avait décidé de réaliser une recherche sur les opérations de paix de l’ONU en Haïti.

Selon lui, ce mémoire de recherche intitulé les opérations de paix de l’ONU à l’épreuve des conflits intra étatiques : cas d’Haïti de 1993 à 2019, a été motivé par un constat alarmant de la situation actuelle où le pays est plongé dans la violence systématique ( viols, enlèvements,assassinats…), aucun des 3 pouvoirs de l’État n’est légalement constitué, la quasi-totalité du territoire national est contrôlée par des gangs, alors que l’ONU y a déjà déployé près de 5 OMP dans le but de rétablir l’ordre et instaurer l’État de Droit.

Dans ce cas, pour le jeune spécialiste ,il est clair que les missions de l’ONU déployées en Haïti ,au cours de la période étudiée, ont toutes échoué, car la paix instaurée n’a pas été durable.

Face à ce constat d’échec ,l’internationaliste s’est fixé pour objectif d’évaluer les Opérations de Maintien de la Paix de l’ONU en Haïti en vue de déterminer leurs faiblesses et d’ouvrir des perspectives sur la façon dont on peut parvenir à améliorer leur efficacité.

Comme résultats, le Politologue Devert a pu déceler que ces missions font face à certaines contraintes : manque de professionnalisme des troupes, insuffisance des ressources allouées, mauvaise gestion, oubli des problématiques micro, faible interaction avec le local, manque de coordination entre les acteurs, investissement dans le court terme, non-continuité des efforts.

Si pour certains la crise haïtienne est insoluble, le jeune politologue vient de leur montrer qu’ils ont tort. Ainsi, selon lui, pour améliorer l’efficacité des missions et instaurer une paix durable en Haïti, l’organisation doit : se tourner vers l’institutionnalisation avant la transplantation anticipée de la démocratie de marché, s’ouvrir aux citoyens lambdas des milieux reculés en prenant les non-routes pour aller à leur rencontre, s’assurer d’une gestion optimale des ressources, adopter une approche structurelle dans le pays en tenant compte des besoins locaux et des potentialités du pays, et s’attaquer aux gangs et également à leurs patrons par des mesures concrètes de nature pénale.

Toutefois, malgré la pertinence de ces approches, pour le politologue DEVERT, ce qui est évident dans le cas d’Haïti c’est le fait que l’une des principales causes de la violence systématique est la pauvreté, comme c’est le cas dans de nombreux pays marqués par des conflits, selon des rapports de divers centres de recherche.

En ce sens, pour lui toute politique de gestion de crise mise en œuvre en Haïti avec pour objectif réel d’éradiquer la violence doit s’intéresser d’abord au problème du développement du pays non pas en termes factuels, mais en termes programmatiques. Elle doit s’inscrire dans une politique globale qui tiendra compte des potentialités du pays pour s’assurer de son développement en lui apportant de l’aide suffisante qui doit être utilisée de manière optimale tant par les acteurs internes qu’internationaux.

Pour le spécialiste des Relations internationales, se basant sur ses recherches, Haïti semble disposer d’un important avantage comparatif : le pays n’ a pas de problèmes profonds de société ( conflits ethniques et religieux, guerre de Sécession). De plus, il dispose de sérieux potentiels : population majoritairement jeune, une culture riche, positionnement géographique stratégique, atouts touristiques, potentialités agricoles, ressources marines et une diaspora bien ancrée à l’étranger.

 Selon lui ,le principal obstacle à la résolution de la crise est cette supposée élite corrompue qui profite des faiblesses institutionnelles de l’État pour s’enrichir au besoin de la population.

Cependant ,malgré son optimisme en rapport à une solution à la crise haïtienne, le jeune politologue émet quelques réserves, car ,l’ONU n’a pas les moyens d’imposer la paix ,le succès de ses opérations dépend de nombreux facteurs : D’abord l’engagement des acteurs comme les États et donateurs alors que ces derniers peuvent poursuivre d’autres intérêts en intervenant dans un conflit et ils sont plus intéressés par des actions sur le temps court qui ne peuvent pas soutenir le processus de consolidation de la paix en vue d’éviter d’investir d’importantes ressources dans le pays en crise ; ensuite ,l’adhésion locale or l’élite haïtienne si elle existe paraît incapable de soutenir un projet de construction d’un État moderne en Haïti.

Le défi pour Haïti, selon Mathias DEVERT, est de parvenir à sortir de la crise tout en ayant conscience de la complexité des Relations internationales et l’impossibilité pour une organisation comme l’ONU de tout faire à la place des acteurs locaux.

À noter que ce mémoire de recherche présenté par Mathias DEVERT, à Sciences Po Grenoble ,dirigé par le Professeur FRanck petiteville (l’un des plus grands spécialistes du multilatéralisme, ex-membre du jury d’agrégation en science politique en France ) a obtenu la note de 16/ 20 ,avec mention très bien.

Par cette présentation, Mathias DEVERT est prêt pour recevoir le diplôme d’Institut d’Études politiques en France, valant grade de Master ,comme la plupart des hauts fonctionnaires français de la présidence aux différents ministères.

 

Rodrigue Laurent

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES