Faire une différence dans l’indifférence

Dans l’Haïti de deux peuples et deux modes de vie contrastés, les masses défavorisées continuent de vivre au quotidien des moments difficiles d’une vie de misère imposée par une oligarchie locale rapace et mafieuse. 

Puisque d’une souffrance en git une autre qui, dans bien des cas est bien plus douloureuse que celle d’avant, donc les pauvres souffrent depuis toujours de tout ou de presque tout. Et aujourd’hui encore, dans le processus d’une transition démocratique qui n’en finit pas, plus que cela change, plus c’est la même chose.

Au lieu d’être une source d’inspiration pour les pauvres, les autorités politiques font de la promotion de richesse illégale pour les oppresseurs de la classe économique et de certains hommes de la faune politique du pays.

Ces derniers, sans colonnes vertébrales et notions de compromis dans une situation de crise qui a trop duré, sont souvent membres d’une opposition toujours en opposition à elle même. Donc c’est une opposition qui est dans l’opposition seulement pour des positions politiques et économiques.

Pour satisfaire leurs petits intérêts mesquins, dans un fait semblant de compromis politique, régulièrement, ils signent des accords qui, au fond, ne s’accordent pas aux problèmes des masses. 

En se faisant, en lieu et place de grands projets de développement sociaux pour la population qui souffre de tout mal de leur gabegie administrative, sans sens de responsabilité, ils préfèrent donner encore plus de privilèges économiques aux nantis pour qu’ils puissent continuer à anéantir Haïti.

Ce qui, dans un État en mauvais état, et un système judiciaire qui se plaide toujours coupable, sans crainte, ces « bandits technocrates » continuent à piller le peu de ce qui reste des maigres ressources du pays. Pendant que les pauvres, dans la merde jusqu’au coup, meurent de faim dans les quartiers populaires de Port-au-Prince, la capitale, aussi bien que des sections rurales et communes des villes de province.

Entre-temps le rêve rêvé des rêveurs du pouvoir politique de l’exécutif sans pouvoir d’exécution et de contrôle, c’est le débarquement des militaires étrangers au pays. 

Et c’est aussi le cas pour les hommes d’affaires sans visions de grands projets d’investissement, sinon que faire de l’argent dans de mauvaises conditions. Eux aussi, ils attendent avec impatience une autre « mission salvatrice » de déstabilisation comme celle de 2004 pour avoir plus de franchises douanières et du même coup, entreprendre toutes autres formes de commerces et de malversations.

Car que ce soient les autorités politiques et l’élite économique, seule une intervention des militaires étrangers peut les aider à rester beaucoup plus longtemps au pouvoir pour pouvoir continuer à dilapider le reste de ce qui est resté des maigres fonds du Trésor public. 

Sur ce, que peut-on espérer de cette classe politique et économique, puisque depuis après l’assassinat fratricide de l’Empereur et son rêve pour le pays le 17 octobre 1806, c’était toujours ainsi. Tout pour eux. À eux seuls. Absolument rien pour les masses.

Dans l’intervalle, pendant que les apatrides de la classe politique et celle des affaires économiques attendent la concrétisation de leur rêve d’intervention, les gangs dans leurs exécutions des ordres maléfiques des bandits légaux, ils enlèvent, violent et tuent les gens. 

Tout en faisant de la promotion de ce mal qui n’en finit pas, les bandits provoquent, malheureusement, au quotidien, le projet cauchemardesque des Conzé contre le pays et le peuple. 

Le pire dans tout cela, pendant que l’insécurité fait rage dans presque tout le pays, nombreux sont les électoralistes, malades des postes politiques, qui pensent aux élections. Bien entendu des élections frauduleuses organisées par l’oligarchie locale et internationale pour un petit groupe de corrompus et de coquins.  

Mais comment penser organiser un scrutin pour un projet de démocratie durable dans un climat de confrontation entre un passé tyrannique, nostalgique avec des apatrides qui refusent de comprendre le coup évolutif de l’histoire et des nationalistes qui pensent pays et développement?  C’est là le grand dilemme.

Et chercher à comprendre ce dilemme, c’est aussi chercher à comprendre le mépris de l’élite haïtienne par rapport aux conditions de vie de misère et de précarité des gens de la classe défavorisée. Ce sentiment de haine et de rejet à l’égard des pauvres du pays, malheureusement, détruit Haïti et son progrès de développement économique.

Comme elle ne se recule absolument devant rien, ainsi, sans la moindre conscience patriotique, pour leurs propres intérêts mesquins, l’élite haïtienne a toujours fait de la politique à l’envers et, malheureusement contre tous.

Donc, comme après le séisme dévastateur du 12 janvier 2010, ces présidentialistes cherchent une légitimité politique à travers des élections illégales pour plus de pouvoir politique illégitime et autant de contrôle de moyens économiques avec un réseau d’usurpateurs constitué de bandits légaux. 

Car depuis toujours, ces affairistes veulent tout avoir. Et même là où il n’y a plus rien à gagner dans un environnement malsain, résultats de tous les compromis politiques avec des comédiens comme dans une pièce de théâtre tragi-comédie.

Et pour le malheur d’Haïti, c’est chaque jour qu’ils profitent de ce méli-mélo. Pour faire avancer leur petit agenda politique et économique dans ce grand Bric-à-Brac désorganiser de toute forme de bonne gestion administrative, ils sont, dans un style et une manœuvre machiavélique, maitres du discours manipulatif. Question pour dire qu’ils sont grands dans la petitesse.

Mais dans ce processus de gouverner par le chaos, résultats des laboratoires de tous les maux d’Haïti, cette oligarchie, locale et internationale, elle oublie que la souffrance est universelle. Elle est la même pour tous. 

« La naissance est souffrance, la vieillesse est souffrance, la maladie est souffrance, la mort est souffrance; être uni à ce qu’on aime n’est pas souffrance, être séparé de ce qu’on aime est souffrance, ne pas avoir ce qu’on désire est souffrance; en résumé: les cinq agrégats de l’attachement sont souffrance » écrit Eliette Abécassis.

Partant de cette citation, la souffrance semble faire partie intégrante du quotidien de presque tout un chacun. Mais dans un monde déjà trop égocentrique, continuer à vivre quotidiennement une vie d’égoïste par rapport aux problèmes des autres, c’est définitivement alimenter l’origine du mal et de la souffrance. Victor-Lévy Beaulieu pense « Vivre, quelle souffrance, et quelle souffrance sans partage. »

Comme, « la souffrance d’un être humain abaisse chacun d’entre nous »,  donc « il nous incombe de chercher à apaiser cette souffrance. » Par contre, se comporter, tout le temps et en toute circonstance, indifférent face aux problèmes des autres, peut faire souffrir encore beaucoup plus. C’est comme mettre de la gazoline sur le feu.

Cependant pour apaiser la souffrance de quelqu’un qui, dans bien des cas, est dans le manquement de quelque chose, une main tendue peut, définitivement, redonner de l’espoir. 

Ce qui, en tant qu’outil de motivation, peut aider à transcender la limite du désespoir pour finalement prendre conscience et « comprendre la nature illusoire » d’un rêve que rêve tout rêveur.

Ainsi, en cette fin d’année, spécialement à l’occasion de la Noël, « sans faux semblant ni faire-semblant », fait de celle-ci un moment d’amour, de paix, de réconciliation, mais surtout de partage.

Allez, visiter les prisonniers dans les prisons, les malades dans les hôpitaux, les veuves dans les quartiers populaires, les vieux dans les maisons de retraite, les orphelins sans asiles, et les enfants dans les rues. 

Aider les, aimablement, dans des actes de vivre ensemble, à passer plus sereinement, une bonne fête de noël avec tout le mystère que cela contient. 

Face à l’insensibilité généralisée d’un monde sans compassion aux problèmes d’inégalités sociales, en ce moment de fête et de réjouissance, bien entendu pour certains, essaie de faire une différence dans l’indifférence.

S’il est possible, donner à manger à quelqu’un. En quelques mots, partager aux autres un minimum d’une partie abondante de votre jouissance. « La joie est tributaire de la souffrance.  La souffrance est partie essentielle de la joie. Quand nous avons faim, songez comme la nourriture nous paraît bonne » écrit Graham Greene.    

En fin de compte, ne soyez pas indifférents à la souffrance et au manquement des uns. Partagez, et partagez au maximum. Car une Noël sans partage, c’est comme une Noël sans sapin.

 

 

Prof Esau Jean-Baptiste

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